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Qu’est-ce que la laïcité ?

Il convient d’observer d’abord que l’idée de ‘’laïcité’’ est relativement récente. Elle a vraiment été exprimée dans toute son ampleur à la fin du 19ème siècle. Née dans l’Occident chrétien et plus particulièrement ‘’dans un contexte français’’, selon la formule d’un expert en la matière, elle s’est formée dans la société française dans des conditions particulières. A l’origine, le terme laïque vient du grec ’’laïkos ‘’et indique ce qui se rapporte au peuple (laos) par opposition au ‘’kléros’’, clergé qui groupe ceux qui servent le temple, c’est-à-dire les prêtres. En d’autres termes, ‘’laïques’’ correspond à profane et diffère du religieux ou sacré. Peu à peu, le sens évolue et finit par caractériser’’ le système qui sépare la société civile et la société religieuse et enlève aux églises tout pouvoir politique et administratif’’…( M.Mourre, dictionnaire encyclopédique de l’Histoire, Paris, 1978). La séparation de l’église et de l’Etat s’étend en définitive aux institutions, à la vie publique, à l’école, à la culture , aux coutumes, à la vie privée… Elle s’est instituée officiellement en France sous la troisième République par les lois Jules Ferry(1872-1882), Emiles Combes et Aristide Briand (1905). Comment cette évolution s’est- elle faite au cours des siècles ? pourquoi s’est-elle établie en dernier ressort ? Un bref rappel historique est ici nécessaire.

L’alliance de l’Eglise et de l’Etat

L’Eglise et l’Etat ont des rapports étroits à partir de Théodore qui proclame le christianisme ‘’religion de l’Empire romain’’( 390ap J.C). L’église étend son pouvoir à toute la société, malgré le principe de séparation qui est énoncé par l’Evangile :’’ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu’’( Mathieu 22/21). La collaboration avec l’Etat s’affirme pendant plusieurs siècles et ne cesse pratiquement qu’au 19ème siècle.

Elle se manifeste surtout dans le fait que l’église sacre l’Empereur ou le Roi et fait appel à l’autorité de l’Etat pour faire appliquer les décisions écclésiastiques. L’unité de l’Occident chrétien se manifeste en Europe médiévale et dans l’Europe moderne. L’Etat prête son soutien effectif à l’Inquisition contre les Cathares et les Albigeois dans le midi français (12è/13è siècles) ; les hérétiques sont pourchassés, leurs villages détruits, la plupart sont condamnés au bûcher. Les Croisades sont entreprises par l’église et les princes chrétiens, lorsque les croisés s’emparent de Jérusalem, ils massacrent en grande partie les habitants musulmans ; Saladin reprend la ville mais épargne la vie des Chrétiens.

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Au 16ème siècle, Luther proclame la réforme, dénonce les abus de l’église et se sépare de Rome ; le protestantisme, considéré comme une ‘’invention du diable’’, est longtemps persécuté. Les guerres de religion entre Catholiques et Protestants sont acharnés et durent jusqu’à la fin du 18ème siècles. L’Eglise s’attaque à la science et aux savants dont les découvertes s’écartent de ses dogmes. Il suffit de citer l’exemple célèbre de Galilée, condamné par un tribunal écclésiastique parce qu’il affirme que la terre tourne autour du soleil ; Descartes se réfugie par prudence en Hollande , puis en Suède ; les autres savants se taisent ou se montrent conformistes. Quelques conflits d’intérêts ou de prestige éclatent parfois ici ou là entre l’Etat et l’Eglise ; mais ils sont finalement surmontés. Ainsi la querelle des investitures oppose le Pape Grégoire VII à Henri IV ; le Roi de France, Philippe Le Bel, détruit l’ordre des templiers, pourtant au service de l’église.

L’hostilité et la séparation

Une partie de l’opinion se mobilise peu à peu contre le pouvoir de l’église et ses privilèges, surtout à partir de la Renaissance . L’hostilité s’accroît au 17ème siècle , puis au 18ème siècle. Une opposition politique et doctrinale se constitue autour des philosophes et de l’Encyclopédie. Elle combat l’arbitraire et les abus. Voltaire devient célèbre en dénonçant l’affaire Calas, victime du ‘’fanatisme’’. Pour Rousseau , le fanatisme religieux est ‘’une fureur aveugle et stupide que la raison ne retient jamais’’ (Lettre à d’Alembert). Diderot manifeste son hostilité dans les ‘’Lettres Philosophiques’’. La révolution de 1789 renverse l’Etat monarchique et nationalise les biens de l’église ; celle-ci résiste, mais finit par signer le concordat avec Napoléon I.

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