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Quand le fils de Kadhafi voulait des « managers » à la tête de la Libye

Volte-face. Seïf al-Islam Kadhafi, longtemps envisagé comme un partisan de la démocratie, a durci hier le ton face au soulèvement populaire. Pourtant, huit mois plus tôt, il promettait, entre les lignes, la fin imminente du règne autoritaire de son père. Morceaux choisis.

« Le temps des régimes militaires, des rois, des princes couronnés est révolu  » : en juin dernier, Seïf al-Islam Kadhafi, fils du dirigeant libyen, guettait l’avènement d’une nouvelle ère démocratique pour son pays. Dans la nuit de dimanche à lundi, au plus fort de la crise qui secoue actuellement le pays, le ton a changé : celui qui fut longtemps considéré, du moins en Occident, comme un réformiste adéquat pour la succession a raidi le ton, considérant, lors d’une intervention télévisée, qu’une guerre civile, attisée depuis l’étranger, était imminente si le peuple ne cessait immédiatement les troubles à l’ordre public.

Un revirement ? Dans un entretien accordé au Sunday Times en juin 2010, l’homme, âgé de 38 ans et diplômé de la prestigieuse London School of Economics, envisageait pourtant un avenir radieux, dans lequel la Libye – transformée selon son vœu en « Vienne » – pourrait à nouveau bénéficier de la manne touristique. Mieux encore, il pronostiquait la fin imminente des « leaders et des rois ». « C’est ma vision pour la Lybie du 21ème siècle », insiste-t-il. Désormais, il faudrait faciliter, d’après lui, l’élection de personnalités au profil de « manager  ». Une conception d’un Etat-entreprise que ne renieraient pas les ultra-libéraux. Le fils prodigue, qui cultive, de son propre aveu, des amitiés dans « la droite extrême européenne » -comme celle, jadis, du populiste autrichien Jorg Haider- a affiché, à la télévision d’Etat libyenne, le trait caractéristique du despote arabe en herbe : l’autoritarisme, mâtiné de condescendance et d’un complotisme hybride, à la fois anti-impérialiste et anti-islamiste.

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« Ma petite entreprise connaît pas la crise »

A la manière de son père, il peut lui arriver de pratiquer un déni de réalité ou de produire des réponses étranges aux interviews qu’il accorde. Ainsi, durant l’entretien avec la journaliste britannique du Sunday Times, Seïf al-Islam Kadhafi évoqua, par exemple, l’idée de relancer le tourisme en renforçant, tout simplement, les capacités du pays à mieux désaltérer les voyageurs au cours de leur périple. Tantôt acéré, tantôt lunatique, l’homme, qui promettait aussi l’abolition « prochaine » du visa, est bien le même qui a garanti, dans la nuit de lundi, une nouvelle constitution au peuple. 42 ans après l’arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi, les citoyens libyens seront probablement plus exigeants.

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