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La Bundesbank et son trublion anti-musulmans

Quand l’incitation à la haine anti-musulmans souffle depuis le sommet de la pyramide institutionnelle, elle suscite d’autant plus d’émoi qu’elle se drape dans une respectabilité difficile à décrier, et qu’elle bénéficie d’une surmédiatisation non moins difficile à enrayer.

Thilo Sarrazin peut se targuer de créer l’événement livresque de la rentrée en Allemagne. Grisé par le venin de sa diatribe, l’ancien sénateur SPD de Berlin, et actuel membre de l’honorable Banque centrale, s’est laissé aller à la théorie du chaos imputable à la communauté musulmane, dans un ouvrage qui fait déjà couler beaucoup d’encre et de salive.

Sous un titre qui glacerait le plus serein de ses concitoyens « L’Allemagne court à sa perte », Thilo Sarrazin a enfoncé des portes ouvertes, laissant la nuance au seuil de sa pensée pour s’enfoncer dans la calomnie la plus pernicieuse. Noircir le trait avec délectation, telle semble être la mission que s’est assigné celui qui devrait raison garder au nom de l’autorité morale qu’il incarne au sein du directoire de la Bundesbank, et qu’il bafoue sous une plume acrimonieuse.

Dans la grande litanie de l’effroi, Thilo Sarrazin passe tout en revue, n’oubliant aucun cliché orientaliste : l’Allemagne est menacée par les immigrés, notamment les Musulmans. Moins intelligents (puisque moins formés), ils vivent au crochet de l’Etat et grâce à leur taux de fécondité plus élevé, seront bientôt majoritaires en Allemagne, selon le Monde.fr. “Je ne voudrais pas que le pays de mes petits-enfants et arrière-petits-enfants soit en grande partie musulman, qu’on y parle surtout turc et arabe, que les femmes soient voilées et que le rythme de la journée soit déterminé par les appels du muezzin. Si c’est cela que je veux vivre, je peux réserver un voyage pour l’Orient” se répand le nouveau trublion allemand.

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Gênée aux entournures, la sphère politique commence à donner de la voix pour disqualifier les élucubrations d’un directeur de conscience très embarrassant, à l’instar de la chancelière Angela Merkel, et du leader du SPD (parti social-démocrate) qui se passerait volontiers de ce partisan devenu brebis galeuse.

Plus circonspecte et tactique, la Bundesbank louvoie et tente de noyer le poisson, tant il est ardu de débarquer un de ses six sages, les griefs reprochés à son agitateur maison devant être préalablement soumis à la délibération du directoire puis au gouvernement. Et l’on imagine aisément qu’une telle révocation ferait tache dans la vénérable citadelle bancaire, ce qui assure à Thilo Sarrazin une jolie prime à l’impunité…

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