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“Pourquoi de l’arabe dans ce carnet ?” : les déboires d’une jeune Américaine à l’aéroport de Tel Aviv

“Je suis une Américaine de 17 ans. J’ai grandi dans une petite ville du Massachusetts. Ma mère est américaine et mon père est un citoyen américain né au Maroc. L’été 2016, je suis arrivée à l’aéroport Ben Gourion. Entrer dans le pays ne m’a pas posé de problème. Cependant, pour le quitter, c’est une autre histoire.
Le premier contrôle de sécurité avait été assez rapide, mais le numéro écrit au dos de mon passeport était 5 sur 6. L’agent de sécurité m’a dit d’amener mon sac aux bagages encombrants, alors j’y suis allée et ai offert mon sac au gars qui m’a demandé mon passeport, a vérifié le numéro puis m’a fait mettre mon sac sur une table particulière. Il m’a dit que j’étais prête à partir.
Ensuite, je suis allée au contrôle de sécurité, qui menait au terminal. Là, l’agent m’a dit de me mettre dans la file la plus courte, ce qui voulait dire “sécurité renforcée”, comme je l’ai appris plus tard. Quand ce fut mon tour pour le contrôle, on m’a envoyée tout au bout d’une longue table métallique et on m’a dit de déverser toutes mes affaires pour qu’un autre agent les vérifie.
Après seulement 10 minutes de contrôle et d’interrogation, l’agent m’a permis de tout remballer et de partir : j’étais prête…
Il soulève mon carnet pour me le rendre mais il s’ouvre sur la seule page d’écriture de tout ce carnet, une leçon d’arabe de mon enfance, datée en haut, de 2012. Il me dit qu’il va revenir et le revoilà avec un autre gars qui saisit mon carnet, le fixe du regard, puis me fixe du regard.
D’abord il demande :
Pourquoi y a-t-il de l’arabe dans ce carnet ?
Puis :
Quels liens avez-vous avec les Arabes ?
Quand je lui dit que mon père vient du Maroc, il me prends mon passeport et s’en va. Je reste là environ cinq minutes à regarder le gars qui montrait mon passeport à plusieurs agents de sécurité. Il revient avec une femme qui tout de suite me pose des questions telles que :
Quels jours saints fêtez-vous ? Êtes-vous sûre de ne pas être palestinienne ?
A la fin, elle me demande :
Comment s’appellent vos parents ?
Quand je réponds : Susan et Ahmed, elle me dit : ET PUIS QUOI ? Alors je répète : AHMED. Elle saisit mon passeport et me dit qu’elle va revenir.
Elle revient avec une autre femme qui me donne l’ordre de la suivre. Elle me demande si je porte des armes ou quelque chose de dangereux, mais ne semble pas convaincue quand je réponds que non. Elle m’emmène à un scanner de sécurité où elle m’oblige à rester debout avec les mains en l’air pendant de trop longs moments, même après la fin du scanner, me fait enlever mes sandales ; puis il faut s’asseoir. Elle m’écarte les doigts de pied puis appelle quelqu’un tout en me fixant, m’emmène dans un cagibi fermé d’un rideau, se met à me palper pour m’examiner puis me dit d’enlever mon soutien-gorge. Je la regarde confusément tandis que, paraît-il, le scanner a trouvé quelque chose qu’il faut vérifier. J’enlève mon soutien-gorge, le lui remets, elle le prend et me laisse debout avec une autre femme qui m’observe pendant dix minutes. Elle revient, me palpe, me repasse au scanner et me laisse là une fois de plus. Quelque 20 minutes plus tard, elle me rend mon soutien-gorge, me permet de me rhabiller et me ramène dans la zone centrale de sécurité.
C’est alors que je me mets à trembler et à pleurer. Deux heures que ça dure, j’ai très peur mais je suis surtout très en colère. On me fait asseoir et on m’enlève mes affaires pour un dernier examen. Enfin, on me permet de remballer une seconde fois et de partir. On me rend mon passeport et en regardant au dos, je vois qu’on avait collé un 6 sur le 5. Je prends le tout et me dirige vers ma porte d’embarquement.
J’ai soif, je vais donc au petit commerce près de ma porte et achète un jus de fruit. L’employée me demande mon passeport. Dès qu’elle voit le 6, elle m’informe que je ne peux pas emporter ma boisson dans l’avion mais je vois que les autres ont le droit d’emporter leur jus dans l’avion. Trop fatiguée pour me faire du souci, je m’en vais et attends à la porte.
Maintenant à la porte, je me dis que c’est fini, je me détends un peu et enfin, je pousse un long soupir. Mon avion s’apprête pour l’embarquement et je me réjouis à l’idée de me reposer dans l’avion et de rentrer chez moi. J’arrive à la porte et présente mon passeport et ma carte d’embarquement à la femme. Elle examine mon passeport un instant et s’exclame :
Suivez-moi !
Mon cœur se serre. Je m’imaginais que tout était fini mais il semble qu’on n’en ait pas fini avec moi. La dame m’apprend que mon sac s’était perdu mais qu’on l’avait repéré à cause des étiquettes portant mon nom, que j’y avais laissées. A son avis, je suis responsable de la perte de mes bagages : je dois attendre ici. Tous les autres ont embarqué et me voilà à attendre à côté. On m’apporte mon sac et on me dit d’attendre le service de sécurité pour l’examen de…mon sac qui avait déjà été examiné. Mon avion doit partir dans dix minutes mais quand je demande si j’ai encore le temps d’embarquer, on fait comme si je n’existais pas. Un agent de sécurité s’amène pour me poser d’autres questions sur mon sac et l’examiner à la porte de l’avion.
Enfin enfin, après deux heures d’interrogatoires et de fouille corporelle, on me permet de monter à bord de l’avion et de rentrer chez moi.
Le sac qui avait été examiné devant moi à la porte, ne s’est pas envolé avec moi et il va arriver deux jours plus tard.
Au lieu de me décourager, cette expérience me pousse encore plus à aider ceux qui, chaque jour, souffrent bien plus que moi.”
(Traduit par Chantal C. pour CAPJPO-EuroPalestine)
Mondoweiss

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