Leur souvenir encore vivace laissé par la nature outrageante de leurs coups de crayon s’efface tout doucement, au fil des neuf années qui se sont écoulées depuis leur publication incendiaire dans le journal danois Jyllands-Posten, les 12 caricatures ignominieuses qui ont porté gravement atteinte au Prophète (saws), inspirant un excès de caricatures cynique et irresponsable à des tristes sires de la satire, tels que Charlie Hebdo en France, appartiennent au passé pour la communauté musulmane du Danemark, résolue à tourner la page pour écrire un nouveau chapitre sous le signe de l’apaisement.
Laissant derrière eux cet épisode funeste ainsi que ses ricochets infâmes sous couvert d’une liberté d’expression tombée bien bas, les représentants de l’islam danois espèrent entrer dans une nouvelle ère, propice à la concorde religieuse et nationale, en inaugurant la première grande mosquée du pays, flanquée de son minaret, au cœur de Copenhague, dans un couper de ruban hautement symbolique.
Sorti de terre, non sans mal, et surtout grâce à la manne providentielle du Qatar qui a injecté la somme rondelette de 20 millions d’euros, ce grand complexe qui abrite dans 6 700 m² de superficie, outre un majestueux lieu de culte, un centre culturel, un studio de télévision et une salle de sports, s’est heurté à de nombreuses querelles passionnelles avant de se matérialiser, attisées par une extrême droite rageuse, la DPP, et son tribun vindicatif, Kristian Dahl Thulesen, qui ont notamment chauffé à blanc les esprits des riverains.
"Grâce à cette structure unique à l'échelle nationale et de par sa vocation même, nous souhaitons à l’avenir prévenir et éviter les conflits, tels que celui provoqué par les caricatures du Prophète, parce qu'elle a pour but essentiel de créer le dialogue et de privilégier le respect, la connaissance et l’entre-connaissance", plaide sans relâche Mohamed Al Maïmouni, porte-parole du Conseil islamique du Danemark, propriétaire de la mosquée, après avoir été confronté à la blessante désaffection de la classe politique danoise qui a brillé par son absence lors de la cérémonie inaugurale.
Contrairement aux grandes figures religieuses nationales, représentant l’Eglise protestante luthérienne et le judaïsme, qui ont répondu présent à l’inauguration, aucun responsable politique n’a daigné honorer de sa présence l’événement que constituait l’ouverture officielle de la première mosquée de la deuxième religion du pays, certains usant de faux-fuyants, d’autres préférant le franc parler, en signe d’une réprobation unanime envers l’argent du Qatar, qui sent manifestement le soufre, et son influence présumée et redoutée.
Des jugements à l’emporte-pièce et des déductions hâtives contre lesquels Mohamed Al Maïmouni s’est inscrit en faux, réaffirmant avec force que le Conseil islamique du Danemark est connu pour "sa compréhension modérée de l’islam", ainsi que pour sa "philosophie islamique basée sur l'ajustement à la société environnante, en l’occurrence, occidentale, européenne et danoise", clamant sur le même ton mais peut-être en prêchant dans le désert : "Nous considérons que l’apport financier du Qatar est un don généreux, qui est venu à temps, après que nous ayons sollicité en vain d’autres pays musulmans, mais pour autant, nous ne sommes en rien impliqués dans la politique du Qatar et nous n’avons rien à voir avec la situation extérieure."
A l’heure où les musulmans du pays des fjords aspirent à dresser des passerelles entre tous, l’extrême droite danoise électrisée met tout en œuvre pour saborder leur projet de la réconciliation dans une surenchère de critiques caricaturales qui rappelle que si de l’eau a coulé sous les ponts depuis ce sombre 30 septembre 2005, le dénigrement de l’islam n’a rien perdu de sa férocité ni de sa constance.
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