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Les médecins de Gaza : une autre facette de la résistance

Les médecins à Gaza ont, pendant 29 jours, travaillé dans des mares de sang et au milieu des parties des corps humains. Comme des centaines de personnes très gravement blessées ne cessent d’affluer, le corps médical est malheureusement contraint d’accorder la priorité à ceux qui peuvent être sauvés. Entre-temps, les concierges qui les assistent n’ont pas arrêté de rincer à grande eau les flaques de sang.

Dr Nidal Ahmed vient de finir d’opérer une des victimes de la guerre israélienne sur la Bande de Gaza. En enlevant ses gants, il essuie la sueur qui perle sur son front et respire profondément. A vrai dire, il est épuisé. Dans une demi-heure, il est programmé pour une nouvelle opération chirurgicale sur un patient qui a perdu une de ses jambes.

Âgé d’une trentaine d’années Dr Ahmed a, pendant près de 20 jours, travaillé en tant que chirurgien à l’hôpital Kamal Adwan au nord de Gaza. S’il sait rester persévérant, dit-il, c’est notamment grâce à « la mission humanitaire qu’il effectue et qui est aussi importante que celle des combattants sur le champ de bataille. »

Un très grand nombre de médecins, notamment ceux affiliés à l’ancien gouvernement du Hamas, n’ont pas touché leurs salaires depuis quatre mois. Toutefois, ils continuent de faire leur travail tout comme le reste des médecins qui ont été payés par le gouvernement d’unité nationale puisqu’ils avaient été nommés par l’ancien gouvernement de Ramallah.

Une cigarette à la main et une tasse de café qu’il sirote debout devant une fenêtre qui donne sur le portail de l’unique hôpital dans cette zone, Ahmed n’ pas vu sa famille depuis plus de dix jours et n’a pas fermé l’œil depuis de nombreuses heures. Il a préféré le café à la nourriture depuis qu’il a perdu l’appétit à cause des scènes macabres et déchirantes des martyrs et des blessés qui arrivent en grand nombre.

A moins de cinq minutes intervalle, deux ambulances sont arrivées à l’hôpital Kamal Adwan. Elles évacuaient des blessés de Abraj al-Sheikh Zayed, au nord du camp de réfugiés de Jabalya. Avec son stéthoscope pendant autour de son cou, Ahmed s’est précipité pour vérifier l’état des blessés.

La plupart des médecins à Gaza n’ont pas été en mesure de voir leurs familles durant la guerre qui a duré plus de 29 jours, ayant fait plus de 1850 martyrs et près de 9000 blessés. Certains ont échangé les vœux de l’Aïd al-Fitr avec les leurs, par téléphone seulement.

Le porte-parole du Ministère de la Santé de Gaza, Dr Ashraf al-Qudra, a profité de la trêve temporaire annoncée vendredi matin pour sortir de l’hôpital Al-Shifa situé au centre de Gaza, son lieu de travail, et courir jusqu’à Khan Younis au sud de Gaza pour vérifier si son épouse et ses quatre enfants se portent bien.

Diplômé en médecine alternative au Pakistan, Qudra précise que c’est seulement la deuxième fois qu’il rend visite à sa famille depuis le début de la guerre. Toutefois, il a été contraint d’écourter sa visite car Israël a violé la trêve et a repris le bombardement de la province du sud. A l’instar de beaucoup de ses confrères, Qudra s’est précipité vers l’hôpital al-Shifa, habillé de sa blouse blanche. Depuis son retour au poste, son téléphone n’a pas arrêté de sonner. En effet, les médias et organes de presse locaux et internationaux appelaient à maintes reprises pour venir aux dernières nouvelles et connaître le nombre des martyrs et de blessés sous les bombardements israéliens.

En sa qualité de porte-parole du Ministère de la Santé, Qudra évoque les immenses difficultés auxquelles ils sont confrontés, puisque la plupart des hôpitaux et des centres d’urgences à Gaza ont été pris pour cible. Ceci constitue désormais une préoccupation majeure pour les médecins en général et pour le personnel médical de l’hôpital al-Shifa en particulier. Ils ne parviennent plus à répondre aux nombreux blessés qui ne cessent d’affluer vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dépassant ainsi leurs capacités à gérer et à prendre tout le monde en charge.

Par ailleurs, Qudra souligne que les médecins souffrent énormément « notamment ceux qui ont perdu des êtres chers ou ceux dont les maisons ont été détruites alors qu’ils étaient à leur poste. » Durant le mois de Ramadan, a-t-il indiqué, de nombreux médecins rompaient leur jeûne à l’intérieur des salles d’opération avec seulement une gorgée d’eau. « Certains d’entre eux n’avaient même pas le temps de changer leurs vêtements couverts de sang avant de s’asseoir pour manger leurs repas, » ajoute Qudra. Il y a même des histoires de médecins dont les proches blessés ou décédés, parfois même leurs propres enfants, arrivaient à leur insu à l’hôpital où ils travaillent.

S’agissant de la question de la prise en charge des milliers de cas qui dépassent la capacité d’accueil des centres médicaux, Qudra précise que les hôpitaux manquent terriblement de lits ; D’ailleurs, de nombreuses personnes blessées ont dû être soignées dans les couloirs de l’hôpital. Et d’ajouter : « L’hôpital a dû envoyer certains patients continuer leur traitement chez eux et ce, dans le but de pouvoir accueillir et prendre en charge les centaines de nouveaux cas. »

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Mohamed Abu Arab est un médecin Palestinien qui vit en Norvège. Dès le déclenchement de la guerre, il est venu à Gaza en compagnie d’autres médecins pour venir en aide et renforcer le corps médical. Il explique que la priorité est accordée aux blessés dont les vies peuvent être sauvées : « Nous avons été confrontés à des choix très difficiles. Face aux dilemmes, nous avons parfois été contraints de ne pas nous atteler sur les cas dont le pronostic vital était engagé ou qui avaient très peu de chances de survie afin de pouvoir sauver ceux pour lesquels il y a avait un espoir. »

Il a informé Al-Akhbar que les médecins décidaient en fonction du type de la blessure et de son degré de gravité « Les médecins ne m&eacute
;nagent aucun effort pour sauver les vies pour lesquelles il y a un espoir de guérison. »

Il a avoué que les cas des enfants, « notamment ceux amputés des jambes » l’ont particulièrement affectés et lui ont causé un immense chagrin et une immense peine. Il a indiqué que le quart des martyrs de Gaza sont des enfants « ce qui contredit les allégations israéliennes qui prétendent bombarder des ’terroristes’. »

Il convient d’observer que la guerre a coûté la vie à plus de dix membres du personnel médical à Gaza. En outre, environ 13 hôpitaux ont été pris pour cible et 9 ambulances ont été détruites. Selon les statistiques du Ministère de la Santé, la guerre israélienne a conduit à la fermeture de 27 centres médicaux dans différentes parties de la Bande de Gaza, alors que les installations de santé font actuellement face à de graves pénuries et manquent d’équipements et de médicaments.

Il n’est pas exagéré de dire que les médecins n’ont pas une seconde pour être interviewés. Dans une visite éclair à l’hôpital al-Shifa, nous les apercevons clairement en train de travailler d’arrache-pied, très actifs comme s’ils étaient dans une ruche, notamment au moment de la réception où les blessés sont enregistrés et envoyés sur les lits pour se faire ausculter par des médecins portant des tenues trempées de sang.

Dans ce tourment, il ne faut pas non plus oublier le personnel d’entretien et d’assistance qui n’a pas une seule seconde de répit. Il travaille 24h heures sur 24 à laver et à éliminer le sang des couloirs de l’hôpital et à stériliser tout ce qui peut être utilisé. Ces agents passent par les morgues et vaporisent des désodorisants afin de se débarrasser de la puanteur qui se dégage des corps en décomposition, tirés de sous les décombres.

Al-Akhbar –  Traduction : Info-Palestine.eu – Niha

 

 

 

 

 

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