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Hervé Morin lève une partie du voile sur l’affaire Ben Barka

Exclusivité Oumma/Beur FM. Mardi soir, le ministre de la Défense nous a révélé sa décision de lever partiellement le secret-défense sur l’affaire Ben Barka. Décryptage du dernier rebondissement dans une affaire d’Etat(s) qui n’en finit pas .

Progrès capital ou nouveau coup de bluff ? 45 ans après l’assassinat politique de Mehdi Ben Barka, le mystère demeure sur l’identité des commanditaires et des exécutants du complot. En plein cœur de Paris, le célèbre opposant marocain, figure majeure du combat anticolonial à travers le monde, a été kidnappé avant de disparaître. Les principales thèses font état d’une machination complexe, impliquant des loyalistes de la monarchie marocaine, des barbouzes français proches du Sdece (la future DGSE) et l’assistance, plus ou moins active, de services secrets américains et israéliens. Le charismatique Ben Barka dérangeait de nombreux intérêts politiques et son élimination brutale n’a jamais été clairement élucidée.

Mardi soir, dans l’émission « Forum-débat » animée par Abdelkrim Branine et diffusée sur l’antenne de Beur FM, Hervé Morin, ministre de la Défense et président du Nouveau Centre est revenu longuement sur divers sujets d’actualité, notamment l’intervention militaire en Afghanistan et la question du vote musulman. A l’occasion de la dernière péripétie relative à l’affaire Ben Barka, faisant état de l’avis favorable, rendu samedi par la Commission consultative du secret de la défense nationale(CCSDN), pour déclassifier une partie des documents confidentiels de la DGSE, j’ai voulu interpeller le ministre sur la question. Selon la loi, il peut choisir de suivre ou non l’avis de la Commission, publié dans le Journal officiel. Dans les faits, il applique presque systématiquement l’appréciation de ce comité. Ainsi, même si l’on pouvait s’attendre à ce que le ministre rejoigne l’avis de la Commission, la nature sensible de l’affaire Ben Barka, politiquement embarrassante de par ses ramifications, pouvait faire redouter une nouvelle temporisation. A l’antenne, Hervé Morin m’ a confirmé avoir décidé de consentir à la divulgation, toujours partielle mais progressive, de nouveaux éléments d’information susceptibles d’éclairer les zones d’ombre de l’affaire. Par ce geste politique, il rejoint ainsi ses prédécesseurs en poste sous les gouvernements Jospin et Raffarin qui avaient déjà, à deux reprises (2000 et 2004), levé partiellement le secret-défense quant au dossier Ben Barka.

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Les nouveaux documents déclassifiés -144 pages extraits de 23 dossiers sur 79 sollicités- émanent des archives confidentielles de la DGSE dont le siège avait été récemment perquisitionné par le juge d’instruction Patrick Ramaël, chargé de l’enquête. Cette perquisition était une première dans un lieu classé secret-défense depuis une loi entrée en vigueur le 29 juillet 2009. Bachir Ben Barka, fils de l’opposant marocain assassiné, espérait cette nouvelle déclassification. Jusqu’alors, les derniers accrocs dans la procédure judiciaire étaient préoccupants : Interpol avait ainsi lancé 4 mandats d’arrêts, aussitôt suspendus par le Parquet de Paris.

Cette situation avait suscité chez Maître Maurice Buttin, avocat de la famille, une certaine irritation, l’amenant à soupçonner « une intervention politique pour empêcher un différend diplomatique entre la France et son ancien protectorat ».Faut-il, dès lors, aussi voir une « intervention politique » dans les tracas singuliers occasionnés à l’encontre du juge par sa hiérarchie ? Lundi, Patrick Ramaël a été notifié d’une inspection rarissime à son sujet, ordonnée fin juin par le garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Une enquête administrative dont la première conséquence consiste déjà à ternir l’image d’un magistrat réputé trop indépendant du pouvoir politique. Et à quelques jours de la commémoration de la disparition de Mehdi Ben Barka, un constat s’impose : cette concomitance entre un désagrément professionnel et la progression d’une enquête ultra-sensible semble bel et bien confirmer les appréhensions de l’avocat de la famille. Quand la raison d’Etat prime sur la justice, le pouvoir politique ne semble pas prêt à vouloir cesser d’« intervenir ».

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