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Les supporters tunisiens sont-ils racistes ?

Comment interpréter les sifflets des supporters tunisiens à l’encontre de l’hymne national français lors du match amical France-Tunisie le 14 octobre 2008 ? Les réactions virulentes sur Internet font apparaître qu’une part importante de la population y voit un signe de haine envers la France ou échec de « l’intégration à la française » des populations issues des pays du nord de l’Afrique. La tentation est grande pour les commentateurs, qui sont des citoyens lambda, des journalistes, des hommes politiques ou des acteurs du monde du football, d’instrumentaliser un micro-évènement pour livrer des (sur)interprétations simplistes à propos d’un sujet complexe.

Je dois dire d’emblée que je rejette l’idée qu’un match de football puisse donner des éléments de compréhension pertinents pour réfléchir à la place des français d’origine tunisienne ou des populations issues de l’immigration de manière plus générale dans la société française. De même qu’il ne serait pas sérieux d’appréhender les rapports post-coloniaux entre la France et d’anciennes colonies à partir d’un simple match de football. A mon sens, ces sifflets donnent davantage à voir ce qu’est le supporterisme dans le sport de haut niveau. Autrement dit, sociologiquement le phénomène de sifflets est plus proche des comportements observés par les supporters dans n’importe quel match de derby du monde entier que des émeutes urbaines.

Un match contre la France pour les tunisiens a bien une saveur particulière. Jouer contre l’ex-champion du monde et d’Europe pour les supporters d’une « petite nation » du football suscite un engouement et une passion particulière. Il s’agissait aussi pour les Tunisiens d’un match de derby face à un pays géographiquement proche et une terre d’émigration. Or ce qui caractérise le football moderne c’est que les supporters ne veulent plus être de simples spectateurs, ils veulent être acteurs à part entière du match.

Applaudir, acclamer, siffler ou huer une équipe c’est avant tout une manière d’avoir le sentiment d’influer sur le cours du match, ce comportement atteignant son paroxysme dans le hooliganisme et les affrontements directs. L’affluence massive de supporters de l’équipe tunisienne, pas nécessairement tunisiens d’ailleurs, au cours de ce match n’est pas anodine. Pour ces derniers, être là et siffler l’équipe de France a pour but (d’essayer) de renverser le rapport de force entre un géant du football mondial et une équipe aux moyens beaucoup plus limités.

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On peut déplorer ce comportement mais il faut avoir à l’esprit que siffler et huer une équipe ou son hymne national est la norme dominante dans les matches à enjeu symbolique ou de compétition. Les matches « amicaux » n’existent pas, il n’existe que des matches officiels et des matches non officiels. A-t-on déjà vu ces dernières décennies des matches opposant Lyon et Saint-Etienne ou Marseille et Paris avec des supporters main dans la main acclamant de concert la qualité de jeu des équipes ?

On se souviendra également des sifflets lors de matches contre les nations rivales de la France telles que l’Angleterre, l’Italie ou le Portugal. Bien que ces sifflets fassent également l’objet de quelques commentaires, il n’est jamais question d’interroger la place des Anglais, des Italiens ou des Portugais dans la société française…

Ce match et les sifflets qui l’ont émaillé constituent surtout une occasion de récupération politique. Une occasion inespérée pour certains d’affirmer sans complexe leur racisme envers les populations issues de l’immigration en accusant à leur tour les siffleurs de racistes et de personnes refusant l’intégration pour mieux nier les phénomènes de discrimination.

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