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Le terrorisme impuni

Les témoins de l’offensive contre Falloujah décrivent la cruauté des massacres perpétrés par les « Marines » contre les populations civiles.

Des bombes s’abattent sur les mosquées, les hôpitaux, les maisons d’habitation ; des civils sont pris pour cibles, y compris des femmes et des enfants. On parle de scènes d’horreur, des corps carbonisés, des bébés déchiquetés, des blessés abandonnés à leurs souffrances ou froidement exécutés, bref, la terreur est à son comble.

Ils tirent sur tout ce qui bouge, affirme un témoin, « sur les animaux se déplaçant dans les rues, sur les arbres ondulant leurs feuilles, ils ont tout détruit, ils ont bombardé l’hôpital, les cliniques, nos maisons, l’infrastructure… » [1]

Aucune morale ni discipline ne semblent empêcher ce déchaînement de violence contre ce peuple tragiquement coincé entre le marteau de la guerre et l’enclume de la dictature.

Reprenant le témoignage d’un médecin ayant survécu à l’offensive, Amnesty International précise que 20 membres des services médicaux irakiens et des dizaines de civils ont été tués lorsqu’un missile a touché une clinique le 9 novembre.

Par ailleurs, malgré les difficultés d’accès des journalistes aux zones du combat et le caractère sélectif des reportages diffusés en public, les images de la télévision corroborent la réalité de cette violence contre les civils. A titre d’exemple, les médias ont diffusé des images où l’on voit un soldat américain achever un homme blessé dans une mosquée. Mais d’après les images de la chaîne Al-jazeera, les soldats américains ont achevé plusieurs blessés. Ladite chaîne a présenté des images d’une mosquée où l’on peut voir plusieurs personnes blessées dont un vieillard adossé contre le mur.

Les mêmes images ont été retransmises juste après la sortie des soldats américains de la mosquée. On y voit les mêmes blessés achevés, le vieillard saignait des yeux et autour de lui les impacts de balles et d’obus sur le mur. Ce qui prouve qu’ils n’ont pas achevé un seul blessé mais plusieurs blessés.

Rappelons que la ville de Falloujah n’en est pas à sa première tragédie : le 29 avril 2003, des soldats américains avaient ouvert le feu sur des manifestants qui exigeaient la réouverture d’une école, faisant 17 morts et de nombreux blessés. C’était le début de l’escalade. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, les forces américaines lancent des raids, fouillent des maisons, tirent sur les fidèles dans les mosquées [2]. Partout se répètent les mêmes scènes de violence : à Bagdad, Ramadi, Samarra, Koufa, Karbala, Latifiya, Nadjaf [3].

On est bien loin de la guerre chirurgicale dont se targue Georges W. Bush qui n’a de cesse de promettre au peuple irakien que toutes les mesures seront prises pour épargner la vie des innocents.

Dans un message télévisé le 10 avril 2003, il affirme : « Les États-Unis et leurs partenaires de la coalition respectent le peuple irakien. Nous sommes en train de prendre des mesures sans précédent pour épargner la vie des citoyens irakiens innocents ».

Depuis le début de la guerre en Irak, on évalue à plus de cent mille le nombre de morts.

D’après le secrétaire d’Etat chargé de la sécurité nationale, Kassem Daoud, plus de 2 085 personnes sont mortes lors des opérations militaires à Fallouja et plus de 1 600 autres sont en détention. Ce dernier déclare être dans l’impossibilité d’identifier les morts. “Nous avons un problème quant à l’identification des morts dont la plupart ne portent aucune pièce d’identité. Et, en fait nous n’arriverons pas à les identifier”. Il n’a pas précisé combien d’insurgés ni combien de civils se trouvaient parmi les victimes [4]. Cette déclaration contredit celle des soldats américains qui prétendent que les morts sont des insurgés. Mais les témoins oculaires affirment que les victimes sont des civils composés en majorité de femmes, d’enfants et de vieillards.

De la sorte, les soldats américains et irakiens violent les Conventions de Genève et les règles de la guerre. Des crimes sont perpétrés au vu et au su du monde entier. Plusieurs chaînes de télévision ont montré des faits éminemment caractéristiques de violations du droit international. On peut citer entre autres la torture, l’exécution délibérée des blessés, la destruction des biens culturels et des lieux de culte, tels que les mosquées, les églises, les temples babyloniens, les attaques contre les hôpitaux et les cliniques, ainsi que les engins de transport civils, le massacre des populations civiles, la non protection des femmes et des enfants, le bombardement et le dynamitage des maisons d’habitation, les attaques contre les médias.

Ces actes sont légalement qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Les « rebelles » sont également coupables de crimes commis à l’encontre d’innocents, notamment parmi les journalistes et le personnel des Nations Unies et des organisations humanitaires. Cependant, on ne peut mettre des hors-la-loi sur un même pied d’égalité avec des éléments d’une armée gouvernementale censés représenter la loi et l’ordre et disposant de tous les moyens de répression et de contrainte légales.

Bien que les « rebelles » invoquent le prétexte de résistance légitime à une occupation illégitime, rien ne peut justifier les actes criminels perpétrés à l’encontre d’innocents, qu’il s’agisse d’étrangers ou de nationaux. Il n’est pas exclu que de tels actes, en particulier les prises d’otages et les assassinats d’innocents, soient le fait d’individus incontrôlés mus par un diabolique désir de semer le chaos et de nuire à l’Islam. Dans tous les cas, on ne peut pas dire, que les rebelles, insurgés, terroristes ou résistants légitimes, opèrent dans l’impunité. Ils sont confrontés au risque de répondre de leurs actes devant la justice partout où ils seraient appréhendés. Ils sont la cible de toutes les polices du monde, et ne sont pas à l’abri de la justice pénale internationale, contrairement aux soldats américains qui ne peuvent être jugés que par les juridictions de leur pays, échappant totalement à la compétence de la Cour pénale internationale. Pourtant, les uns et les autres commettent les mêmes crimes (viols, torture, massacres) relevant de la compétence de cette Cour. Eu égard au principe de l’égalité devant la loi, il n’y a aucune raison de juger les uns et d’exempter les autres.

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Les États-Unis ont tout fait pour soustraire leurs ressortissants à la justice internationale :

1 – Le 12 juillet 2002, ils ont obtenu le vote par le Conseil de sécurité des Nations Unies de la résolution 1422, qui soustrait à la compétence de la CPI, les soldats d’Etats n’appartenant pas à la CPI. Dès lors, celle-ci ne pourra plus juger les soldats américains qui se rendraient coupables, au cours de leur participation à une opération de maintien de la paix dans le cadre de l’ONU, de crime de guerre, de crime de génocide et de crimes contre l’humanité.

Cette résolution a été reconduite pour un an le 12 juin 2003 (résolution 1487 du conseil de sécurité) et ce, malgré l’opposition de nombreux Etats, appuyés par les ONG. Dans le même temps, le Conseil de Sécurité a exprimé son intention de reconduire le 1er juillet de chaque année pour une période de douze mois la même résolution.

2- Les États-Unis s’emploient également à conclure avec les Etats des accords d’immunité tendant à faire échapper les Américains à la compétence de la CPI. Au terme de ces accords, les Etats devraient s’engager à ne pas livrer à la CPI les citoyens américains. En dépit des pressions exercées par Washington, un grand nombre d’Etats ont refusé de conclure pareils accords. Fort heureusement, la plupart des accords qui ont été conclus, n’ont pas été ratifiés et ne sont donc pas applicables. Les Etats de l’union européenne ont motivé leur refus par le fait qu’ils ne veulent pas affaiblir la CPI ni légitimer l’impunité, ni favoriser une justice à deux vitesses.

Ces accords sont de nature à entraver le bon fonctionnement de la Cour Pénale Internationale. En réduisant le champ de compétence de cette juridiction, ils favorisent non seulement la marginalisation de celle-ci, mais encore l’impunité et, partant la recrudescence des crimes de droit international les plus graves.

C’est la raison pour laquelle, plus de 1000 ONG du monde entier, regroupées au sein d’une formation appelée : coalition pour la Cour Pénale internationale [5], mènent une lutte acharnée pour empêcher la conclusion des accords en question, contrecarrer les manœuvres tendant à fragiliser la Cour, promouvoir l’acceptation et la ratification du statut de Rome , et enfin pour renforcer le réseau mondial des organisations qui soutiennent ladite juridiction.

 

Notes :

[1] Site Islam-online

[2] L’Express du 15/11/2004

[3] Cf notre article : le brasier irakien, revue Al-Maidane : http://membres.lycos.fr/forumbismillah/SPIP/article.php3 ?id_article=92

[4] Le Monde du 25 novembre 2004

[5] La coalition, fondée en 1995, a joué un rôle majeur dans la création de la CPI

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