Mgr Jacques Gaillot vient de mourir. Il avait 87 ans, et a mené jusqu’à la fin de sa vie des combats admirables pour la dignité humaine.
Président de Droits Devant !, association animée par Jean-Claude Amara, défenseur des sans-papiers, des opprimés, et notamment de la cause palestinienne, Jacques était infatigablement de toutes les mobilisations.
Aux côtés de notre association, il a défendu les droits des Palestiniens en France, en Palestine (Noël 2010), et même en Égypte, où il a dormi par terre avec nous pendant 8 jours devant l’ambassade de France au Caire, pour protester contre le refus de nous laisser entrer à Gaza, en décembre 2009.
Jacques n’avait pas froid aux yeux. Quelles que fussent les opinions de la hiérarchie ecclésiastique, il était Inébranlable dans ses principes.
Il soutenait ainsi fermement le boycott d’Israël, et dans les moments difficiles, était toujours au premier rang.
Jacques Gaillot avait pris la peine d’envoyer, en novembre 2015, la lettre suivante à Stéphane Lissner, directeur de l’Opéra Garnier de Paris, quand il avait appris que ce dernier allair accueillir à l’Opéra Garnier de la troupe israélienne de danse, Batsheva :
Monsieur le directeur de l’Opéra de Paris,
J’ai appris que vous aviez invité la troupe de danse israélienne Batsheva à se produire à l’Opéra en janvier prochain. Ces danseurs ont la chance de pouvoir circuler librement et d’exercer leurs talents à l’Opéra. Ce que ne peuvent pas faire des danseurs palestiniens, car ils en sont empêchés ou emprisonnés. Leur culture est bâillonnée. La situation faite aux Palestiniens est dramatique. Ils subissent l’injustice au quotidien. Tant que leurs droits seront bafoués, la paix s’éloignera.
C’est pourquoi je reçois votre invitation des danseurs israéliens comme un affront.
Mais je garde le secret espoir que les représentations des ballets seront annulées.
Si c’était le cas, vous donneriez une chance à la paix et les Palestiniens garderaient l’espoir.
Merci de laisser l’avenir ouvert.
Respectueusement et fraternellement. »
Jacques Gaillot
Evêque de Partenia
Ci-dessous le communiqué de Mgr Jacques Gaillot lors de la victoire du BDS à la CEDH , en 2020:
Victoire historique d’un boycott
La Cour européenne des Droits de l’homme vient de donner entièrement raison à 12 militants de Mulhouse. C’est une magnifique victoire qui rend heureux tous les militants qui luttent depuis des années pour le boycott d’Israël. Les « 12 » de Mulhouse se sont montrés courageux et déterminés. Ils n’ont pas craint d’aller jusqu’au bout de leur lutte ! Leur parcours est exemplaire.
Condamnés par la Cour de cassation en 2015 pour avoir appelé en 2010 au boycott des produits israéliens, les 12 saisissent alors la Cour européenne des Droits de l‘homme. Ils ont gagné. C’est incroyable ! Alors nous crions avec eux : « On a gagné ! ». Leur victoire devient la nôtre.
Aujourd’hui, il y a des menaces d’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie. L’annexion, c’est prendre un territoire par la force et le déclarer sien. Ce n’est plus un territoire occupé, c’est un territoire annexé. Au mépris du droit international.
Ces menaces d’un régime colonialiste et raciste, provoquent aussitôt la résistance des Palestiniens et la nôtre. C’est pourquoi un appel unitaire à une manifestation nationale est prévu le samedi 27 juin à Paris pour la Palestine et contre l’annexion.
Palestine vivra !
Jacques Gaillot, Evêque de Partenia
Jacques Gaillot rendait visite à des prisonniers et récemment avait tenu à rencontrer Georges Abdallah dans sa prison de Lannemezan.
En octobre 2022, il faisait le déplacement en car à Bruxelles avec des centaines de jeunes militants pour protester contre la politique pro-apartheid de la commission européenne.
Il y a quelques mois à peine, il intervenait encore lors de nos rassemblements pour la Palestine à Paris, et refusait systématiquement de s’asseoir.
Dans son livre « Carnet de Vie », qu’il présenta notamment à la librairie Résistances en juin 2010, on retrouve l’homme charismatique et provocateur à souhait sous ses dehors bon enfant. L’évêque de Partenia, d’un humour à toute épreuve, nous conte ses expériences, ses impressions de voyage, et ses rencontres.
Jacques Gaillot a écrit une vingtaine de livres, dont « Coup de gueule contre l’exclusion » (Ramsey, 1994), l’ouvrage qui a servi de prétexte à sa destitution par Rome.
Pour celui qui a fait le choix des plus démunis, aucun combat n’était exclu : l’Algérie pour laquelle il signa le Manifeste des 121 (qui affirmait le droit à l’insoumission des jeunes français contre la sale guerre), Cuba, Gaza…. et bien entendu les sans-papiers, en tant que président de l’association Droits-Devant !
Son site internet Partenia avait connu des records de fréquentation. Traduit en 7 langues, il conjuguait carnets de route et analyses de l’actualité.
Jacques va beaucoup nous manquer.
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