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“AliceInArabia” ne s’invitera pas dans les foyers américains

"AliceInArabia", la dernière série pour ados à laquelle la chaîne américaine ABC Family n’apportera jamais la touche finale, restera inachevée sous le poids de la controverse suscitée par son angle de traitement, plus proche du récit d’épouvante que du conte dépaysant qui enchante petits et grands…

Avant même de s’inviter dans les foyers et de donner des sueurs froides aux teenagers de la bannière étoilée, la fiction imaginée par la grande chaîne du divertissement familial a déjà défrayé la chronique dans les familles musulmanes. Des familles qui ont toutes les raisons de craindre que la descente aux enfers de cette jolie Alice à la blonde chevelure, mi-américaine, mi-arabe, enlevée par les siens et expédiée en Arabie saoudite pour être livrée aux méchants saoudiens, menacée d'un mariage précoce et forcé, à l’âge où d’autres rêvent du prince charmant, n’attise des préjugés constamment ravivés par ailleurs.

Ces préoccupations fondées, qui ne sont ni le fruit de l’esprit mal tourné, ni du sectarisme et encore moins de la paranoïa dont sont injustement taxés les musulmans américains en colère, ont été corroborées par le site BuzzFeed, qui les a estimées légitimes à la lecture accablante de la première version du synopsis.

Après avoir loué les vertus d’"AliceInArabia", le même porte-parole qui avait chèrement défendu la réputation et les nobles intentions d’ABC Family, la chaîne des familles qui n’agit pas dans l’intérêt de toutes les familles, a annoncé que le projet télévisuel était mort et enterré : "La polémique créée par notre pilote d’émission nous a surpris, et comme elle n’est pas de bon augure pour le bon déroulement du processus de création, nous avons décidé de ne pas poursuivre ce projet."

La décision de clore le chapitre de la captive du désert a provoqué un immense soulagement parmi les associations musulmanes qui sont montées au créneau pour se plaindre d’une vision orientaliste et islamophobe du monde arabe, à l’image du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) et du Comité américano-arabe anti-discrimination (ADC), dont les doléances adressées à ABC Family ne sont pas restées lettre morte.

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En substance, voici ce qu’écrivait, le 19 mars dernier, le président d’ADC, Samer Khalaf : "Avec « AliceInArabia », la firme Walt Disney Company et la chaîne ABC Family continuent de perpétuer des stéréotypes préjudiciables sans vergogne, orientalistes et islamophobes, les Arabes se voyant toujours attribuer les mauvais rôles,  tantôt ravisseurs et oppresseurs de femmes, tantôt voleurs, barbares, ou criminels, renforçant ainsi les représentations caricaturales néfastes de la communauté musulmane. 

En achetant le pilote, ABC Family a renforcé ces perceptions négatives et a montré au monde qu'il existe un marché pour la haine et le fanatisme. ABC Family et la société Walt Disney, source de programmation majeure pour les enfants américains, les adolescents et les familles, ont une immense influence sur les esprits et sur la nouvelle génération américaine, et, à ce titre, ont le devoir d'exercer cette influence d'une manière positive, et non à des fins de diabolisation d'un peuple, d'une religion et d'une région du vaste monde".

Les griefs exposés par Samer Khalaf ont fait mouche, puisqu’après avoir incité la direction d’ABC Family à se réunir autour d’une table ronde avec les responsables de l’ADC ainsi que du CAIR, la fin prématurée d’"AliceInArabia" a mis un point final à une polémique qui gagnait du terrain. Abed Ayoub, directeur juridique de l’ADC, s’est réjoui de l’abandon du projet télévisuel : "Cela signifie qu'ils reconnaissent la nécessité d'annuler, et ils reconnaissent l'importance de ne pas s'engager plus amont dans un programme qui souffle sur les braises de la haine", a-t-il déclaré.

S’il y avait une leçon à tirer de la fable "AliceInArabia", cause d’effroi et d’indignation chez l’oncle Sam, ce serait d’exploiter les formidables talents de conteurs d’histoires et les belles plumes dont regorge la communauté musulmane américaine, comme l’appelle de ses vœux Samer Khalaf, le président de l’ADC, l’une des associations musulmanes avec lesquelles l’Amérique doit désormais compter.

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