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“Tell Mama”, une initiative musulmane contre la violence islamophobe au Royaume-Uni

Parmi les bémols dissonants qui gâchent la belle harmonie de l’hymne à la Femme entonné tous les 8 mars, la violence verbale et physique qui s’acharne contre les musulmanes occidentales est passée sous silence. Craindrait-on le couac sonore en révélant une islamophobie peu encline à fêter la gent féminine musulmane, mais bien déterminée à lui "faire sa fête" ?

Il semble plus politiquement correct de déplorer la violence domestique de nos sociétés, par ailleurs intolérable, que de relayer une autre forme d’agressivité exacerbée par des motivations plus politiquement embarrassantes, et que le rapport accablant publié par le premier service musulman d’assistance téléphonique du Royaume-Uni vient de mettre en lumière.

Après douze mois d’une étude approfondie, l’association "Faith Matters" révèle en effet que la majorité des musulmans qui sont intimidés, harcelés ou agressés s’avèrent être des musulmanes dans 60% des cas, la visibilité de leur islamité étant à l’origine de la plupart des passages à l’acte.

Un sombre constat, signe d’une fureur nationaliste et raciste d’une grande lâcheté, qui tente d’imposer le règne de la terreur partout, sur le Net, dans les lieux de travail, la rue, et même aux abords des lieux de culte.

"Nous demandons instamment à la police, aux politiciens, et notamment au Ministre de l’Intérieur, de tout mettre en oeuvre pour éradiquer ceux qui sèment la peur et attisent les préjugés", a déclaré Fiyaz Mughal, directeur de l’association à but non lucratif "Faith Matters", au Guardian, en pointant du doigt les groupes d'extrême droite sur le pied de guerre…

De là à en déduire que les hommes musulmans échapperaient à cette vague de brutalités, ce serait aller vite en besogne. Eux aussi sont la cible d’injures et d’attaques constantes, un fléau que Fiyaz Mughal a décidé de combattre avec ses propres armes en lançant "Tell Mama", une initiative, née il y a un an, qui bénéficie de l’aide de fonds publics, afin de faire éclater au grand jour, témoignages et statistiques à l’appui, l’ampleur du phénomène.

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L’éventail des agressions recensé et hiérarchisé est effroyablement large, et ne recule devant rien pour humilier et terroriser les foyers musulmans. Certains actes, plus odieux que d’autres, hantent tous les esprits, comme le cas d’une famille du Nottinghamshire, contrainte de déménager, après que sa petite fille de 5 ans ait été renversée délibérément par un automobiliste, ou encore d’une Somalienne, en plein shopping à Londres, brutalement abordée par un homme qui a déversé des déjections canines sur sa tête.

Sans compter l’émoi suscité par les insultes islamophobes qui ont pris pour cible, sur Twitter, le fils de 14 ans de l’écrivaine et journaliste Jemima Khan, ex-femme d’Imran Khan, homme politique pakistanais et ancien joueur de cricket professionnel, et les menaces reçues par la ministre pakistanaise Lady Warsi, première musulmane à intégrer un gouvernement de Sa Majesté.

Preuve, s’il en était besoin, qu’aucun citoyen musulman n’est à l’abri d’un déchaînement de violences qui a investi l'espace public au Royaume-Uni, et qui, dans 54% des incidents, graves et moins graves, porte la signature de l’extrême droite britannique.

 

 

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