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Sabra et Chatila, la mémoire à vif

« Je ne vous pardonnerai jamais d’avoir bouleversé un pays que j’aimais, dans une débauche monstrueuse de bêtise et de mort. Dans les camps de Sabra et Chatila, mon père et ma mère, que j’ai perdus dans l’holocauste, ont été assassinés pour la seconde fois. »

écrivait peu de temps après le massacre, Itzhak Orpaz, romancier.

Du 16 au 18 septembre 1982, l’horreur s’est abattue dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth. Durant plus de 40 heures, des centaines de Palestiniens ont été décimés par des miliciens phalangistes libanais armés et protégés par les forces d’occupation israéliennes (1) . Un massacre planifié, orchestré et mis en œuvre par l’état major de l’armée israélienne qui bouleversa le monde entier.

Le peu d’empressement dont font montre les instances internationales et en premier lieu l’Organisation des Nations Unies pour mettre un terme à l’impunité dont bénéficient les responsables des massacres nourrit chez les palestiniens un profond sentiment d’injustice. En effet, aucune enquête internationale n’aura été mise en œuvre pour déterminer les responsabilités des massacres, il en résulte qu’aucune accusation n’a pu être prononcée. C’est d’une véritable démission de la communauté internationale dont il est question. L’enquête établie par le juge israélien Kahan (et dont les conclusions ont été publiées en 1983) avait abouti à la mise en cause personnelle de l’actuel Premier ministre israélien Ariel Sharon, alors ministre de la défense et à sa responsabilité indirecte dans les tueries (2). En conséquence, Ariel Sharon a été contraint à la démission mais en réalité, il n’a jamais cessé d’exercer des responsabilités politiques au sein du gouvernement israélien.

A l’impunité dont bénéficient les responsables israéliens, il faut ajouter l’impéritie de la justice internationale, comme le démontre l’insuccès de la procédure judiciaire engagée contre Ariel Sharon en Belgique et dont les débats auront été marqués par une grande confusion.

Ce sentiment d’injustice est d’autant plus aigu que les Palestiniens bénéficient au Liban d’un statut de citoyens de « seconde zone ». Le déni de justice s’accompagne ainsi d’un véritable ostracisme dont souffrent les réfugiés palestiniens au Liban.

Les 12480 survivants de Sabra et Chatila ainsi que leurs descendants ne bénéficient d’aucune nationalité , ni palestinienne ni libanaise. Le même triste sort d’apatrides est réservé aux quelques 380000 Palestiniens établis au Liban. Les instance internationales auront failli à leurs responsabilités rappelées dans une résolution votée en décembre 1948, laquelle reconnaît le droit inaliénable du peuple palestinien à disposer de sa terre en affirmant « qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre avec leurs voisins ».

En 2001, le déficit budgétaire de l’agence de l’ONU en charge des réfugiés, l’UNRWA s’élevait à 65 millions de dollars, soit 21% du budget total, du fait du refus des Etats membres d’honorer leurs contributions financières. De fait, la situation économique des réfugiés palestiniens n’a cessé de se détériorer de façon dramatique, les secteurs de la santé et de l’éducation étant particulièrement sinistrés.

Entre rêve de retour et exigences de dignité, les Palestiniens subissent, selon l’expression de l’écrivain libanais Elias Khoury, une”situation suspendue”.

Le 11 Octobre dernier, nous sommes allés à la rencontre des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila afin de recueillir leurs témoignages, alors que le monde célèbre le 20e anniversaire des massacres.

A Beyrouth, les quartiers de Sabra et Chatila concentrent une vaste zone d’habitations insalubre située à Beyrouth Ouest, entre l’aéroport international et le centre de la capitale.

Ce vendredi 12 octobre est jour de marché. Des étals disposés dans les rues sont couverts de tout un bric à brac d’objets hétéroclites, vieux postes de télévisions , cassettes, appareils électroménagers… Une foule bigarrée et nombreuse se presse au milieu de maisons dont l’état de délabrement avancé témoigne de la paupérisation et de la mal-vie qui prévaut ici. A Sabra et Chatila vivent des réfugiés palestiniens, mais aussi des immigrés venus d’Asie ou d’Ethiopie et des Libanais déshérités. La pauvreté est le lot de tous. Nous marchons dans des rues étroites jonchées de détritus, les canalisations sont apparentes et des fils électriques courent à même le sol.

Mon guide libanais me conduit vers la maison d’Ahmad Hussein, seul rescapé d’une famille de huit enfants.

Ahmad HUSSEIN

« Le mercredi 15 septembre, on a appris que Béchir (Gémayel) avait été assassiné. On se doutait que Sharon allait prendre cet assassinat pour prétexte afin de s’attaquer aux camps, et c’est exactement ce qui s’est passé. Les Israéliens prétendaient pourchasser des militants mais il n’y avait aucun combattant dans les camps, et ils le savaient bien sûr, puisqu’ils étaient tous partis conformément aux accords et au cessez-le feu conclus par les Israéliens, l’OLP et les Américains. Sharon avait prémédité les massacres. La preuve, c’est que le mercredi les avions israéliens ont effectué des vols de reconnaissance, des raids fictifs au dessus des camps. Dans la nuit de mercredi à jeudi, ils ont cerné les camps, pour préparer l’assaut final des kataëbs (phalangistes alliés à Israël NDLR). Les miliciens ont fait leur entrée à Chatila par le Sud et le Sud Ouest le lendemain vers midi. Ils sont rentrés dans des jeeps de l’armée israélienne. Tous les hommes en armes étaient partis, nous étions pris au piège. Faits comme des rats. Les hommes du camp se sont rassemblés pour préparer la résistance. L’un d’entre eux connaissait l’existence d’une cache d’armes laissée par les hommes d’Arafat. On a alors organisé une distribution d’armes. Ce n’était que des armes de poing, pas vraiment de quoi opposer une résistance suffisante aux assaillants, mais au point où nous étions, tout était bon pour nous défendre. Mais le soir du jeudi et durant toute la nuit, les bombardements se sont intensifiés, une pluie de bombes nous tombait dessus, alors nous nous sommes découragés. Franchement, que pouvions nous faire face à leurs bombes à fragmentation, au napalm, au phosphore ? Nous avions compris que nos armes légères ne nous permettraient pas de défendre la vie de nos familles. Alors, dans la panique, le désespoir, nous avons décidé de dynamiter la cache d’armes pour donner à nos ennemis l’illusion que nous avions les moyens de leur résister. Le vacarme de l’explosion, ajouté au bruit des bombardements, c’était infernal, on aurait dit la fin du monde.

Les pères se sont réunis et ont décidé que la seule façon d’éviter le bain de sang, c’était de se rendre. Alors les plus vieux sont partis à bord d’un véhicule auquel ils avaient accroché un drapeau blanc en signe de paix. On ne les a jamais revus. Ils nous étaient Impossible de fuir. Les soldats israéliens qui cernaient le camp avaient pour ordre de tirer à vue sur toute personne qui tenterait de fuir les camps.

Dans la nuit, on y voyait comme en plein jour grâce aux fusées éclairantes que tiraient les soldats israéliens pour faciliter la tâche de leurs alliés phalangistes. Des Israéliens criaient dans un haut parleur “rendez-vous et votre vie sera épargnée”. Alors je suis sorti de mon abri pour implorer la vie des miens, d’autres personnes sont sorties aussi tenant un linge blanc à la main. Et j’ai vu de mes propres yeux ces hommes tomber un à un, abattus par des francs tireurs. J’ai réussi à fuir mais je me suis retrouvé un peu plus loin face à une patrouille. C’était des hommes des FL (les Forces libanaises NDLR) et des soldats israéliens. Ils m’ont conduit avec d’autres personnes à la Cité sportive. Les gens étaient hagards, hébétés, beaucoup pleuraient. Certains récitaient tout haut des versets du Coran. J’ai vu un homme embrasser sa femme et ses enfants pour leur dire adieu. Au petit matin, ils ont séparé les hommes des femmes et des enfants. Ils ont conduit les gens par groupe et ont commencé à les fusiller les uns après les autres, en commençant par les hommes, parfois ils les achevaient à coups de hache. J’ai moi même été blessé, je me suis effondré, j’ai été inondé par le sang d’un autre homme tué net, tombé sur moi. Je m’attendais d’une seconde à l’autre à recevoir un coup de hache mais rien ne s’est passé, alors je suis resté immobile faisant le mort. Peut-être que le sang d’un autre dont j’étais couvert devait laisser croire que je l’étais bien. Je suis resté comme ça des heures. Puis des gens du Secours m’ont ramassé et conduit à l’hôpital de Gaza. Là bas, c’était l’apocalypse. J’entendais des cris, des hurlements, les couloirs étaient jonchés de cadavres, noirs, certains étaient brûlés. Des miliciens étaient venus achever les malades. Un médecin m’a raconté en pleurant que des centaines de personnes avaient réussi à fuir mais elles avaient dû rebrousser chemin sous la menace des soldats israéliens qui avaient dirigé leur canon vers eux. Alors ils avaient dû retourner à l’hôpital où les tueurs les attendaient pour les fusiller et les achever à la hache et au couteau. Je n’avais qu’une obsession, retrouver ma mère, mes frères et sœurs et les conduire à l’abri, à Beyrouth-Ouest. Lorsque je suis arrivé chez moi, il n’y avait personne. Un voisin m’a dit que ma mère et les petits avaient été conduits à Orsal. Tout au long du chemin, j’ai buté sur des cadavres. J’ai reconnu des voisins, des amis. Il y avait des jeunes femmes dont les corps étaient dénudés, pieds et poings liés, des cadavres étaient disposés en croix, d’autres dans des postures obscènes. Il y en avait qui n’avaient plus de tête. C’était l’horreur absolue. La vue du sang, l’odeur de chair brûlée, l’épouvante. Mes jambes ne me portaient plus, j’ai fini par marcher à quatre pattes, me frayant un passage entre les cadavres. S’il n’y avait pas tout ce sang, j’aurais cru ma mère endormie. Deux de mes petites sœurs n’avaient plus de visage, je les ai reconnues à leurs vêtements. Qu’Allah me pardonne, je voulais mourir… »

Ahmad voudrait continuer à parler mais il ne peut plus. D’un geste, il nous indique que notre entrevue est terminée. Lorsque nous le quittons, Ahmad reste assis, figé, il pleure doucement.

Zahiyé DONO a perdu un enfant et dix personnes de sa famille proche (cousins, oncles, tantes et neveux).

« Mon fils était un gentil garçon. Il n’était pas politisé et n’avait jamais servi dans une aucune armée, aucune milice. Il en aurait été incapable. Je n’étais pas à Chatila quand ça c’est passé. J’étais sortie pour quelques jours. Vous laissez un enfant, des proches et vous retrouvez des cadavres. Quand je suis rentrée, je ne pouvais pas y croire. J’avais laissé un enfant plein de vie, on m’a rendu un cadavre. Des morts, il y en avait partout dans les rues. Des fosses béantes remplis de cadavres empilés les uns sur les autres. Beaucoup de gens étaient restés cloîtrés chez eux et on trouvé un spectacle d’horreur en sortant. Comme mes enfants qui sont restés terrés dans notre maison, terrorisés, ils entendaient les bombes, les cris, les coups de feu et s’attendaient à chaque instant à voir entrer des miliciens venir les fusiller ou les emmener pour les violer et les tuer comme c’est arrivé pour des voisins. En partant, nos combattants avaient reçu l’assurance que nous serions protégés. (3) Sinon, ils ne seraient jamais partis.

Ma vie n’est pas ici et ne l’a jamais été. Chaque jour, je caresse l’espoir de rentrer chez moi en Palestine. Cet espoir, c’est tout ce qui me retient à la vie. Si je perds cet espoir, il vaudrait mieux que je meure tout de suite. »

Mahmud SCHEHADE, 32 ans marié et père de deux enfants (Léna et Fadi)

« La vie ici est très difficile. Etant libanais, je pourrais m’installer ailleurs. Mais depuis que je me suis marié avec Fathia qui est palestinienne, mon sort est lié à celui des Palestiniens de ce camp. Ce qui est pénible à vivre, c’est le quotidien. Le problème de l’eau, les coupures d’électricité. Je suis comptable de formation mais j’ai beaucoup de mal à trouver du travail. Pourtant, je suis obligé de travailler car avec mon salaire, je ne fais pas seulement vivre ma femme et mes enfants mais aussi la famille de ma femme, sa mère, ses frères et sœurs. Alors je suis obligé d’accepter n’importe quel travail, même si les conditions de son exercice sont précaires et le salaire très faible. Je n’ai pas le choix.

Depuis que je vis avec les Palestiniens et que je partage leur quotidien, je me suis engagé en politique car je suis révolté par leurs conditions de vie. Je milite au sein du Parti communiste libanais. Le mouvement auquel j’appartiens s’appelle Jamaa Chaabiyé. On essaye avec de faibles moyens de venir en aide aux jeunes de notre quartier, les aider afin qu’ils trouvent un travail et un logement, pour qu’ils puissent avoir une vie digne. La surpopulation ici est un problème particulièrement préoccupant. Des milliers de personnes s’entassent dans des camps dont la superficie ne dépasse pas quelques hectares. Il n’y a pas d’assainissement, ce qui est la cause de graves problèmes d’hygiène qui mettent la santé des gens en péril.

Il y a un autre mouvement de gauche aussi qui s’appelle Ittihad Chaabat Democracy de Ghassan Ejazi. Les gens de cette organisation sont aussi très sensible à la mal-vie des Palestiniens. Malheureusement, nos moyens sont très limités car tout changement éventuel est tributaire de la bonne volonté de l’Etat libanais. »

Abu Mohamed

« On vit ici les uns sur les autres. Saviez vous que l’Etat libanais nous interdit de nous agrandir ? De nous rassembler au sein d’associations ? Il y a même une liste de plus de 70 professions qu’il nous est interdit d’exercer ! Nos maisons qui tombent en ruines, on a pas le droit de les acheter. Je ne vous ai pas dit le meilleur : à chaque fois que l’on sort des camps, on est surveillé par l’armée !

Je vous dis, ça c’est pas une vie !

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J’ai l’impression qu’on gène ici, ça pue, c’est sale. Les Libanais ont un peu honte de nous avoir ici, on gâche d’une certaine façon l’image qu’ils voudraient donner de leur pays, celle d’une « Suisse du Moyen-Orient » ! Alors pour l’Etat libanais, il aurait sans doute mieux valu qu’aucun d’entre nous ne réchappe des massacres. La plupart d’entre nous sommes des survivants de Deir Yassin . Nous avons fui l’horreur sioniste, les massacres et la destruction de nos maisons pour venir ici. Nous avons échappé aux sionistes en 1948 et ils sont venus nous achever ici. On dit que Yaron (4) aurait dit à ses subalternes qu’il ne mourrait pas en paix tant qu’il n’aurait pas accompli le « nettoyage » des camps.

(D’un geste vif, Abu Mohamed saisit au vol un insecte imaginaire qu’il garde serré dans son poing puis il fait mine de le relâcher) . Vous voyez ? C’est le sort que les sionistes nous réservent. Ils nous écrasent et nous laissent crever la gueule ouverte. Vous pouvez me dire quelle différence il y a entre Sharon, Barak ou Péres ? Pour moi, il n’y en pas, ils ont tous tué des Arabes, des Palestiniens , des civils désarmés et par centaines. Il y en a qui disent des uns qu’ils sont des « colombes », des autres des « faucons ». Moi des colombes ou des faucons je n’en ai vu que les canons. Et je peux vous dire qu’ils crachent tous la même mort.

Ici, on est dans un état intermédiaire entre la vie et la mort. L’Etat libanais nous fait comprendre chaque jour qu’il ne veut pas de nous. Ah bon, nous sommes indésirables ? Alors qu’ils nous laissent rentrer chez nous ! »

La résolution 521 du Conseil de Sécurité des Nations Unies du 19 septembre 1982 a condamné le massacre qui a été qualifié de « génocide » par l’Assemblée Générale de l’ONU (le 16 décembre 1982).

Le chiffre exact des victimes de Sabra et Chatila n’a jamais pu être déterminé avec précision, Les bilan varie selon les sources, de 700 (chiffre officiel israélien) à 3.500 ( selon l’enquête du journaliste israélien Amnon Kapeliouk (5). Le décompte est rendu d’autant plus difficile que l’on sait qu’un millier de personnes ont été enterrées dans des fosses communes par le CICR, d’autres par leurs proches ou des miliciens eux mêmes , sans oublier les victimes des bombardements enterrées sous les décombres de leurs habitations.

« Après plus de vingt années de souffrances, les survivants et les proches des victimes de ces massacres ont le droit de connaître la vérité, et de voir traduits en justice les responsables présumés de ces crimes qui relèvent du droit international » a déclaré Amnesty International dans un communiqué.

« Permettre à la justice belge de procéder à de telles investigations en tant qu’agent de la communauté internationale est le moins que le monde puisse faire pour les survivants et les proches des victimes de ces massacres, alors qu’ils commémorent ces atrocités pour la 20e année consécutive », affirme encore l’organisation de défense des droits humains.

Le 18 juin 2001, 23 survivants des massacres perpétrés en 1982 dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila ont en effet déposé une plainte contre Ariel Sharon, à l’époque ministre de la Défense et contre des membres de la milice libanaise chrétienne des Kataëb pour des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes de génocide liés aux tueries perpétrés dans les camps.

En effet, avec l’adoption par le Parlement belge en 1999 de la loi sur la compétence universelle, la justice belge peut traiter de dossiers internationaux portant sur des crimes contre l’humanité. Le principe (reconnu lors du procès Eichman qui a constitué une jurisprudence en la matière) pose que certains crimes sont si terribles et infâmes qu’ils intéressent l’humanité entière et ne sauraient par voie de conséquence faire l’objet d’une prescription ou dépendre d’une seule juridiction territoriale.

« Des Khmers rouges à Pinochet, en passant par Sharon, pour moi, la justice doit être égale pour tous et ce genre de crimes ne doit pas rester impuni » a affirmé Maître Mallat, l’un des défenseurs des plaignants. A ce jour, les survivants de Sabra et Chatila n’ont toujours pas obtenu justice. Pourtant, les témoignages tous concordants et l’enquête menée par Kahan et ordonnée par le Parlement israélien attestent de la responsabilité première de Sharon et de ses lieutenants.

« Nettoyer » les camps palestiniens, c’était l’ordre donné par Sharon à Gemayel lors de leur rencontre à Bikfaya le 12 septembre (6), tous les détails de l’opération ayant été négociés à ce moment là . Ariel Sharon avait en outre fait part de son intention d’envoyer les forces phalangistes dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila le 9 juillet 1982 (7) et il confirme ce fait dans sa biographie (8).

Le 16 septembre dernier, les survivants du génocide de Sabra et Chatila ont commémoré dans la dignité et le recueillement l’anniversaire d’un cauchemar qui n’en finit plus de les torturer. Une tuerie collective dont chaque détail sanglant a marqué au fer rouge la mémoire palestinienne. Le soir venu, des hommes, des femmes et des enfants ont brandi, au seuil de leurs habitations de fortune des bougies, symbole d’un espoir jamais éteint de justice.

 

1) Les kataëb, phalangistes alliés à Israël étaient entraînés et armés par l’Etat hébreu. Ils avaient déjà commis des massacres de civils palestiniens dans le Chouf et à Aley.

2] Kahan Commission Report, 104 : « We have found (… ) that the Minister of Defense bears personal responsibility. »

3)Lors du cessez-le-feu conclu par l’intermédiaire des Etats-Unis, les Américains s’étaient engagés à garantir la sécurité des civils palestiniens après le départ des combattants de l’OLP. Or, le 10 septembre, les forces multinationales quittaient Beyrouth ; moins d’une semaine plus tard l’armée israélienne occupait Beyrouth-Ouest.

4) Amos Yaron était le général de brigade qui commandait les forces israéliennes

5) Amnon Kapeliouk, Sabra et Chatila : Enquête sur un massacre, Paris, Seuil 1982. Lorsqu’on lui a annoncé l’entrée des tueurs dans Sabra et Chatila, Sharon s’est écrié « Félicitations ! L’opération est approuvée ! »( P 37)

6) Benny Morris, The Righteous Victims. New York, A. Knopf, 1999, p. 540.

7) Schiff & Yaa’ri, Israel’s Lebanon War, New York, Simon and Schuster, 1984, p. 251.

8) A. Sharon, Warrior : An Autobiography, Simon and Schuster, 1989, p. 498.

 

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