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La mosquée de Cognac, en Charente, souillée par des tags islamophobes

La mosquée Es-selem de Cognac, en Charente, vient allonger la liste interminable des lieux de culte musulmans profanés par des tags islamophobes toujours aussi menaçants, orduriers et fascisants, plongeant une fois encore les fidèles du coin, la stupeur passée, dans la consternation teintée d’anxiété.

Une anxiété qui n’a cessé de croître au fil des mois, à l’aune d’un double constat qui fait froid dans le dos : plus aucune mosquée, sur le territoire national, n’est à l’abri de la fureur raciste d’extrémistes qui restent étonnamment insaisissables, passant à travers les mailles du filet des autorités, plus promptes à s’indigner qu’à enrayer cette escalade de dégradations qui sont pourtant une tache sur les valeurs républicaines.

C’est dans la nuit de lundi à mardi que la mosquée de Cognac a eu le triste privilège d’entrer dans les annales locales en devenant la première mosquée de Charente à être la cible de graffitis ignobles, comme l’a déploré Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie au sein du CFCM.

A l’aube, les fidèles ont été soumis à un état des lieux glacial : après avoir eu la désagréable surprise de lire l’inscription « A mort les bougnoules » sur la porte d’entrée des femmes, ils ont découvert non sans effroi des tranches de porc et de saucisson, ainsi que des affichettes illustrant des têtes de cochon dispersées sur les marches, une croix gammée et une croix chrétienne peintes sur les murs, et pour couronner le tout, la plaque de la mosquée entièrement taguée, après que les vandales aient tenté de l’arracher. Dès le mardi matin, avec le consentement du président de l’association, quelques fidèles ont tout nettoyé à l’eau de javel.

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Une plainte a été déposée au commissariat mercredi par un membre de  l'association de la mosquée, a précisé Abdallah Zekri, qui a analysé cette énième dégradation d’un lieu de culte musulman en l’imputant  à un "climat mauvais", mais aussi à "certains débats comme celui sur le foulard dans les universités". "Ce que je dénonce, c'est la réalité du voile qu'on veut mettre devant le visage des Français pour leur cacher la réalité de la crise actuelle, et le discours de certains hommes  politiques n'est pas fait pour arranger les chosesOn veut toucher au vivre ensemble, alors qu'il y a de très bonnes  conditions de travail entre chrétiens, musulmans et juifs", s’est-il indigné dans les colonnes de la Charente Libre. 

Il a également souligné "l'inquiétude de la communauté musulmane" à l'idée que l'on puisse assimiler l'islam aux évènements d'Egypte ou de Syrie. "On donne  l'impression que l'islam, c'est la violence, la tuerie, alors que pas du tout", a-t-il conclu.

En Charente, l’angoisse a étreint toute la communauté musulmane et la vigilance est plus que jamais de mise. "C’est la première fois qu’une mosquée est visée en Charente. C’est inquiétant. On sent que le climat islamophobe monte. On est vigilant. En plus là, ils se sont attaqués à une communauté très discrète, qui ne fait jamais parler d’elle", a confié le président du conseil régional du culte musulman, l’Angoumoisin Kader Bouzza, qui n’hésiterait pas, en pareilles circonstances, à recourir à la vidéo surveillance si les frais d’installation n’étaient pas aussi onéreux.

Dans le malheur qui les frappe, les musulmans charentais ont certainement accueilli avec émotion les paroles de réconfort prononcées par l’évêque d’Angoulême, Monseigneur Dagens, qui s’est immédiatement insurgé contre cette agression qualifiée d'« inadmissible », « à cause de la  haine et du rejet qu’expriment ces inscriptions. À Cognac comme à Angoulême, les Musulmans qui sont parmi nous sont dignes de respect. Je leur exprime de tout cœur, au nom de l’Église catholique, ce respect, avec ma confiance et mon amitié personnelle»,a déclaré ce dernier.

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