Parmi les caractéristiques majeures qui distinguent les musulmans des autres grands groupes religieux du monde, l’abstinence sexuelle en dehors du mariage en fait véritablement une communauté à part, où il apparaît que, plus que dans toute autre obédience, cette règle de conduite reste scrupuleusement observée.
C’est une étude menée de 2000 à 2008 par une équipe de sociologues américains, dans le cadre d’enquêtes démographiques et de santé réalisées sur un panel de plus de 620 000 personnes, âgées de 15 à 59 ans, et dans 31 pays en développement soit majoritairement musulmans, soit chrétiens, mais aussi en Inde et au Népal qui sont hindous, sans oublier le Cambogde où le bouddhisme prédomine, qui a abouti à ce constat.
Si certains en prennent à leur aise et fautent avant le mariage, point de cela chez les musulmans interrogés, qui se démarquent nettement des autres croyants : en effet, la probabilité pour des futurs mariés musulmans d’avoir des rapports sexuels avant de s’unir devant Dieu est de 53% inférieure à celle des chrétiens. Les hindous représenteraient la deuxième communauté la plus chaste, en faisant chuter cette probabilité à 40% de moins que les chrétiens, tandis que les juifs et les bouddhistes, manifestement moins vertueux, dérogeraient plus facilement à cette interdiction, devançant même les chrétiens en la matière.
Selon les chercheurs, cette différence notable s’explique par la plus forte adhésion des fidèles musulmans aux préceptes coraniques qui, à l’instar des trois religions monothéistes, autorisent les relations sexuelles dans le strict cadre du mariage. Par ailleurs, ils mettent également en relief la très grande influence exercée par les dignitaires musulmans qui prônent la fidélité dans le mariage, ce qui n'est pas de nature à inciter les musulmans à faire état d’éventuels rapports sexuels en dehors du cadre d’une union légale, contrairement aux chrétiens, aux juifs et aux hindous, qui se sont affranchis de cette tutelle religieuse et de ce tabou, avec plus ou moins de liberté.
En outre, l’étude révèle que les valeurs religieuses d’une population à majorité musulmane influent réellement sur les normes sexuelles à l’échelle d’un pays. Ainsi, une seule augmentation de 1% du nombre de musulmans dans un pays a entraîné une baisse significative de 2% des relations extra-conjugales pour l’ensemble des citoyens, et ce indépendamment de leur confession.
"Le dénominateur commun de toutes les grandes religions du monde est de s’opposer aux rapports sexuels en dehors du foyer conjugal, mais elles ne sont pas toutes aussi efficaces pour encourager les croyants à rester sur le bon chemin", analysent les chercheurs, chapeautés par Amy Adamczyk, professeur associé de sociologie à John Jay "College of Criminal Justice" de New York. Leur étude a été publiée dans le numéro d'octobre de l'American Sociological Review.
Ces scientifiques partaient du postulat que, dans les pays à majorité musulmane, les lois drastiques sur la mobilité des femmes et sur la séparation des sexes réduisaient de fait les occasions de nouer des liens et plus si affinités… Mais à la lumière de leur étude, les chercheurs ont dû se rendre à l’évidence qu’il n’y avait pas de corrélation directe et suffisamment probante entre ces interdits et les relations sexuelles avant et hors mariage. Par conséquent, l'ascendant de la religion serait prépondérant sur les lois en vigueur pour encadrer et réguler les comportements sexuels.
Il en va de même avec le critère de l’âge. Les musulmans et les hindous sont plus susceptibles que les chrétiens et les juifs de contracter des mariages arrangés et de s’unir plus jeunes. Bien que la probabilité d’avoir des relations sexuelles en dehors du mariage augmente avec l’âge, l’étude constate toutefois que le nombre des années ne représente pas un facteur déterminant pour justifier la rareté des relations extra-conjugales de ces deux groupes religieux.
"L'un des résultats les plus surprenants est que les affiliations religieuses ont une influence réelle sur les comportements sexuels des gens," a déclaré le sociologue Adamczyk, ajoutant : "l’attention des chercheurs s’est focalisée sur la compréhension des différences entre les grandes religions du monde et sur les comportements spécifiques des croyants, et moins sur la compréhension des différences basées sur les comportements."
En guise de conclusion, les sociologues ont insisté sur le poids de la pression sociale qui a pu orienter et fausser certaines réponses, d’autant plus qu’il ne leur a pas été toujours possible matériellement de respecter le cahier des charges de l’enquête, qui stipulait que le sondeur devait être du même sexe que la personne interrogée et que le sondage se déroulerait en privé, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes.
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