A l’heure où les arrestations s’enchaînent, où les têtes tombent, c’est au tour d’un prescripteur influent de la médiasphère Larbi Nasra, propriétaire de la chaîne de télévision privée Hannibal, et de son fils Mahdi, marié à une proche de la dame de fer de la Tunisie, Leila Trabelsi, de se voir conduits manu militari à la case prison, sous le gravissime chef d’inculpation de “haute trahison et complot contre la sécurité de l’Etat“.
Dans les petits papiers du pouvoir, Larbi Nesra fut le précurseur de la privatisation télévisuelle en Tunisie, à travers la création d’Hannibal en février 2004, un nom de baptême faisant référence au grand stratège carthaginois Hannibal Barca, qui lui porta manifestement bonheur au vu de la grande popularité de ses programmes au ton alors inédit, allant de la couverture des événements sportifs aux talk-shows.
Mais la grande histoire ne retiendra certainement que la vaste entreprise familiale de démolition du pays, un chant du cygne mortifère qui ne s’est pas résolu à voir Ben Ali s’envoler à tire-d’aile, et qui a riposté en adaptant la politique éprouvée de la terre brûlée au média télévisuel : “Larbi Nasra œuvrait par le biais de sa chaîne à faire avorter la révolution, semer la désordre, inciter à la désobéissance et à la diffusion de fausses informations dans le but de créer un vide constitutionnel et de saboter la stabilité du pays “, a indiqué l’Agence tunisienne de presse.
Une contre-révolution d’une extrême perfidie, pour qui le retour triomphant du dictateur honni valait bien une anarchie dévastatrice ourdie et télécommandée via le tube cathodique.
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