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Le rôle des médias dans le dialogue entre islam et Occident

Les relations fluctuantes entre les mondes musulman et occidental semblent plus difficiles à présent, surtout depuis les attaques sur le World Trade Center à New York le 11 septembre 2001. Immédiatement après la tragédie qui a provoqué des milliers de morts et d’autres milliers de blessés, des condamnations ont émergé du monde entier. Peu après, les médias occidentaux ont débuté ce qu’on a appelé la « guerre des opinions » et qui avait tendance à accuser les musulmans sans réserves pour les attaques.

En citant sans cesse le président américain George W. Bush, les médias occidentaux sont devenus un catalyseur de la colère contre l’islam qui était, sans contestation, la religion des suspects des bombardements. En réponse, les médias dans de nombreux pays musulmans ont contre-attaqué en mobilisant les réactions négatives sur tous les sujets relatifs au monde occidental. La suspicion, la méfiance, la colère et la haine se sont subitement répandues entre ces deux différentes civilisations.

A part présenter de manière répétée des actualités sur le grand sujet de « l’islam et la violence » en employant des mots tels que « terroriste islamique », « intégriste », « extrémiste », « islam radical » ou « musulman militant », les médias occidentaux sont aussi devenus les instruments clés d’une campagne pour « la Guerre mondiale contre le terrorisme ». Entre-temps, de très nombreuses soi-disant contre-attaques militaires ont été lancées dans les pays musulmans, comme en Afghanistan et en Irak. Les médias occidentaux se sont aussi impliqués sur ces fronts en envoyant plusieurs journalistes faire des reportages en direct sur la destruction des réseaux terroristes effectuée par les opérations militaires occidentales. Depuis, il semble que l’ancienne « guerre sainte » des musulmans contre les chrétiens a cédé la place à la guerre des « médias occidentaux contre les terroristes musulmans ».

En tant que membre de la communauté mondiale, les médias indonésiens ont également absorbé la couverture médiatique occidentale, qui avait tendance à être de plus en plus anti-islam. Les préjudices et la haine entres les musulmans et les occidentaux en Indonésie se sont renforcés, surtout après le premier attentat à Bali en octobre 2002. Bien que la plupart des médias indonésiens tentent de présenter des nouvelles équilibrées et prudentes, certains ont essayé de faire monter la colère des musulmans indonésiens envers l’Occident. Ce genre de médias a aussi présenté des articles d’analyse qui soutenaient les musulmans et critiquaient les chefs occidentaux, interviewaient des personnages musulmans indonésiens qui soutenaient l’attaque et qui soutenaient même de futures attaques « djihadistes » du même genre.

Ces temps-ci sont très difficiles pour les médias en Indonésie, car ils sont impliqués dans un conflit d’intérêt entre l’islam et l’Occident. Il est difficile pour les médias de présenter des nouvelles et des opinions équilibrées et justes, car la majorité du public en Indonésie est musulmane. Beaucoup de médias veulent plaire à leurs lecteurs musulmans et, par conséquent, certains médias indonésiens choisissent délibérément de devenir des partisans des voix musulmanes.

Lorsque des conflits ethniques et religieux ont eu lieu à Ambon (1999), Poso (2000), Sampit (2001) et Aceh (1989-2005), certains médias indonésiens sont devenus des moyens stratégiques de communication publique pour des groupes musulmans. Plutôt qu’agir en tant qu’agents médiateurs et transformateurs du conflit, certains médias—dans la presse et sur internet—se sont en fait impliqués dans la dissémination d’idées et de langage provocateurs. L’expression d’un journaliste bosnien selon lequel « le journaliste qui se cache derrière des stylos et des microphones pour proposer des guerres est en fait plus malfaisant que les personnes qui s’entre-tuent » sonne vrai et s’est certainement appliquée à l’Indonésie à ce moment donné.

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En maintenant une position indépendante et à l’écart des préjugés religieux, les médias peuvent en fait jouer un rôle important pour encourager le dialogue entre le monde musulman et occidental. En créant des occasions pour un dialogue public équilibré, en partageant la fraternité et en élargissant l’espace pour la tolérance dans leur couverture des nouvelles, les médias peuvent combler le fossé et encourager le besoin commun de vivre côte à côte en paix.

Tout comme le public a besoin d’une atmosphère de dialogue solide, les médias ont aussi besoin de journalistes professionnels et mûrs. Les médias et leurs journalistes devraient obéir au code de déontologie du journalisme, maintenir des sources d’information avec précision, rechercher des personnes compétentes comme ressources et écrire leurs rapports en employant des techniques professionnelles de couverture médiatique.

Il est intéressant de noter qu’un journal indonésien a récemment été nommé le média le plus populaire par un institut de recherches à cause de son reportage prudent et contre la violence. Ce journal, qui publie sûrement des reportages sur les mêmes questions de conflit entre les mondes musulman et occidental en Indonésie, n’offre en aucun cas une couverture pro-occidentale ni d’ailleurs pro-musulmane.

En réponse à une question sur la raison pour laquelle son journal a choisi ce style de reportage impartial, un journaliste de longue date a répondu, « Nous essayons seulement d’écrire avec intégrité et d’écarter les préjugés de nos messages. Nous courrons le risque d’être jugés lâches, de ne pas être engagés ou parfois même d’être contre l’islam par la majorité de nos lecteurs car nous ne faisons preuve d’aucun favoritisme envers eux. Nous appliquons seulement notre conviction que les médias ne devraient être impliqués dans aucun conflit ».

C’est peut-être cela le rôle des médias dans l’ère du « choc des civilisations » : un convoyeur de messages équilibrés, constructifs et orientés vers des solutions entre les mondes musulman et occidental. En outre, alors que les relations entre ces deux mondes sont volatiles, les médias devraient créer un espace de dialogue honnête, égalitaire et transparent pour le public. Les médias ne devraient pas se concentrer sur le conflit lui-même mais sur la création d’un dialogue pacifique et sur l’usage de moyens n
on violents pour résoudre les conflits et alléger les tensions. Ce faisant, nous espérons que les médias joueront un rôle important pour encourager le dialogue entre les musulmans et l’Occident.

En partenariat avec le CGNews

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