« Une autre Nakba » : à Gaza, un traumatisme psychologique et humain qui prendra des générations à guérir, selon l’ONU

Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit au logement, Balakrishnan Rajagopal, a déclaré à Al Jazeera que les Palestiniens retournant dans le nord de Gaza, après le retrait partiel des forces israéliennes, font face à « un traumatisme profond » alors qu’ils ne retrouvent que des ruines là où se dressaient leurs maisons et leurs quartiers. « Les impacts psychologiques sont immenses, et c’est ce que nous observons aujourd’hui à mesure que les gens reviennent », a-t-il affirmé. Balakrishnan Rajagopal a exhorté Israël à permettre immédiatement l’entrée de tentes et de caravanes pour abriter les centaines de milliers de déplacés, rappelant qu’« aucune aide significative » n’a pu entrer jusque-là à cause du blocus.

Selon l’ONU, 92 % des bâtiments résidentiels de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés depuis le début de la guerre, qui a déjà fait plus de 67 700 morts depuis octobre 2023.Balakrishnan Rajagopal, qui a qualifié cette politique de « domicide », estime que la destruction systématique des habitations palestiniennes constitue un élément central du génocide en cours. Il prévient que la reconstruction de Gaza « prendra des générations » et compare la tragédie actuelle à la Nakba de 1948, l’expulsion massive des Palestiniens lors de la création d’Israël : « Ce qui s’est passé ces deux dernières années, c’est une autre Nakba. »

Alors que les déplacés affluent vers le nord dans l’espoir de retrouver leurs foyers, les images de désolation rappellent l’ampleur de la catastrophe humanitaire et psychologique. Les rues de Gaza City ne sont plus que gravats, et les familles tentent de reconstruire un semblant de vie au milieu des décombres, souvent sans eau, sans électricité ni abri. Pour les survivants, la reconstruction matérielle n’est que la première étape d’un long processus de guérison psychologique, marqué par la perte, la peur et le sentiment d’abandon. Mais au milieu des ruines, le peuple palestinien continue d’incarner une résilience qui défie le temps et l’histoire — celle d’un peuple qui, malgré tout, refuse d’abandonner sa terre et sa mémoire.