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Interview exclusive Tariq Abdul-Wahad : Nous avons un devoir de solidarité à l’égard de nos frères palestiniens !

Affublés de leur statut de vedettes musulmanes emblématiques d’une intégration par le show-biz, nos coreligionnaires musulmans confinés jusque là dans un rôle de bouffons exotiques qui sent bon la banlieue, ou encore dans celui de chanteurs de rai aux ritournelles consternantes plus proches des contes des milles et un bruit, mais jugés suffisamment crédibles pour être présentés à un public hexagonal friand de clichés d’un orientalisme vidé de sa saveur authentique, semblent donc soudainement frapper d’une amnésie identitaire. Il est vrai malheureusement, que le succès n’enfle que les têtes à défaut d’enfler les cerveaux si microscopiques de quelques-uns d’entre eux. Mais nos ’’stars musulmanes’’ sont-elles à ce point dénuées d’esprit de solidarité pour n’avoir ne serait-ce que le moindre mot de compassion pour le massacre des enfants palestiniens, ou plutôt faut-il expliquer leur silence effarant par la crainte d’un retour rapide pour certains, dans la pénombre de leurs banlieues loin des projecteurs de la gloire qui illuminent leur façade de clown de service, comme à l’époque des affiches coloniales sur lesquelles souriait un africain qui amusait la galerie avec son expression fétiche : ’’Y A BON BANANIA’’ ?

Quant à nos très ’’éveillés’’ chanteurs de rai, redoutent-ils également avec angoisse d’atteindre le tréfonds des hits parade, synonyme d’une disgrâce, qui les réexpédierait définitivement avec un aller simple vers leur condition initiale d’apprentis saltimbanques qui poussaient la chansonnette aux sons des derboukas et des’’ youyous’’ dans les folklores dits ’’musulmans’’, à l’occasion du mariage de la voisine ou de la circoncision du petit cousin ?

Leurs attitudes tranchent complètement avec celles des Bruel, Boudjenah, Arcady et autres Macias, qui ne s’embarrassent guère de ce genre de bagatelles, dès lors qu’il s’agit de monter au créneau pour la défense d’un Etat d’Israël surpuissant, mais ’’menacé’’ par des  jets de pierres d’enfants.

Devant ce tableau d’étoiles éteintes qui brillent par leur absence, il demeure néanmoins des personnalités musulmanes pour qui l’exigence de justice dictée par des principes humanistes confortés par la foi en Dieu, prime sur tout projet de carrière, si ambitieux soit-il. Djamel Bouras par exemple, et bien sûr Tariq Abdul-Wahad avec qui nous nous sommes entretenus, portent très haut les valeurs universelles de l’Islam qu’ils revendiquent en toute fierté. Fidèle à lui-même, le verbe tranchant, serein dans ses convictions, Tariq nous fait part de son émotion et de sa perception des événements en Palestine occupée.

 

 

 

 

 

 

 

Comment ressens-tu les événements actuels en Palestine occupée ?

 

Je suis bien sûr particulièrement touché par cette violence que subissent nos frères palestiniens. La répression sanglante dans les territoires occupés est venue nous rappeler douloureusement que la paix à laquelle certains naïfs croyaient n’était qu’une pure illusion. Les Palestiniens subissent actuellement un véritable massacre.

 

Tu n’as jamais cru à cet espoir de paix ?

 

Depuis la signature des accords d’Oslo qui se sont traduits par d’immenses concessions de la part des palestiniens, les différents gouvernements qui se sont succédés en Israël ont toujours cherché à obtenir davantage de concessions de la part des Palestiniens sans leur offrir de contre partie acceptable. Les Palestiniens ont reconnu l’Etat d’Israël, mais ce dernier a multiplié les obstacles pour la création d’un Etat Palestinien indépendant. Sans compter la poursuite de colonies juives qui s’est, accélérée ces dernières années dans les territoires palestiniens.

 

Pour en revenir à la répression, comment réagis-tu à certaines déclarations de personnalités d’origines juives en France, qui affirment que les Palestiniens envoient leurs enfants à la mort ?

 

C’est à la fois honteux et ridicule ! Ce type de propos vise à justifier l’injustifiable, à savoir le massacre d’enfants, dont une majorité d’entre eux a moins de 15 ans. Les enfants palestiniens vivent dans la misère la plus totale. Il y a une grande promiscuité dans les logements. Les Palestiniens ne vivent pas à 3 personnes dans 100 m2. Plusieurs familles cohabitent dans un espace réduit. Les territoires occupés sont d’ailleurs tous surpeuplés. Les enfants palestiniens ont été humiliés et écrasés depuis leur naissance. La révolte dans la rue est tout ce qu’il leur reste. Le jeune Mohamed Aldura qui a été canardé par les soldats israéliens était blotti dans les bras de son père, qui cherchait à le protéger. Cette image terrible démontre que l’armée israélienne n’hésite pas à tirer sur tout ce qui bouge, enfant ou adulte.

 

La désinformation ne se situe pas également à ce niveau ?

 

Tout à fait, on essaye de nous faire croire par exemple, qu’on assiste à un conflit équilibré. Alors que le rapport de force est complètement disproportionné. Il y a d’un côté l’armée israélienne qui est l’une des armées les plus puissante au monde, détentrice de l’arme nucléaire, et de l’autre côté les Palestiniens totalement seuls et démunis qui n’ont que les pierres pour seules armes. Bientôt, on nous affirmera aussi que les pierres tuent !

 

 

 

 

Malheureusement les Palestiniens sont seuls et ne doivent compter que sur eux-mêmes ?

 

Oui, ce qui est le plus révoltant, c’est que le massacre des palestiniens se déroule dans l’indifférence générale. La communauté internationale ne se mobilise en aucun cas pour arrêter ces massacres à l’image d’ailleurs de celui des musulmans tchétchènes. Ce qui n’était pas le cas, lors de l’invasion du Koweït en 1990, où une immense armada militaire a été mobilisée en un temps record pour en découdre avec l’Irak. Les enfants irakiens meurent aujourd’hui par milliers, victimes de cet ignoble embargo contre l’Irak. Ou sont ces bonnes consciences, ces défenseurs professionnels des droits de l’Homme qui s’indignent à sens unique !

 

 

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Comment la communauté musulmane américaine organise la solidarité à l’égard des Palestiniens ?

 

Les musulmans américains sont particulièrement mobilisés. Nous essayons de lutter avant tout contre la désinformation qui est plus grande ici qu’en Europe. Le citoyen américain moyen est sérieusement sous informé. Beaucoup d’américains ignorent par exemple, que l’aide financière des USA en faveur de L’Etat d’Israël est supérieure à l’aide financière américaine destinée à tous les Etats Africains confondus.

 

Comment luttez-vous notamment contre cette désinformation des médias aux USA ?

 

Nous essayons surtout d’apporter avant tout un éclairage historique à travers l’organisation de cours et de conférences débats. Car les jeunes générations se doivent de connaître l’histoire de la Palestine pour une appréciation plus juste des événements actuels dans les territoires occupés. La maîtrise des données historiques est un acte citoyen. L’éveil des consciences est à ce prix.

 

L’opinion publique semble en effet ignorer que ce conflit a des racines historiques ?

 

Exact. C’est ce que nous tentons d’expliquer. Il faut notamment revenir à ce jour du 29 novembre 1947 qui a vu le vote de la résolution 181 pour la partition de la Palestine. Mais aussi les différentes guerres Israélo-Arabes, et cette fameuse résolution 247 votée en novembre 1967,  qui exige le retrait de L’Etat d’Israël des territoires occupés. Il faut bien faire comprendre à tous ces jeunes que les événements actuels ne surgissent pas du néant. Ce peuple à qui on a arraché sa terre. Les massacres actuels de palestiniens, ne sont pas les premiers, n’oublions pas celui d’avril 1948 : le massacre de palestiniens du village de Deir Yassine par les terroristes israéliens de l’Irgoun. Il nous faut avoir un devoir permanent de mémoire.

 

Certains internautes sur le forum Allahouakbar.com ont été indignés par l’absence de réactions et de soutiens de la part des personnalités et vedettes musulmanes (hormis Djamel Bouras) contrairement aux artistes français d’origine juives ?

 

Djamel Bouras est un garçon doté d’une forte personnalité, que je respecte beaucoup et qui a le courage de ses idées. Ceci dit, je ne me permettrais pas de porter un jugement sur telle ou telle personnalité musulmane. Je répondrais seulement qu’en tant que musulmans, nous avons un devoir de solidarité à l’égard de ceux qui souffrent et qui subissent une injustice. Il est évident que lorsque que l’on est un personnage public, ce devoir de solidarité est encore plus grand.

 

Tu affirmes qu’en tant que musulmans, nous avons un devoir de solidarité…fais-tu une lecture religieuse de ce conflit ?

 

Certes, nous avons un devoir de solidarité en tant que musulmans, mais nous avons un devoir de solidarité en tant qu’être humain tout court. L’injustice interpelle tous les hommes. N’oublions pas que parmi les Palestiniens, il y a également des chrétiens.

 

Mais concernant la dimension religieuse du conflit ?

 

Ce conflit est avant tout politique, avec cette terrible injustice que vivent les Palestiniens depuis plus de 50 ans. Cependant la dimension religieuse n’est pas complètement absente. Jérusalem est une terre sainte et sacrée pour nous musulmans. Alors que du côté israélien, certains tentent de justifier religieusement l’occupation israélienne des territoires palestiniens en faisant une lecture extrémiste de la bible avec leur credo de ’’la terre promise’’. De toute façon, nous les musulmans savons faire la distinction entre sionisme et juif. Nous refusons toute généralisation, ainsi que tout amalgame qui sont toujours dangereux !

 

Une question plus personnelle, comme s’annonce pour toi cette reprise du championnat NBA ?

 

J’entame ma quatrième année dans le championnat NBA. Elle s’annonce sous les meilleurs auspices, après une longue préparation. Je demeure très confiant et avec l’aide Dieu, tout ira pour le mieux !

 

 

Un dernier mot ?

 

Je voudrais transmettre un grand salut à tous les musulmans de France, ainsi qu’aux internautes du site Allahouakbar.com. Nous devons tous demeurer, mobilisés, solidaires et unis derrière nos frères palestiniens d’une manière seriene, mais aussi derrière tous ceux qui souffrent.  La foi en Dieu ne se décrète pas, elle se vit et s’aiguise au quotidien à travers notamment des actes de solidarité !

 

 

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