C’est une première à Singapour. En 2028, le Singapore College of Islamic Studies (SCIS) ouvrira ses portes avec l’ambition de former des enseignants religieux en phase avec la cité-État multiculturelle.
L’annonce, faite par le Premier ministre Lawrence Wong, marque un tournant. Fini le tout-religieux : le cursus de quatre ans mêlera études islamiques et sciences sociales. Un pari audacieux pour répondre à un constat : trop de jeunes Singapouriens partent étudier au Moyen-Orient, revenant avec une vision parfois décalée des réalités locales.
“Il ne s’agit pas seulement de former des imams, mais des professionnels capables d’intervenir dans le social ou le conseil”, confie Mohammed Hasyir, expert en études islamiques. Les débouchés inquiètent pourtant : ces futurs diplômés devront rivaliser avec des travailleurs sociaux issus d’universités classiques.
Cette initiative révèle la stratégie singapourienne de “gestion du religieux”. En créant sa propre institution, la cité-État cherche à garder la main sur la formation de ses cadres religieux. Un enjeu crucial dans un pays où la coexistence interreligieuse est érigée en priorité nationale.
L’approche pragmatique de Singapour pourrait faire école. En associant études religieuses et compétences professionnelles, le SCIS propose un modèle innovant qui répond aux défis contemporains de l’islam en contexte minoritaire.
Reste un défi majeur : concilier tradition et modernité. Le succès du SCIS dépendra de sa capacité à proposer un enseignement religieux authentique tout en préparant ses étudiants aux réalités du marché du travail. Plus crucial encore : la réforme des madrasahs traditionnelles, où l’apprentissage par cœur domine toujours. Le SCIS apparaît ainsi comme une première étape vers une modernisation plus profonde de l’enseignement islamique à Singapour.
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