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Une étudiante musulmane devient le nouveau visage de la contestation en Inde

Vêtue d’un hijab et portant des lunettes, l’étudiante en histoire Aysha Renna, 22 ans, n’imaginait pas qu’elle deviendrait, au cours d’un dimanche 15 décembre tristement mémorable et en une vidéo particulièrement marquante, le nouveau visage de la contestation musulmane en Inde.

Sous le règne sans partage de Narendra Modi, l’ultra-nationaliste hindou qui n’en finit pas de durcir la répression contre les musulmans, la nouvelle étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’adoption de la loi sur la nationalité, arbitraire et clairement islamophobe, sortie récemment de son chapeau. Le très controversé Citizen Amendment Act (CAA) ne fait pas que flirter avec l’anti-constitutionnalité, puisqu’il fait carrément sauter les garde-fous laïques de la Constitution pour mieux mettre les Indiens musulmans au ban de la société.

C’est dans ce climat sous très haute tension, alors que la révolte des boucs-émissaires tout désignés de l’idéologie funeste de l’« hindutva » (« hindouité ») – une nation pour les hindous – a éclaté dans neuf Etats du pays, y compris dans des grandes villes et notamment autour des campus universitaires, que la valeureuse Aysha Renna, entourée de quatre amies non moins vaillantes, s’est dressée face à des policiers déchaînés, armés de matraques.

Dimanche dernier, au beau milieu de 2 000 de ses coreligionnaires venus manifester devant la prestigieuse université Jamia Millia Islamia, à New Delhi, la jeune fille s’est illustrée par un acte de résistance extraordinaire qui a déjà fait date. Affichant une autorité et une témérité impressionnantes, elle s’est interposée pour empêcher les policiers de rouer de coups un étudiant qui était à terre et, tout en pointant l’index de sa main droite vers l’un d’eux, leur a intimé l’ordre de partir. « Delhi Police, reculez, partez », a-t-elle crié, en les affrontant sans trembler.

« À ce moment-là, je voulais sauver mon camarade, mon frère, avec quatre amies. Il le fallait, car la police est sans pitié, nous le savons tous. Ils se sont acharnés contre tant de musulmans, ils frappent, matraquent systématiquement tous les manifestants, quel que soit leur sexe. Notre manifestation n’était pas violente, nous n’avons pas tenté de traverser ou de briser les barricades. Mais les consignes qu’ils avaient reçues étaient claires. Il fallait menacer, brutaliser et terroriser les étudiants de Jamia », a-t-elle expliqué au micro de CNN.

Immortalisé par une vidéo devenue virale (voir ci-dessous), le coup d’éclat de Aysha Renna lui vaut aujourd’hui les foudres des autorités indiennes. La nouvelle figure de proue de la contestation musulmane a, en effet, le redoutable honneur d’avoir été élevée au rang de bête noire du pouvoir.

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« Depuis le 15 décembre, nous subissons, ma famille et moi, une violente campagne de calomnies orchestrée d’en haut, nous sommes constamment surveillés par la police, ainsi que nos publications sur les réseaux sociaux. Je suis victime de menaces et d’attaques personnelles odieuses sur Facebook. Dans cette optique, ma famille et moi avons décidé de lancer une action en justice », a-t-elle confié sur Twitter, en faisant preuve d’un courage déjà entré dans la légende de son pays.

Dessin réalisé par Sweta Dutta – Mumbai Mirror

Aysha Renna a également annoncé que demain, jeudi 19 décembre, elle battra à nouveau le pavé de New Delhi pour protester de plus belle contre la loi d’amendement sur la citoyenneté et ses visées discriminatoires. « La communauté estudiantine de Jamia est bouleversée par la violence de la répression policière de dimanche », a-t-elle déclaré avec émotion, renchérissant : « Nous essayons de les mobiliser, nous les encourageons à ne pas capituler devant cette loi inique et foncièrement anti-musulmans ».

Mieux que quiconque, la jeune étudiante indienne de confession musulmane, férue d’histoire, sait à quel point l’heure est grave. « Rejeter la citoyenneté de quelqu’un équivaut à un génocide. C’est notre dernière chance de protester et nous le ferons », a-t-elle conclu avec solennité.

 

 

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4 commentaires

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  1. combien de pays musulman commercent ils encore avec l inde malgre toute cette haine?alors messieurs les dirigeants on attend votre indignation,je vous ait connue plus rapide pour lancer des fatwas pour des jupes trop courtes pour une barbe mal taillee pffffff

  2. Courage ! BHL l’humaniste va se saisir du sujet. Il va réserver à Narendra Modi le même sort qu’à Kaddafi.
    En plus, dorénavant il a changé de stratégie, il fait ça en sous-marin.
    BHL ne supporte pas l’injustice et les dictateurs ! Il se lèvera et les combattra jusqu’à son dernier souffle !

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