L’émotion légitime suscitée par le meurtre mercredi 31 mars d’un vigile d’origine arabe d’un grand magasin de bricolage de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, par six jeunes de confession juive, et le traitement a minima de cette affaire sur le plan politico médiatique qui s’en est ensuivi, devrait être l’occasion d’une prise de conscience salutaire quant à la nécessité d’une action concertée –et non sectorielle– de riposte à la culture du mépris et d’éviter ainsi de faire le jeu d’un pouvoir qui orchestre la division sociale pour asseoir sa pérennité In limine litis, il importe de ne pas « racialiser » le problème, c’est à dire de le présenter comme un conflit bloc contre bloc, opposant juifs et arabes ou juifs et musulmans, mais de le poser en termes généraux et de maintenir le débat au niveau des principes, un événement de nature criminelle qui relève, en premier lieu, du droit commun et dans le cas d’espèce du Droit Pénal Général.
A nos détracteurs, suggérons des titres en contrechamps pour les inciter à la réflexion en leur proposant les titres suivants pour tester leur réactivité :
Six jeunes noirs agressent sauvagement un vigile à Neuilly
Ou bien
Six jeunes romanichels agressent sauvagement un vigile à Versailles
Ou encore
Six jeunes parisiens agressent sauvagement un vigile à Vaulx en Vélin
Ou enfin
Six jeunes musulmans agressent sauvagement un pauvre vigile juif
L’Affaire de Bobigny pose le problème politique et moral de la discrimination dans le domaine de la répression. Ma crainte est que les Musulmans de France ne se laissent entraîner dans une surenchère communautariste et ne s’enferment dans un ghetto analogue à l’autre ghetto, alors qu’il importe de dépasser la logique binaire du « Halal » et du « Haram » et de mener le combat contre toutes les formes de discrimination et de racisme.
Que l’affaire de Bobigny, de même que les déclarations d’Eric Zemmour sur la proportion des Noirs et des Arabes trafiquants de drogues ou auparavant l’éviction du Préfet Bruno Guigue soient l’occasion d’une prise de conscience collective –et non sectorielle—de l’urgente nécessité d’une action concertée et globale de riposte à la culture du mépris. Et d’éviter ainsi de faire le jeu d’un pouvoir qui orchestre une division sociale pour asseoir sa pérennité, qui joue la précarité pour imposer le grand capital comme en témoigne le débat sur le bouclier fiscal dont le maintien dans un « Etat en faillite » pose le problème sinon de sa pertinence, à tout le moins des arrières pensées de ses promoteurs.
Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France offre le spectacle d’une société fragmentée où chaque citoyen voit dans l’autre un adversaire, une société qui fonctionne sur un mode hémiplégique, apportant son lot de suspicion, d’antagonisme, de préjugés et de peurs.
Ne nous laissons pas abuser. Agissons pour une alliance blancs, noirs, arabes, latinos, asiatiques, chrétiens, musulmans, laïcs, une alliance arc en ciel regroupant sur une base politique aussi chômeurs en fin de droits, sans domicile fixe, sans emploi, salariés précaires, smicards ou rmistes, clandestins sans papiers, en un mot tous ceux qui partissent de l’injustice et de l’oppression, une alliance plus crédible politiquement et plus attractive, une alliance sur le modèle de la glorieuse tricontinentale, le fer de lance de la lutte contre l’hégémonie capitaliste à l’époque de la guerre froide soviéto-américaine.
Evitons de nous enfermer dans l’équation « Chrétien Occident versus Islam obscurantisme et barbarie » vers laquelle leurs adversaires veulent les entraîner.
D’importantes échéances électorales sont en vue. Le temps des jérémiades est fini, voici venu le temps de l’action.
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