in

Soudan : condamnée pour avoir tué son mari violeur, Noura Hussein échappe à la peine de mort

Placée dans le couloir de la mort, derrière les barreaux de la prison de Omdurman où elle croupit depuis plus d’un an, la jeune Noura Hussein, 19 ans, voit enfin une éclaircie poindre dans son horizon bien sombre, alors que l’ombre de la potence s’éloigne d’elle à jamais.
Héroïne tragique d’un drame contemporain qui s’enfonce dans les ténèbres d’un autre âge, cette jeune femme soudanaise, mariée de force à un cousin en 2014, à l’aube de ses 16 printemps, et victime d’un viol conjugal barbare commis avec l’aide de parents proches de son époux, avait été condamnée au châtiment suprême pour avoir tué, en 2017, celui qui faisait de sa vie un enfer.
Dénoncée par son propre père et accusée de « meurtre avec préméditation » par la justice de son pays, qui ne reconnaît pas le viol dans le cadre du mariage, le destin brisé de Noura Hussein avait bouleversé le monde entier et le récit de son calvaire suscité un immense émoi par-delà les frontières.

« J’ai immédiatement dit à mon époux qu’il n’avait pas le droit de me toucher », confiait-t-elle en début d’année à 7D News, depuis le centre pénitentiaire où elle attendait de connaître le sort qui lui serait réservé avec une extrême anxiété. « J’ai été terrifiée par l’irruption de trois autres hommes dans la maison, j’ai appris plus tard qu’ils étaient des parents de mon mari », expliquait-elle alors, avant de raconter la nuit d’horreur qui a tout fait basculer : « Ils ont d’abord voulu savoir pourquoi je me refusais à mon époux, et ensuite, ils m’ont rouée de coups. Ils m’ont attrapée, m’ont maintenue immobile et ont regardé mon mari me violer avec une grande brutalité ».
Au fil des semaines, à l’approche d’un verdict dont ses fervents et nombreux soutiens internationaux redoutaient qu’il ne soit impitoyable, la mobilisation en faveur de la malheureuse jeune femme, menacée de finir au bout d’une corde, s’est amplifiée. La pétition « N’exécutez pas Noura ! Pour l’auto-défense contre l’homme qui l’a violée! », a notamment fait florès sur la Toile, récoltant à ce jour plus de 1,4 million de signatures.
Aussi la nouvelle de l’annulation de sa condamnation à mort, annoncée en début de semaine par un tribunal soudanais, a-t-elle été accueillie avec un immense soulagement par les groupes de défense des droits de l’homme qui avaient immédiatement fait bloc derrière elle, ne cessant d’appeler à la clémence et à prendre en considération la circonstance atténuante que représente, dans son cas précis, la légitime défense.
Un soulagement en demi-teinte toutefois, car comme l’a expliqué Al-Fateh Hussein, l’avocat de Noura Hussein, dans un entretien à Al-Arabiya : « La Cour d’appel a annulé son exécution et commué sa peine en cinq ans de prison, en obligeant sa famille à payer le prix du sang, soit 12 000 euros ( 337 500 livres soudanaises), en guise de dommages et intérêts pour la mort de son époux violeur ».
Pour Seif Magango, le directeur régional adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, cette première victoire judiciaire doit les inciter à poursuivre le combat, aussi rude soit-il, en vue d’aboutir à la « révision de la loi sur les violences domestiques », afin qu’il n’y ait plus d’autres Noura Hussein au Soudan.

Publicité
Publicité
Publicité

12 commentaires

Laissez un commentaire
  1. La décision rendue est conforme au droit musulman et ne doit rien à une prétendue mobilisation. En effet en cas de meurtre , le meurtrier peut échapper à une condamnation à mort qui est logique lorsqu’on a pris la vie d’un autre être humain, si la famille du défunt accepte des dommages intérêts ( Diya ou prix du sang). Si la justice a retenu cette sanction c’est que la famille de la victime a accepté l’offre de la DIYA et c’est donc normal que cette jeune personne ne soit pas exécutée. Normalement elle ne doit pas faire un jour de prison mais je suppose que cette peine de 5 ans doit couvrir la prison préventive qu’elle a déjà effectuée. La Justice Soudanaise a donc appliqué le droit musulman dans sa lettre et son esprit. Reste maintenant ce crime dont cette pauvre jeune femme portera le faix toute sa vie. Que Dieu lui vienne en aide et allège son remords.

      • Non, les règles islamiques traditionnelles sont très claires, la femme doit donner son accord ou celui de son garant (qu’elle nomme selon son propre choix) pour tout contrat de mariage, a fortiori pour le choix de son époux. Elle peut aussi dans le contrat de mariage demander entre autre que son mari s’engage à ne pas être polygame. Que ces règles soient systématiquement violées et perverties dans les pays qui sont revenus aux règles datant d’avant l’islam (qui sont les pays dont les gouvernements les sont les plus proches puissances occidentales et d’Israël comme l’Arabie saoudite ou les EAU) n’a rien à voir avec la loi islamique mais avec la régression historique du monde musulman sur laquelle se sont appuyés le colonialisme et le néo-colonialisme. De la même façon que les néoconservateurs néolibéraux soutiennent aux USA les chrétiens sionistes et les sionistes juifs rétrogrades, ils soutiennent dans le monde musulman les wahhabites et autres réactionnaires sectaires.

        • Pourquoi dites-vous non ? Cela dépend des écoles juridiques. L’accord de l’épouse pour une seconde union n’est requis en droit classique que chez les Hanafites. Chez les Chafiites, les Malékites et les Hanbalites , cet accord n’est pas requis. Ce sont les droits positifs de chaque pays qui déterminent si cette règle de l’accord préalable s’applique ou pas. En cas de violation cela donne lieu à un divorce avec des dommages et intérêts . Mais rien ne dit que l’épouse ait intérêt à divorcer .
          La femme qui se marie pour la première fois “doit donner son accord ou celui de son garant”. C’est vous qui le dites. Il se trouve que le garant d’une jeune fille c’est son père. Il faut donc l’accord de l’une ou l’autre.

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Le prince William parle des Territoires palestiniens comme d’un “pays”

Arabie saoudite : une présentatrice de TV, critiquée pour sa “tenue indécente”, est accusée d’avoir “violé les lois du royaume”