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Une fille voilée victime d’un malaise a été ensuite agressée par des pompiers

Najat a 25 ans. Ce 29 septembre, aux alentours de 16H40, elles sortait de l’Université Paris 8-Saint Denis en compagnie de Hinda et de Naziha, ses deux amies de fac toutes deux âgées de 23 ans. Elles regagnaient leur domiciles respectifs lorsque parvenues Place du 8 Mai 1945, Najat s’est effondrée à terre, victime d’un malaise. Aussitôt, un attroupement s’est formé autour d’elle. Alors que Najat sombrait dans l’inconscience, ses amies ont tenté en vain de la réveiller. Les pompiers ont été appelés sur place et la jeune femme affirme avoir été agressée par eux. Voici le récit que les trois jeunes filles nous ont rapporté :

Le récit de Hinda, amie de Najat :

Lorsque Najat a eu son malaise, Naziha et moi avons été paniquées. Najat a été soudain prise de vertiges ; m’a tenu la main puis s’est effondrée par terre, évanouie. Des gens se sont approchés et ont formé un cercle autour d’elle. J’ai appelé les pompiers depuis mon portable mais ils m’ont demandé l’endroit exact où nous nous situions. Dans la panique, je ne parvenais pas à trouver le nom de la rue. C’est alors qu’un homme et une femme se sont approchés et m’on fait comprendre qu’ils avaient appelés eux même les pompiers. Ils étaient habillés en civils, mais aux brassards qu’ils portaient au bras et à la radio qu’ils tenaient à la main, j’ai compris qu’ils s’agissait de policiers. Les pompiers ont mis beaucoup de temps à venir, au moins 20 minutes. Et Najat n’avait toujours pas repris connaissance. On lui parlait mais elle n’entendait pas. C’est lorsqu’ils sont arrivés que tout a commencé. Il y avait trois hommes. Un homme noir, assez petit, un brun et un blond. Les pompiers se sont approchés et nous ont demandé de nous éloigner de Najat. Tout de suite, j’ai été très choquée par la façon dont ils ont tenu Najat. Ils ne l’ont pas soulevée mais traînée au sol ! Le pompier noir la tenait par l’avant de ses vêtements. Ils ont essayé de la remettre debout mais avec des gestes très violents, saisissant son bras et le relâchant brusquement à terre. Je voyais que les gens autour de moi étaient choqués, une femme noire a dit qu’elle ne trouvait pas leur attitude normale. Finalement, ils l’ont traînée jusqu’au camion qui s’est immobilisé. Les pompiers voulaient la ranimer à l’intérieur mais ils ne voulaient pas l’emmener à l’hôpital. Comme je m’en suis étonnée, un pompier m’a dit en criant « je ne ramène pas les gens à l’hôpital comme ça ! ». Comme je m’inquiétais de son état et voulait savoir s’ils allaient l’emmener à l’hôpital car elle était toujours inconsciente, il m’a dit « elle est majeure et vaccinée ! ». Il s’est mis à hurler avec une violence incroyable. Les pompiers sont restés environ 10 minutes avec Najat dans le camion . Au bout d’un moment, ils sont réapparus et ont dit qu’ils partaient à l’hôpital de la Fontaine.

Naziha et moi nous y sommes rendues, c’était à 4 stations en tramway. Lorsque nous y sommes parvenues, ils étaient arrivés depuis peu. Le pompier noir essayait de faire sortir Najat alors qu’elle ne tenait même pas debout. J’ai été frappée par son visage, ravagé. Lorsqu’elle nous a vues, elle m’a tendu la main et a prononcé mon nom comme un appel au secours. Le pompier lui disait « essayez de sortir toute seule », « non ,sortez toute seule ! » et puis perdant patience « vous sortez seule ou vous restez ici ! ».

C’est finalement Naziha et moi qui l’avons conduite aux urgences, en la portant presque car elle ne tenait pas sur ses jambes.

Lorsque nous sommes arrivées, il y avait beaucoup de monde et donc d’attente. Najat semblait paniquée, elle pleurait sans cesse. Sa crise de larmes ne cessait pas. Je ne comprenais pas ce qu’il lui arrivait. Je lui disais « mais qu’est-ce qui t’arrive ? ». Finalement, elle nous a tout raconté. Qu’elle avait été agressée dans le camion, que l’un des pompiers l’avait frappée à plusieurs reprises. Quand je l’ai appris , je n’ai plus voulu sortir sans voir les pompiers ou au moins avoir leur nom. Je me suis rendue à l’accueil pour demander leur nom (sans donner le motif) mais l’homme à l’accueil n’a rien pu (ou voulu ) me dire. Il me disait qu’il ne connaissait pas leurs noms, ne voulait pas non plus me donner le numéro de leur caserne. J’ai beaucoup insisté mais il ne voulait rien me dire. Je ne sais pas s’il ne voulait pas ou s’il n’avais pas ces informations.

Comme Najat était très très mal et ne voulait plus rester, nous sommes parties.

Le récit de Najat qui relate son agression :

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Lorsque je me suis évanouie dans la rue, j’ai perdu conscience pendant longtemps. Mais par moments, je reprenais un peu mes esprits avant de m’évanouir de nouveau. Dès leur arrivée, les pompiers ont été très agressifs. J’entendais des hurlements sans comprendre pourquoi. Ils criaient après Hinda qui demandait des nouvelles de mon état. Le pompier noir m’a attrapée par le devant de ma veste en jeans et m’a traînée par terre.

Ils me hurlaient dessus, me disaient « allez, allez arrête ton cinéma, sinon on t’emmène au commissariat ! ». Je pense qu’ils s’imaginaient que je suis sans papiers, c’est la seule explication que je trouve à cette phrase dite d’un ton menaçant. C’est le pompier blond qui m’a agressée dans le camion. Il a appuyé deux doigts sur l’avant du cou (elle mime le geste précis du pompier, NDLR), il l’a fait trois fois, ça faisait horriblement mal, je ne pouvais plus respirer, j’ai hurlé. Je criais, me débattais pendant que le brun me maintenait de façon très forte par les épaules, et le Noir par les pieds. Le blond m’a saisie à la gorge et criait « allez, arrête, arrête ! ». Il hurlait des mots que je n’ai pas compris. Il se marrait avec ses collègues. Ils riaient beaucoup. Il m’a donné deux coups de poing à la mâchoire. J’ai hurlé, j’avais très mal. Mes vêtements étaient complètement en désordre, j’essayais de remettre mon foulard, ils se regardaient et se marraient ».

Lorsque le camion est arrivé, j’étais en état de choc ; le pompier noir essayait de me faire sortir de force mais je n’arrivais pas à marcher. C’est alors que j’ai vu mes amies Hinda et Naziha, je les ai appelées à l’aide et elles m’ont aidée à sortir en me tenant chacune d’un côté. A l’hôpital, j’étais tellement choquée que je pleurais sans cesse. J’avais peur, peur de tout le monde, peur que les pompiers reviennent, peur même des médecins. Je suppliais mes amies de me ramener chez moi, elles ne comprenaient pas pourquoi et voulaient que je vois un médecin. J’ai fini par tout leur raconter. Elles se sont mises en colère. Hinda a voulu prendre les noms et l’adresse des pompiers mais elle n’y est pas arrivée. Finalement, je suis rentrée chez moi.

Lorsque j’ai raconté mon histoire à mes proches, ils ont tout de suite voulu que je porte plainte. Mon frère m’a accompagnée au commissariat. Là bas, la dame qui nous a reçus a dit qu’il fallait un certificat médical . Alors, nous sommes allés au service des Urgences de la clinique de Stains ou le Dr Simon L m’a reçue. Il m’a examinée et a reconnu des hématomes consécutifs à une agression. Il m’a dit de faire une radio panoramique mais heureusement, je n’ai pas eu de fracture en plus de ces blessures. Il a écrit sur ce certificat « hématome avec douleurs intenses au niveau mandibulaire gauche. Ces lésions entraînent une incapacité de travail de 10 jours ».Il nous a conseillé de porter plainte, on lui a répondu que c’est ce qu’on avait l’intention de faire.

On est alors retourné au commissariat central de Saint Denis, munis de ce document.

On a beaucoup de mal à faire enregistrer la plainte, on a du parlementer longtemps, car le policier était très réticent. Il a dit à mon frère « On peut appeler les pompiers, on peut s’entendre avec eux ». Mon frère et moi avons refusé bien sûr ! Le policier a même dit qu’une main courante avait déjà été faite sur place, qu’il n’y avait pas besoin de plainte ; en fait il parlait de la main courante concernant mon malaise, que les policiers avaient fait sur place. Mais ça ne concernait pas l’agression. Il voulait se contenter de cela, ça n’avait pas de sens. On a encore dû insister et il a finalement accepté d’enregistrer notre plainte. Le policier ne s’est pas montré très compréhensif. Lorsqu’il a pris ma déposition, il me l’a faite signer en quatre exemplaires mais a refusé de m’en donner un malgré mon insistance (ils lui ont remis simplement le récépissé de la déclaration NDLR).

Sur le plan physique, mes blessures n’ont pas été très graves mais sur le plan moral, je suis très mal depuis cette agression. J’ai peur de tout, de tout le monde. Je ne dors plus. Récemment, j’ai été faire des analyses à l’hôpital et puis j’ai vu des pompiers stationnés : en les voyant , j’ai été prise d’une crise de panique. Je crois que je vais aller voir un psychologue, je n’en peux plus. Je trouve anormal que des hommes se soient attaqués à moi comme cela. Mais alors, des pompiers censés secourir des gens ! Comment des pompiers peuvent-ils agir comme cela ?

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