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Israël prive de visa les conjoints étrangers de Palestiniens

La Suissesse Anita Abdullah a été mise devant le fait accompli par les Autorités israéliennes : elle devait quitter avant le 1er décembre 2006 la ville de Ramallah, dans les Territoires occupés, où elle habite depuis 1994 avec son mari Ghassan, avec le risque ne plus pouvoir y revenir. Elle a décidé de rester. En conséquence, elle ne peut plus voir le reste de sa famille, trois de ses enfants et quatre petits-enfants domiciliés à Genève, un autre fils, installé à Londres, et surtout sa mère, âgée de 92 ans. Anita, née Grossmann, est originaire de la ville de Bâle, en Suisse alémanique, mariée depuis 28 ans à un Palestinien. Ils se sont connus au Liban. Comme des milliers d’autres femmes étrangères, vivant en Cisjordanie ou à Gaza, cette Suissesse se heurte à l’Etat d’Israël, qui refuse dorénavant tout visa pour les personnes soupçonnées d’une résidence permanente dans les Territoires occupés. Sur le passeport suisse d’Anita Abdullah, le ministère de l’Intérieur israélien a carrément inscrit : « Dernier visa ».

Avant cela, la situation n’était guère idyllique pour les conjoints étrangers de Palestiniens. Anita Abdullah devait faire renouveler son visa touristique tous les 3 à 6 mois, en partant et en revenant « pour se conformer à la “loi“ israélienne qui est appliquée dans les Territoires palestiniens occupés », raconte Ghassan Abdullah sur le site « Right To Enter » (1). « J’ai décidé de rester après l’expiration de mon visa et de me défendre devant la justice israélienne. Je reçois chaque jour près d’une dizaine d’appels d’étrangers qui se retrouvent dans la même situation que moi, alors que la plupart d’entre eux sont palestiniens de naissance », souligne Anita Abdullah, jointe par téléphone la semaine dernière à Ramallah. Il ne s’agit pas seulement de femmes mariées à des Palestiniens, mais aussi d’enseignants, de chercheurs, de salariés d’ONG, et même d’experts travaillant sur des projets financés par les pays européens. Sans parler des Palestiniens, bénéficiant d’autres passeports, notamment jordaniens, et qui se retrouvent expulsés de leurs propres terres…

« Je suis un expert en informatique, j’ai 64 ans, Anita, 60 ans, est chercheur à l’institut de santé publique de l’université de Birzeit. Nous ne menons pas d’activités politiques. Nous ne représentons pas un danger pour la sécurité d’Israël », s’indigne Ghassan Abdullah, alors que la neige tombe sur la ville de Ramallah. «  J’espère que le froid va faire tomber la température politique », ajoute-t-il. Ghassan Abdullah raconte qu’il y a quelques mois déjà leur fille, munie d’un passeport suisse, qui venait leur rendre visite, « a été retardée pendant six heures à l’aéroport de Tel-Aviv et a eu droit à un interrogatoire serré lorsqu’elle a atterri »

La campagne « pour le droit d’entrée dans les territoires occupés estime à 35 000 le nombre de Palestiniens américains vivant en Cisjordanie, auxquels s’ajoutent 10 000 Palestiniens possédant d’autres passeports (suisse, allemand, français, espagnol…). « Cette situation nous préoccupe tout particulièrement, d’autant qu’une autre Suissesse rencontre les mêmes difficultés. Le secrétaire d’Etat Michael Ambühl a abordé ce problème avec les autorités israéliennes lors de son récent voyage dans cette région », affirme Lars Knuchel, porte-parole du Département fédéral (ministère suisse) des Affaires étrangères. La Suisse, qui possède en plus de son ambassade à Tel-Aviv un bureau de liaison auprès de l’Autorité palestinienne, a décidé, dans ce dossier sensible, de faire front commun avec l’Union européenne.

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« Pour pouvoir se battre comme moi devant la justice israélienne, il faut avoir de l’argent. Il faut débourser au moins 2500 dollars pour un avocat. Nous nous organisons en Cisjordanie. En revanche, il est très difficile d’avoir des contacts avec Gaza. Pour eux, la situation est pire, ils ne peuvent ni entrer ni sortir », commente encore Anita Abdullah.

1*) www.RightToEnter.ps. « I want to keep my wife ! » (Je veux garder ma femme ! ).

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