Alors que le 20 mars prochain, Barack Obama foulera pour la première fois, au cours de ses deux mandats, le sol israélien, – un petit pas en grande pompe sur la terre promise, mais en se gardant bien de faire un grand pas pour le processus de paix et la souveraineté palestinienne -, sa visite présidentielle est fêtée en fanfare par le gouvernement ultra-sioniste de Netanyahu qui a annoncé sa ferme volonté de promouvoir les colonies de peuplement juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le nouveau ministre du logement, Uri Ariel, membre du parti La Maison juive et colon de son état, a déjà donné le ton d’une rencontre au sommet qui ne souffrira aucune contestation américaine, ou si peu, ou alors uniquement feinte pour donner le change à la face du monde…
Face à ce cruel jeu de dupes et à l’impunité de l’Etat hébreu, aussi insolente que glaçante, des mouvements citoyens font preuve d’une opiniâtreté et d’un courage à toute épreuve, et se mobilisent avec une belle constance contre cette mascarade diplomatique aux répercussions iniques et mortifères.
Parmi eux, le Tribunal Russell sur la Palestine mérite une large médiatisation, à la hauteur de sa détermination sans faille et du travail accompli, depuis sa création en 2009. Il vient de tenir à Bruxelles sa cinquième et dernière session, après des étapes à Barcelone, Londres, Le Cap et New York, autour de thématiques cruciales qui, comme à chaque fois, appuient là où le bât blesse.
Dans ses conclusions rendues publiques, dimanche 17 mars, devant un parterre de 500 personnes, le tribunal recommande aux Nations unies de reconstituer le Comité spécial contre l’apartheid afin de dénoncer les pratiques d’Israël envers les Palestiniens, et demande instamment à la Cour pénale internationale de reconnaître sa juridiction sur la Palestine (celle-ci doit encore obtenir le feu vert de la Cour de La Haye, mais le fera-t-elle si les pressions occidentales redoublent ?).
Fondé en 2009 par un large nombre de citoyens, tous animés par la même volonté de traduire en justice Israël et les tierces parties (États, organisations internationales et entreprises) pour les violations massives et répétées des droits de l’homme commises contre le peuple palestinien, ainsi que pour la non-conformité d’Israël avec les lois internationales, le Tribunal Russell pour la Palestine s'est inspiré du tribunal de conscience fondé par le Britannique Lord Bertrand Russel en 1966, à propos des crimes de guerre au Vietnam. Les initiateurs du projet, dont le Belge Pierre Galand, avaient à coeur de se pencher sur la tragédie vécue par les Palestiniens sous le joug de l'occupation israélienne.
Dimanche, c’est à Angela Davies, ancienne militante des droits civiques aux Etats-Unis, qu’il revint l’honneur de communiquer les conclusions de ses pairs. Comme de nombreux orateurs, elle commença par rendre hommage à Stéphane Hessel, récemment disparu à l’âge de 95 ans, qui était le président d’honneur du Tribunal Russell sur la Palestine. « Tout comme nous avons tiré notre inspiration de départ du philosophe anglais Bertrand Russell, nous suivons maintenant l’exemple de Stéphane Hessel, qui nous a quittés récemment, une personne qui combinait l’intégrité, la solidarité et le plaidoyer pour la cause. Nous sommes tous devenus des défenseurs des droits humains universels et des Palestiniens, depuis les bases populaires jusqu’aux plus hauts niveaux», a-t-elle déclaré, en présence de Madame Hessel, mais également de l'épouse du célèbre prisonnier palestinien Marwan Barghouti.
Rappelons que d’après la récente étude menée par l’Unicef, Israël est le seul pays au monde, où lorsqu’un enfant est arrêté, il est automatiquement questionné et jugé par un tribunal militaire. Le rapport jette aussi une lumière crue sur les mauvais traitements infligés aux enfants palestiniens, des sévices coutumiers que l’agence onusienne qualifie de répandus, de systématiques et institutionnalisés.
Dans un autre rapport, les consuls de représentations de l’UE ont récemment préconisé à l’Union européenne d’imposer des sanctions économiques aux colonies israéliennes, et de sensibiliser les consommateurs sur l’origine des produits, en recommandant notamment d'étiqueter les produits en provenance des colonies.
Par ailleurs, le 1er mars, l’Association France Palestine Solidarité a organisé un colloque au Palais du Luxembourg sur la colonisation et ses effets sur la vie politique, économique et sociale des Palestiniens.
Ce colloque présidé par Mme Esther Benbassa, Sénatrice du Val de Marne, et Monsieur Jean-Claude Lefort, président de l’Association France Palestine Solidarité et député honoraire, a abordé les différents sujets liés à la colonisation à travers trois tables-rondes avec de nombreux intervenants mobilisés par cette question.
Un appel exhortant les pays européens à prendre des mesures concrètes contre la colonisation israélienne a été lancé, à cette occasion, par 4 centrales syndicales européennes: Confederazione Generale Italiana del Lavoro (CGIL Italie), Confédération Générale du Travail (CGT France), Irish Congress of Trade Unions (ICTU Irlande), Trade Union Congress (TUC Royaume-Uni). La Confédération Paysanne (France) a signé l’appel.
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