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Quand Jean-Luc Mélenchon fustigeait le port du voile islamique

« En ce moment, on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes – car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate-  et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes » : en février 2010, Jean-Luc Mélenchon n’affichait pas de langue de bois.

A l’occasion de la polémique relative à la candidature aux élections régionales d’une militante  voilée du NPA, le leader du Parti de Gauche tenait à se démarquer ainsi de l’ouverture prônée par Olivier Besancenot.  Et d’ajouter :  « Je crois qu’il y a mille manières d’être féministe, mais cette manière-là est un peu particulière et constitue une régression. Même dans les pays d’origine, cette pratique est combattue par les milieux progressistes. On ne peut pas se dire féministe en affichant un signe de soumission patriarcale ».

Aux yeux de celui qui est désormais le candidat du Front de Gauche aux élections présidentielles, une musulmane, soucieuse de l’égalité hommes-femmes et arborant un voile non intégral, serait nécessairement « régressive », auto-« stigmatisante » et « soumise » au « patriarcat ».  Cette interprétation est précisément celle défendue depuis plusieurs années par  Bernard-Henri Lévy et Caroline Fourest. La posture idéologique de 2010 est d’autant plus surprenante que Jean-Luc Mélenchon est probablement le candidat à l’Elysée qui affiche, comme l’avait déjà rapporté Oumma l’an dernier, la critique la plus intransigeante de l’islamophobie.

Une nuance s’impose : la stigmatisation des musulmans est davantage dénoncée par le natif de Tanger quand elle provient du camp sarko-lepéniste. En revanche, Jean-Luc Mélenchon n’a jamais reproché à certains camarades de gauche leur islamophobie patente quand celle-ci se paraît régulièrement des couleurs plus éclatantes du combat pour les droits des femmes.

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Paternalisme ethnocentrique 

Nous avons tenté de joindre le leader du Front de Gauche afin d’éclaircir sa perception au sujet de l’islam et de sa pratique en France. Son directeur de la communication, Arnauld Champremier-Trigano, n’a pas daigné répondre à notre proposition d’un entretien. Nulle surprise : cet ancien journaliste et fondateur du magazine TOC est un proche de la « bande à Caroline Fourest », réseau groupusculaire de « journalistes-militants-essayistes-webmasters-réalisateurs-bloggers » qui partagent les mêmes valeurs- plutôt à gauche, hostiles à Tariq Ramadan, systématiquement indulgents envers Israëlet défenseurs acharnés de la version officielle du 11-Septembre.

Nous aurions pu aborder avec Jean-Luc Mélenchon la  question controversée du « féminisme islamique », phénomène politique –avec ou sans le port du voile- en pleine croissance depuis une vingtaine d’années, notamment dans les pays musulmans et jusqu’au sein du « clergé » islamique. L’homme prétendant incarner une « gauche authentique » aurait pu également nous expliquer comment il avait vécu sa longue expérience initiatique parmi les franc-maçons du Grand Orient. Participer durant plusieurs années aux agapes d’une confrérie élitiste exclusivement masculine devait être un véritable calvaire pour le pourfendeur du « patriarcat ».

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