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Élans de femmes

À l’heure où les échos de l’Histoire redessinent le présent et où les cultures sont appelées à se côtoyer, le statut de la femme soulève toujours maintes discussions. Thème crucial et incontournable pour toute société, les échanges suscités par cette question féminine et masculine bouleversent des conceptions identitaires de la femme ainsi que certaines visions du monde.

L’adhésion de femmes et leur promotion à des perspectives plus informées de débats relatifs aux valeurs sociétales, propulsent l’évolution des mentalités. Ces femmes, de surcroît musulmanes, récrivent non seulement la signification de l’émancipation féminine, mais plus globalement, des conceptions de la démocratie, de la « neutralité » belge, de la « laïcité » française et de lectures de l’islam.

Quelque que soit le vécu de chaque femme musulmane, leur quotidien traduit des similitudes. En effet, leur existence se déploie au coeur de controverses consacrées à ce qu’elles sont, à ce qu’elles représentent, à ce qu’elles ne sont pas ou à ce qu’elles aspirent. Des femmes. Des musulmanes. Actrices de leur vie, elles le sont à part entière, tacitement, formellement. Ces femmes disent ce qu’elles sont chaque jour, par leur regard, par leur comportement, par leur tenue vestimentaire.

Par ailleurs, le foulard que certaines portent, suscite encore et toujours des sentiments partagés entre la répulsion, l’incompréhension et parfois même l’attirance. Loin de symboliser une marque imposée par l’homme pour l’homme, il ne s’agit ni plus, ni moins que de l’expression revendicative de leur pudeur. Ce fichu, qui n’est après tout qu’un bout de tissu, n’empêche en rien ces femmes de vivre en société et d’accéder à l’égalité entre les Hommes. Parce qu’il s’agit d’un choix librement consenti, ce foulard leur permet simplement d’être plus épanouie. Certes, leur existence reflète une imprégnation de leurs références religieuses mais qui peut prétendre être distant d’une idéologie quelconque ? Tout un chacun véhicule d’une manière ou d’une autre ce à quoi il croit et à ne pas l’admettre reviendrait, en réalité, à se positionner un peu plus.

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Du reste, rares sont aujourd’hui les attitudes qui semblent lui être accordées au moment où elles volent de leurs propres ailes, ou elles se tournent vers le monde en femmes assumant leurs décisions. Les portes se referment, les ricanements se déchaînent et les compassions se font sentir, apitoiements qui leur apparaissent d’autant plus insupportable. Cette posture abusive s’exprime, entre autre, par le refus du droit à l’emploi. Cette exclusion, qui n’aboutit qu’à l’accentuation d’une violence psychique, touche tous les interstices sociaux.

Étréci dans leurs chairs avant de l’être dans leurs vêtements, elles devraient se modeler sur le désir de l’autre pour accéder à une féminité légale. Et pour cause, projetées sur les murs de la cité, les images de femmes reconnues dans leur féminité sont à suivre pour ne pas perdre de vue l’existence saine d’une vie autorisée. Aucune parole, ni aucun écrit ne saurait décrire suffisamment cette épreuve que doivent expérimenter certaines musulmanes, leur tort : le chemin vers une citoyenneté véritable.

Mais, l’Histoire nous enseigne que les situations ne sont jamais éternellement irréversibles. La responsabilité intellectuelle fera progresser le droit à l’existence, à la différence, à l’identité. C’est dans ce combat que des européennes de confession musulmane conçoivent une forme d’émancipation qui leur est propre et qui font d’elles des êtres libérées. De gré ou de force, nous assistons à la consécration de leur envol de femmes.

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