« On a tué Charlie Hebdo », s’est exclamé l’un des tueurs, sa kalachnikov à la main, en se glorifiant de son haut fait d’arme sur la vidéo diffusée en boucle sur toutes les chaînes qui le montre, en compagnie de son complice qui, lui, a crié au même moment « On a vengé le prophète », en train de rejoindre sans précipitation un véhicule noir stationné au milieu de la rue. Les deux hommes, visiblement bien équipés et impossibles à identifier, y font preuve d’un incroyable sang froid à peine quelques minutes après avoir commis un effroyable carnage dans l’enceinte du journal satirique.
C’est Charlie Hebdo qui a été effectivement assassiné ce matin, et sa rédaction entièrement décimée, puisque les rafales de tirs, ciblées et nourries, de ses assaillants déterminés et parfaitement préparés ont tué douze personnes (un bilan macabre encore provisoire, 4 blessés graves et onze blessés étant à déplorer), au nombre desquelles figurent quatre personnalités et caricaturistes emblématiques : Charb, Cabu, Wolinski, et le dessinateur Tignous.
Jean Cabut, alias Cabu, ce pilier de Charlie Hebdo, Stéphane Charbonnier, 47 ans, plus connu sous le pseudo de Charb, directeur de la publication, comme Wolinski et Tignous étaient tous dans le viseur de leurs meurtriers aguerris et bien renseignés, qui les ont exécutés froidement, ne leur laissant aucune chance de réchapper à un massacre planifié.
Parmi les victimes, Bernard Maris, économiste, qui signait Onc’Bernard, la chronique antilibérale de Charlie Hebdo, et intervenait sur les ondes de France Inter, n’a pas été épargné non plus. Il a perdu la vie dans la salle de rédaction criblée de balles.
"Les terroristes étaient venus dans l'intention claire de les assassiner", a confié la dessinatrice Coco au journal l'Humanité. "Ils ont tiré sur Wolinski, Cabu… Ça a duré cinq minutes… Je m'étais réfugiée sous un bureau… Ils parlaient parfaitement le français… Se revendiquaient d'Al Qaïda", a-t-elle poursuivi, ébranlée par l’extrême violence d’une tuerie inimaginable, corroborant les premiers témoignages qui font état d’un véritable massacre, décrivant des victimes gisant à terre dans toutes les pièces du journal.
Grièvement atteints, les décès de Cabu et Charb ont été constatés et annoncés vers 13h, tandis que l’un des deux policiers qui ont péri dans la fusillade assurait la protection de Charb.
Activement recherchés par la police, les tueurs de Charlie Hebdo, qui sont d'ores et déjà entrés dans les annales funestes de la République française en ayant commis l'attentat le plus meurtrier de son histoire, ont pris la fuite à bord de leur voiture noire, qu’ils ont abandonnée plus tard vers la porte de Pantin, sans laisser aucun indice sur leur identité, ni sur leur appartenance à une quelconque organisation criminelle ou terroriste.
Première conséquence de cette tragédie nationale, qui choque toutes les consciences et appelle plus que jamais au sens des responsabilités, du discernement et à la solidarité nationale, le plan Vigipirate a été relevé au niveau « alerte attentats », le niveau le plus élevé, dans toute l'Ile-de-France.
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