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Peur et tristesse

La tristesse, la joie, le doute, la certitude, la plénitude, le désarroi…
Toutes ces émotions, nous les connaissons, les ressentons, dans notre chair, dans notre cœur. Elles sont nôtres sans pourtant jamais nous qualifier totalement.
Tous ces sentiments peuvent révéler, pousser au changement, à l’action, à la réflexion profonde. Mais ils peuvent aussi nous détruire, jour après jour, lentement, mais inexorablement.
La tristesse de ces jours incertains, pleins de crainte, de peur et de désarroi, est une tristesse destructrice, une tristesse qui bouffe l’énergie vitale, une tristesse qui paralyse l’Homme. C’est une tristesse sclérosante, déprimante, et malsaine. C’est la tristesse des esprits pauvres et désemparés qui se bornent à ressentir ce qu’on veut qu’ils ressentent, une tristesse de pantins qui pousse à l’individualisme et à l’égoïsme outranciers.
Peu importe que l’injustice joue sa sinistre comédie au loin, elle n’existe pas, quand bien même elle toucherait d’autres êtres semblables à nous. Elle a alors autant de force que notre indifférence. Pourtant lorsque cette même injustice approche, qu’elle dévoile son masque hypocrite et que l’on entrevoit les traits de sa laideur repoussante, elle éveille l’empathie et la compassion. Car alors elle devient réelle, possible, presque palpable… Elle peut nous toucher et elle fait tellement peur… Et c’est alors que notre indifférence, poussée par l’effroi, dévoile enfin notre humanité, humanité blessée que lorsqu’il s’agit de nous… Et l’on s’enferme alors dans cette somme d’émotions et de sensations troubles, parmi elles la peur et la tristesse.
La tristesse est belle quand elle pousse à l’humilité face à notre volonté de toute-puissance, elle est belle quand elle cherche la lumière. Mais cette tristesse-là, celle qu’on essaie de nous faire ressentir, c’est la tristesse des peureux, la tristesse des pauvres, la tristesse des ténèbres, pas celle de la lumière.
Ce n’est rien d’autre qu’une stratégie de la peur, qui pousse l’homme dans ses instincts les plus primaires, une peur qui accepte tout, qui est prête à renoncer à toutes ses libertés, à tous ses combats, à tout son courage pour peu qu’on lui garantisse sa propre sécurité et la garantie de son bien-être, et peu importe ce qui arrive ailleurs. Car la seule peur qui prime, c’est la nôtre.
Alors, on nous annonce des jours noirs, ou plutôt des mois, des années sombres et lugubres. Que dis-je, une ère de ténèbres… On nourrit cette tristesse qui permet toutes les autorités, toutes les contraintes, jusqu’aux dérives les plus extrêmes.
On accepte de restreindre ces libertés fondamentales qui font de nous des hommes, pour ne plus être que des marionnettes alimentant un système marchand qui ne fait de nous que des bêtes de somme, des « choses » avides d’une consommation qui nous donne l’impression d’être vivants, d’être acteurs, d’être maîtres de nos choix… Mais quels choix ?
On accepte de se soumettre à des politiques qui font le jeu de la finance, et de ces nouveaux maîtres du monde. « Ne pensez plus, nous disent-ils. Cela est désuet. Il faut désormais ressentir la vie à travers ce que tu possèdes, à travers ce que tu pourrais avoir. Mais jamais ne pense à être ! Mieux, ne pense tout simplement pas ! Nous le ferons pour toi… »
Chuchotement démoniaque qui nous donne l’impression que l’on s’occupe de nous mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes…
Et qu’en est-il de ces sentiments qui nous donnaient l’impression d’exister ? Qu’en est-il de nos facultés qui nous permettaient d’agir ?
Ils sont désormais les sujets de l’ordre établi, ils sont totalement soumis à la logique marchande et à la politique sécuritaire. Car oui, les deux, plus que des amis,  sont frères… Vivre dans ce monde marchand apparaît comme un privilège à défendre coûte que coûte, et s’il faut perdre quelques droits au passage et accepter de vivre dans une société sécuritaire, alors allons-y, tant que notre droit à la consommation est préservé.
Ainsi, tous ces sentiments dont nous parlions au début ont perdu leur noble pendant. Ils sont exploités, exacerbés à l’extrême, déchaînés afin que l’ordre règne.
Et on finit par oublier que la tristesse a pu pousser à l’action, que la peur a été la graine du courage, que le doute a permis d’évoluer vers la certitude, que les sentiments ne sont pas forcément négatifs ou positifs. C’est ce que nous en faisons, en âme et conscience, avec liberté et conviction, qui les rend beaux ou laids.
Et il arrive, au détour d’une heureuse circonstance qu’un homme décide de faire de sa peur et de sa tristesse un tremplin, qu’il décide de considérer cette lumière qui jaillit au loin. « À quoi me servent toutes ces choses sinon à m’emprisonner dans un quotidien incertain ? se demande-t-il. N’est-il pas temps pour moi de voir que les êtres priment sur les choses ? » Car il le sait, d’autres que lui éprouvent cette peur et cette tristesse. Et chacun dans son coin essaie de se défaire de ces chaînes, sans trop savoir comment. Leur cerveau leur a été anesthésié lorsqu’ils ont accepté le pacte aliénant de nos sociétés marchandes qui consiste à accepter de nous laisser vivre et jouir des biens de cette société tant que nous entrons dans le moule.
L’être désarticulé se réveille alors, et décide d’écouter ce que son cœur lui murmure : « Oui, ce que tu ressens est lourd, mais c’est là ta force ! Si tu prends la peine de m’écouter, de me laisser m’épanouir et de parler à d’autres cœurs, tu verras, ensemble nous changerons le monde ! »
Alors cet homme scelle un pacte nouveau avec lui-même, avec sa prime nature, si belle et si noble, celle qui lui rappelle qu’il n’est que le fruit de la création, et qu’il en est aussi le gérant. Il réfléchit désormais avec le cœur et soudain ses chaînes tombent. À quoi cela sert-il de posséder, de consommer et de vivre dans l’avoir si je ne peux être ? Pourquoi vivre seul parmi tous ces hommes qui me ressemblent tant ? Pourquoi me soumettre à des créatures elles-mêmes aliénées par le mal ? Pourquoi ne pas écouter le souffle divin qui circule en moi et qui m’appelle à la clairvoyance, à la liberté, à la vérité ?
Pourquoi vivre plus longtemps dans le mensonge ?
C’est alors que le miracle se produit et que l’espoir naît… La réflexion, l’idée, l’échange deviennent créateurs… Ils deviennent la conscience émancipatrice qui appelle non plus l’homme à avoir, mais à être…
Et là, peu importe que l’on soit entourés des tours grises du marketing, du business et de la finance. On sait qu’il existe un monde infiniment beau créé par un Artiste véritable qui appelle l’homme aux plus nobles sentiments. « Ce monde est nôtre tant que nous vivrons » disent ces nouveaux hommes. « Nous devons l’utiliser sans jamais chercher à l’exploiter. Nous en serons les dignes gérants, avec l’aide de Celui qui l’a créé. »
Puis cette poignée d’hommes à la conscience éclairée se met en quête d’autres hommes qui, comme eux, cherchent à vivre réellement, qui sont en quête du Beau et du Vrai, loin de toute cette laideur moderne qui sclérose et rend terne tout ce qu’elle touche.
C’est alors que le cœur de l’humanité se met à battre à l’unisson avec la création et que tous cherchent en eux et autour d’eux ce qui pourrait les amener vers le Créateur. Ils deviennent alors à l’image de ces figures ancestrales, si belles et si pures que leur nom fait encore écho dans la mémoire du monde.
Et ils sont alors en harmonie avec leur prime nature, en harmonie avec la création, sous l’œil bienveillant du Créateur. Et, ensemble, ils changent le monde…

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3 commentaires

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  1. C’est très poétique, très profond et comme toute poésie si proche de la réalité. Tu as résumé en quelques lignes l’état du monde et ses bouleversements qui affectent tout un chacun. L’islam a commencé étranger et il redeviendra étranger…

  2. La tristesse est une chose , le clergé en est une autre, il n y a pas de clergé dans l’Islam.
    La force au sens du coran n’est pas un indice de superiorité, on est fort pour finir faible, Allah a créé l’etre humain de faiblesse.
    La tristesse, la joie, le doute, la certitude, la plénitude, le désarroi , la peur sont les conséquences de nos choix dans la vie, on apprend toujours,
    L’Islam était un départ, actuellement il aide à supporter la dureté du sort. demain je ne serai pas là pour en parler.

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