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Shoaib Ahmed Malik, un parcours entre science et Islam au cœur de l’université d’Édimbourg

Le mois dernier, Shoaib Ahmed Malik, ingénieur chimiste devenu théologien, a rejoint l’École de théologie de l’Université d’Édimbourg, devenant l’un des rares chercheurs musulmans en Europe ou aux États-Unis spécialisés dans la relation entre la religion et la science. L’une de ses premières missions a été de transférer une précieuse collection de textes classiques islamiques dans son bureau. Il espère utiliser ces ressources pour explorer la manière dont la foi peut éclairer certaines questions scientifiques contemporaines. « Je vois des opportunités intéressantes et de nombreux points de conversation », déclare Malik à propos de l’intersection entre la science et l’islam.

De la science à la théologie : un parcours de quête spirituelle

Né et élevé au Koweït, Malik a obtenu un doctorat en génie chimique à l’Université de Nottingham en 2014, avant de décrocher un second doctorat en théologie à l’Université St. Mary’s de Twickenham, Londres, en 2023. Son passage de la science à la théologie s’est déclenché pendant ses études de doctorat en chimie. « Mon superviseur, un athée, me posait souvent des questions sur l’islam. J’ai réalisé que je connaissais peu de choses sur ma propre foi, et cela m’a poussé à explorer l’islam plus en profondeur. »

À la même époque, Shoaib Ahmed Malik, a rejoint la Société islamique , qui a été une autre source de transformation personnelle. Sa curiosité spirituelle l’a tellement absorbé qu’au cours de la deuxième année de son doctorat, il confie n’avoir ouvert aucun manuel de génie chimique, préférant se consacrer entièrement à l’étude de l’islam.

Islam et évolution : un dialogue ouvert

Après avoir obtenu un master en science et religion à l’Université d’Édimbourg, Malik a commencé à réfléchir aux grandes problématiques qui animent les discussions sur la science et la religion dans le monde musulman. La théorie de l’évolution s’est rapidement imposée comme sujet central. Dans son livre primé Islam and Evolution: Al-Ghazālī and the Modern Evolutionary Paradigm, publié en 2021, il examine la relation entre l’islam et la théorie de l’évolution de Darwin. Bien que l’évolution ait souvent été rejetée dans le monde musulman en raison de son association avec l’athéisme et de son implication politique et sociale, Malik aborde le sujet sous l’angle du célèbre savant musulman du XIᵉ siècle, Al-Ghazālī. Pour Shoaib Ahmed Malik, l’islam laisse la place à des interprétations plus ouvertes de l’évolution.

À sa grande surprise, l’ouvrage a été bien accueilli, bien que certains critiques, notamment un universitaire au Pakistan, l’aient qualifié d’« hérétique ». « Je propose plusieurs perspectives, » explique Malik. « Le créationnisme est théologiquement valable, mais je montre aussi qu’il est possible d’accepter l’évolution. L’idée est d’établir un cadre de dialogue pour que les gens puissent en débattre. Je ne dis pas qu’il faut accepter l’évolution, mais je propose au moins un cadre de discussion, ce qui me semble être une grande avancée. »

Islam et vie extraterrestre : une question de foi

L’intérêt de Shoaib Ahmed Malik, pour la question de la vie extraterrestre est né durant la pandémie de COVID-19. À l’époque, il partageait ses idées sur l’évolution sur Facebook lorsqu’un internaute lui a affirmé : « Si ce n’est pas dans le Coran, je n’y crois pas. » Malik lui a alors demandé : « Et les extraterrestres ? » Ce dernier a répliqué : « Allah n’en a pas parlé. »

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Cette conversation a inspiré Shoaib Ahmed Malik,à organiser une conférence où des chercheurs ont exploré différentes perspectives islamiques sur la vie extraterrestre. Les discussions ont porté sur des questions telles que la possibilité que des extraterrestres soient plus intelligents ou spirituellement évolués que les humains, ou même moralement responsables. Selon un célèbre propos attribué à Winston Churchill, la découverte de la vie extraterrestre pourrait ébranler les religions traditionnelles en remettant en question l’unicité humaine, valeur chère aux traditions abrahamiques.

Pour Shoaib Ahmed Malik, cette question est cruciale : « Je crains que certaines personnes puissent perdre leur foi si elles ne voient pas qu’il existe un espace théologique pour la vie extraterrestre. » Mais pour lui, la réponse reste simple : le Coran ne confirme ni ne réfute l’existence de vie sur d’autres planètes, laissant la question ouverte.

Conseil aux scientifiques musulmans

Interrogé sur les conseils qu’il donnerait aux scientifiques musulmans, Shoaib Ahmed Malik, souligne l’importance de la formation théologique : « Quand j’ai commencé ma carrière scientifique, j’aurais aimé avoir une meilleure formation théologique. Une base théologique solide m’aurait permis d’être un meilleur scientifique, car elle ouvre l’esprit à de nouvelles perspectives. »

Un regard tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, Shoaib Ahmed Malik continue d’explorer des domaines sensibles et fascinants au sein de l’université d’Édimbourg, notamment l’intersection entre l’islam et l’intelligence artificielle. Sa vision de la science et de la religion en tant que domaines de dialogue plutôt que d’opposition invite les musulmans du monde entier à considérer la science comme une opportunité de renforcer leur compréhension de la foi et de la création.

Dans un monde en constante évolution, Shoaib Ahmed Malik, offre une perspective unique, prônant l’idée que la foi et la raison peuvent coexister et s’enrichir mutuellement. Pour la communauté musulmane, son travail pourrait bien constituer une étape vers une approche moderne et inclusive des grandes questions de la science et de la théologie.

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