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“Alors l’Arabe, t’as ta dose ?”, des skinheads ont encore violemment frappé à Agen

"Ici, t'es pas chez toi. T'as rien à faire ici", "Alors l'Arabe, t'as ta dose ?". Ces menaces haineuses, qui heurtent profondément les oreilles et les consciences, semblent tout droit extraites de la crépusculaire « nuit oubliée » de 1961 et des ténèbres racistes dont une certaine France n’est jamais sortie, à ce petit détail près qu’elles ont été proférées samedi dernier, à Agen, par des durs de durs de l’extrême droite, en mal de ratonnades, qui les ont remises au goût du jour en se déchaînant contre un jeune homme de 24 ans au faciès un peu trop typé.

Comment ne pas être saisi d’effroi à l’annonce de cette nouvelle agression raciste commise par une bande de barbares âgés de 22 à 35 ans, qui sont proches, selon une source policière citée par Le Point, du groupuscule extrémiste « La Troisième Voie », lui-même affilié au mouvement chapeauté par Serge Ayoub « les Jeunesses nationalistes révolutionnaires » (JNR), dont l’un des partisans s’est récemment illustré en assénant des coups de poing mortels à Clément Méric ?

Plus jamais ça !, s’exclamait-on après les récents actes odieux d’Argenteuil. Pourtant, les jours passent et se ressemblent tragiquement, alors que l’on était fondé à penser que la condamnation officielle des drames survenus dernièrement aurait pu provoquer un déclic salutaire et envoyer un signal fort aux hordes fascistes qui sont en train d’imposer leur loi dans l’Hexagone, au vu et au su de tous.

Samedi soir, à Agen, sur le chemin du retour d’un Festival de Rock, celui qui a pris le pseudo d’Hicham pour faire le récit de son effroyable passage à tabac a, hélas, été la victime expiatoire d’une haine inextinguible, sourde à toutes les mises en garde. Tuméfié, des hématomes sur le front, sous les yeux, deux dents cassés, le jeune homme né à Agen et petit-fils de Harkis, qui travaille en tant que magasinier, menait jusque-là une vie tranquille comme des milliers d’autres jeunes de son âge, sans être embrigadé dans quelque parti ou mouvement que ce soit.

"Ils se cachaient, pour taper sur des faibles", a-t-il confié au Point, tout en décrivant les brutes épaisses qui l'ont lynché comme étant des skinheads qui, outre leur crâne rasé, étaient identifiables à leurs insignes reconnaissables entre mille. Après avoir frappé l’ami qui accompagnait Hicham, ils l’ont laissé partir en lui lançant : "T'as de la chance d'être français, qu'est-ce que tu fous avec un Arabe ?", avant de rouer de coups le malheureux jeune homme, coupable à leurs yeux d’avoir les mauvaises origines.

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"Quand vous êtes au sol et que l'on vous frappe à coups de barre en fer, à coups de poing américain sans s'arrêter, vous vous dites, c'est la fin", a déclaré Hicham, ajoutant : "La seule chose que je pouvais faire, c'était attendre. Attendre qu'ils en aient marre de me frapper." "Je suis français, d'origine algérienne, mais je suis français et je suis fier de le dire", a-t-il insisté, à jamais traumatisé par une "méchanceté gratuite" qui lui est "tombée dessus comme ça".

Quand les coups ont enfin cessé de pleuvoir, Hicham se souvient d’avoir pris ses chaussures, tout tremblant, et de s’être rendu tant bien que mal au commissariat :. "J'étais tellement mort de peur", a-t-il précisé. Les stigmates de son lynchage finiront par disparaître, mais les séquelles psychologiques ont laissé des bleus à l’âme indélébiles, à l’image de l’angoisse qui l’étreint aujourd’hui à la perspective de croiser à nouveau un skinhead, ou de se promener seul dans la rue.

Les agresseurs doivent être jugés dans les prochains jours. Trois doivent comparaître mercredi devant le tribunal correctionnel d'Agen et deux autres le 12 juillet. Mais la première audience pourrait être reportée afin qu'ils comparaissent en groupe, ce qui serait somme toute normal pour des lâches qui attaquent toujours en bande…

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