Sans autre forme de procès, l’expression n’aura jamais été aussi signifiante que dans le cas de l’élimination barbare de Mouammar Kadhafi, à mille lieues des prétoires, mais sombrant dans les ténèbres d’une loi du Talion d’un autre âge.
L’assassinat commandité du défunt Guide libyen augurerait-il d’une nouvelle ère placée sous le signe des relations diplomatiques entre la Libye du CNT (Conseil national de transition libyen) et Israël de Netanyahu, et serait-il annonciateur d’une politique israélienne de la main tendue, mais avec parcimonie, uniquement vers le Qatar ?
Tel est le sens d’un article publié dans le Jérusalem Post , signé d’un politologue officiant à l’Institut des Affaires du Golfe, qui considère qu’il est grand temps pour Israël de revenir sous les projecteurs, afin de sceller une entente cordiale avec la Libye, tout en hissant le Qatar sur un prestigieux piédestal diplomatique.
Rappelant l’indiscrétion calculée de BHL – mué en ministre des Affaires Etrangères bis, mais à la solde de la Terre promise – qui, l’été dernier, se faisait fort de porter la bonne nouvelle selon laquelle les nouvelles têtes pensantes de la Libye étaient favorables à l’idée de nouer des liens avec le gouvernement de Netanyahu, on apprend que l’inclination soudaine du CNT en faveur d’Israël, qui fut relayée par son porte-parole dans un entretien accordé au quotidien israélien Haaretz, était un stratagème pour jauger l’opinion publique libyenne et arabe. Une soudaine bienveillance qui ne suscita aucun tollé dans la galaxie arabe.
Selon l’expert en géopolitique, maintenant que l’on a réglé son sort au colonel Kadhafi, l’heure d’échanger des ambassadeurs aurait sonné pour Israël et la Libye, et un certain Raslan Abu Rukun, israélien d’origine arabe, et actuel consul d’Atlanta, serait pressenti pour remplir cette mission à Tripoli.
Dans un échange de bons procédés, le Qatar, qui a flairé l’opportunité en faisant campagne contre Kadhafi, serait prêt à peser de tout son poids dans le monde arabe pour améliorer l’image d’Israël, et la rendre notamment plus attrayante en Libye et auprès de sa population, tandis qu’Israël, de son côté, s’engagerait à favoriser et accroître l’influence diplomatique du Qatar, au point d’accéder à sa requête suprême exprimée de longue date : lui permettre de jouer un rôle crucial dans la reconstruction et le développement de Gaza.
Derrière ce pacte du diable, où chacun veille à avancer ses pions de manière judicieuse, c’est la prédominance de la Turquie qui est visée, car comme le met en lumière l’article, « la prééminence du Qatar à Gaza servirait opportunément les intérêts d’Israël, en occultant toute tentative du Premier ministre Turc Tayyip Erdogan d’attirer le Hamas dans sa sphère d’influence ».
Israël cherche à faire revivre la vision de Ben Gourion, telle est la conclusion de l’analyste qui écrit : « avec la fin des relations israélo-turques, car leur rupture ne fait aucun doute, Israël doit réinventer la vision d’une alliance à la périphérie musulmane qui était celle de Ben Gourion ».
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