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Réactions des Israéliens contre leur nouveau gouvernement

Les réactions en Israël n’ont pas tardé depuis la formation du nouveau gouvernement extrémiste fin décembre. Dès le lendemain, Nir Avishai Cohen, un des plus actifs objecteurs de conscience, a repris ses rencontres avec les jeunes appelés pour les dissuader d’intégrer l’armée d’occupation. Quelques jours plus tard, le 7 janvier, des milliers d’Israéliens ont manifesté et continuent à le faire chaque semaine contre le nouveau pouvoir exercé par la droite et l’extrême droite, principalement à Tel-Aviv, Jérusalem et Haïfa.

Cette première manifestation était organisée par Hadash (le parti communiste) et a réuni des Palestiniens citoyens d’Israël, des femmes, des jeunes et des homosexuels, car toutes ces catégories sont particulièrement ciblées par les partis fascisants, suprémacistes, misogynes et homophobes au pouvoir. Ils gouvernent avec le criminel le plus célèbre du pays, Benyamin Netanyahou (Likoud, la droite traditionnelle).

Le lendemain, des dizaines de juifs antisionistes ont refoulé la police qui a tenté de descendre des drapeaux palestiniens sur les balcons à Méa Shearim, quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Trois jours plus tard, leurs coreligionnaires de la congrégation juive Neturei Karta de Jérusalem ont rendu visite à un haut responsable du Jihad islamique au camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. Cette communauté de juifs pratiquants réclame la souveraineté arabe sur l’ensemble de la Palestine historique au nom de leur antisionisme religieux.

Depuis, les manifestations hebdomadaires continuent dans les principales villes d’Israël, d’une ampleur et d’une durée sans précédent. Celles du 19 février ont réuni 250 000 manifestants. La revendication principale est le retrait d’un projet de loi visant à réduire les compétences de la Cour Suprême, un des rares contre pouvoirs dans ce pays doté d’un parlement unicaméral. L’enjeu est l’indépendance de l’appareil judiciaire par rapport au pouvoir politique.

Entre la volonté dictatoriale de l’extrême droite, celle des partis sionistes religieux qui lui sont fidèles et le désir de Netanyahou d’échapper aux sanctions que les tribunaux s’apprêtent à lui infliger pour des faits de corruption, on comprend parfaitement ce sursaut démocratique de la part des citoyens israéliens.

Et pourtant, il y a un bémol. À l’exception des Palestiniens citoyens d’Israël (près de 20 % de la population) et d’une minorité de Juifs anticolonialistes, l’essentiel des manifestants réclament la démocratie… pour les Juifs ! Dès la deuxième manifestation, le 14 janvier, les drapeaux bleus et blancs de l’État hébreu dominent de façon hégémonique, rendant quasiment invisibles les quelques drapeaux palestiniens qui paraissent ici et là dans les rassemblements.

Le retrait de l’armée et des colons des Territoires Occupés, la levée du blocus de Gaza, la libération des prisonniers politiques, le droit au retour des réfugiés palestiniens, la fin de l’apartheid israélien et plus généralement l’instauration des droits égaux entre Juifs et Arabes n’est tout simplement pas à l’ordre du jour. Ces manifestations – impressionnantes – demeurent des démonstrations de force patriotiques bien sionistes.

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Pendant ce temps, les milices d’extrême droite et l’armée – qui se sentent couvertes par le gouvernement – font des ravages : 9 morts à Jénine le 26 janvier, 11 morts à Naplouse le 22 février, plus de 40 morts palestiniennes en tout depuis le début de l’année. Et le 19 février, l’aviation israélienne a fait 5 morts en bombardant des positions du Hezbollah à Damas. Dans l’ensemble, la plupart des victimes étaient des civils.

Ce n’est pas tout : le gouvernement a révoqué des droits à la Sécurité sociale aux familles des « terroristes » (terme très large qui désigne les opposants palestiniens en général), tout en facilitant l’octroi de permis de port d’armes pour les Israéliens. Itamar Ben Gvir, le ministre le plus extrémiste qui détient le portefeuille de la Sécurité intérieure, a ordonné l’accélération des destructions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est, a interdit aux prisonniers les moyens de faire cuire leur propre pain et a réduit le temps imparti à ces derniers pour prendre une douche. Ambiance.

C’est ainsi qu’a commencé l’année 2023 en Israël. Les Israéliens anticolonialistes et les Palestiniens comptent sur leurs propres forces, mais aussi sur nous, car la solidarité internationale leur est importante. Il ne faut pas les décevoir.

Richard Wagman

L’Union Juive Française pour la Paix

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