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La polygamie des Africains en cause, selon Mme Carrère d’Encausse

Ainsi donc, tout serait la faute de la polygamie ! Non pas la carence de l’Etat républicain, encore moins la faillite d’un système sociétal inégalitaire, mais bien celle des Africains et leurs pratiques bizarres ! Etonnant comme bien souvent, on trouve des raccourcis frappants dès qu’il s’agit de traiter de questions sociales dont l’analyse critique échappe, d’évidence, aux éminences de l’intelligentsia traditionnelle française, bien d’ici, la bien-pensance -tout de blanc vêtue- de la République française.

Parcourant quelques médias à la recherche d’une lueur de profondeur quant à l’analyse de la récente crise des banlieues qui aura justifié la mise en application d’un texte sur l’état d’urgence (loi de 1955) vieux de 50 ans, je vous rencontre, femme, secrétaire perpétuelle de l’illustre coupole, la fameuse Académie française et me délecte à l’avance de la lecture critique d’un phénomène que la plupart des hommes politiques (dans un sursaut de lucidité bien hypocrite) reconnaissent comme la résultante de leurs errements politiques en matière d’intégration depuis 30 ans et que lis-je ? Vous, Hélène Carrère d’Encausse, dans une prénotion sociologique digne des pires élèves qu’il m’ait été donné de former…Une prénotion disais-je, doublée d’un paralogisme à faire pâlir d’envie Monsieur Jourdain, vous voilà entrain d’analyser un phénomène social agrégé d’une transition sociétale qui nous interpellent tous, avec une légèreté des plus affligeantes à travers les pages du journal « Le Monde » du 17 novembre 2005. Vous affirmez : « Pourquoi les enfants africains sont-ils à la rue et pas à l’école ? (…) Beaucoup de ces africains, je vous le dis, sont polygames (…) »

De toute évidence, vous ne comprenez grand-chose ni à l’Afrique, ni au tissu social hétérogène de cette population originaire d’un même continent (qui n’a souvent en commun que la mélanine et des vestiges culturels comminutifs), vous ne connaissez même pas la nature sociologique de la population des banlieues françaises, et de plus, vous manquez de recul analytique chronique quant à la lecture que vous faites des faits sociaux, sacrifiant par là-même à une exigence méthodologique nécessaire à l’hypostatique appréhension des mutations sociologiques actuelles de cette société. Votre abréaction serait-elle donc la conséquence de votre longue résidence dans les hautes sphères, portant en corollaire, un déficit chronique dans la compréhension de ceux que vous représentez au-delà des limites hexagonales, et témoignant par le fait, d’un déficit d’imprégnation avec le réel ?

En fut-il de même lorsque vous rédigeâtes votre analyse sur la Russie dans votre livre « L’empire éclaté -La révolte des nations en URSS (1) dont il est fort à parier que vous vous en sentîtes plus proche que de ces « sauvageons » des banlieues qui brûlent tout sur leur passage, sans considération aucune pour les nobles et respectables travailleurs qu’incidemment vous en reconnaissez les bienfaits pour la nation française, témoignant par votre empressement à la commisération, d’une bien indécente (parce que hypocrite) condescendance ?

S’agit-il un instant, dans mon esprit, de donner raison à ceux-là qui détruisent par leur violence aveugle le fruit du dur labeur de leurs congénères, bien peu souvent nantis ? Aucunement !

Cependant, la stigmatisation peu nuancée d’une population, sa catégorisation, sa désignation elle aussi aveugle, de la part d’une personne incarnant une assemblée aussi illustre que la vôtre, ne peut qu’interpeller des esprits guidés par la lecture contradictoire d’une réalité qui manifestement échappe à votre subconscient niveleur, ethnocentrique.

En effet dans votre propos, vous ne faites pas que condamner la polygamie (qui pour rappel, est interdite en France depuis la loi Pasqua de 1993 qui prévoit un an d’emprisonnement et 45000€ d’amende pour les contrevenants), mais vous désignez d’un bloc, vous fustigez d’une tirade, vous jetez en pâture d’un verbe déplacé une communauté, en l’occurrence les Africains et leur polygamie, signes ostensibles d’un subconscient niveleur que votre approximation analytique vous incite à considérer d’un même œil ; preuve s’il en est du regard péjoratif porté sur une communauté dont justement les idéaux républicains d’égalité consistent à en méconnaître les particularismes ethniques quant elle vante le modèle d’intégration français et à les reconnaître à des fins d’amendement de l’Etat républicain. Duplicité quand tu nous tiens ! Vous tranchez et en déduisez qu’il existe bel et bien des communautés en France et que de toutes celles-ci, « Les Africains et leur polygamie » constituent une tare préjudiciable à l’édification même de cette conscience citoyenne que vous seule, blanche de culture européenne, incarnez réellement ! Et pour cause !

Connue pour votre bon goût et pour la finesse de votre analyse, vous fûtes admise à l’Académie française. Aujourd’hui, disais-je, vous en êtes une ambassadrice de par le monde, forte que vous êtes de la connaissance de la Russie, et visiblement autant auréolée de lacunes sociologiques qui eussent dû vous donner matière à mutisme qu’à énonciation de telles absurdités, reflets par excellence de votre manifeste déficit de connaissance du paysage socioculturel de la France, pays dont vous êtes une élite représentative, de mon analyse, bien mal indiquée, car…

• De toute évidence, vous semblez méconnaître la nature profondément inégalitaire du tissu social français et de sa politique d’immigration ! Faites donc l’effort de vous taire la prochaine fois !

• Visiblement, vous méconnaissez la profonde détresse humaine de ceux qui par leurs actes -certes répréhensibles-, en sont réduits à causer des dommages à leurs congénères des banlieues comme seule illustration d’un désastre humain de plus forte intériorisation psychosociologique,

• D’emblée, vous vous disqualifiez, car ne point voir dans ces personnes, des français comme vous, témoigne d’un mépris manifeste pour la composition sociologique de cette population qui, si autrefois fut composée pour beaucoup de migrants en instance d’intégration, est aujourd’hui faite de Français de la troisième ou de la quatrième génération. Français à part entière, disais-je, dont vous feriez bien de vous inquiéter du sort, de l’avenir, dans un sursaut de lucidité, qu’à uniquement en fustiger les forfaits de manière primesautière, comportement qui ne saurait seoir à une personne de votre rang, de votre distinction.

Les temps ont changé et il faudra bien que vous vous fassiez à cette nouvelle identité française-là !!!

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A ce titre, ils méritent, non pas d’être exclus par des artefacts d’analyses, des jugements de valeurs approximatifs et des amalgames tels que vous les faites, mais d’être entendus de vous, qu’ils considèrent à la fois comme des aînés « responsables », comme des référents de sagesse qui seuls sauront leur montrer la voie à suivre.

Ce que j’entends vous faire comprendre, c’est que le traitement stigmatisant que vous faites de cette population justifie aisément le comportement que ces jeunes font de votre mépris pour leurs aspirations profondes, en les désignant à la superficialité de votre analyse.

• Comme vous, ils aspirent à vivre dans des quartiers aisés ;

• Comme vous, ils aimeraient pouvoir accéder à des organismes publics et y obtenir place seyante à leur condition de Français à part entière ;

• Comme vous, ils souhaitent pouvoir accéder à l’Académie française (après tout, quel mérite particulier justifie votre présence dans cette institution de tradition élitiste faite de cooptations, sournoiseries et autres mérites contestables ?)

Mais voilà, dans ce pays, quand on s’appelle Mohammed, Rachid, Amadou, Atangana, Kocoumbo, Icoucoumba…et qu’on provient de zones dites « défavorisées » (pour sacrifier à une expression courante), très peu de portes s’ouvrent à vous !!! Par votre propos méprisant pour les Africains (et par extension pour toutes les minorités visibles de ce pays) et condamnable par ce qu’il induit, à savoir un traitement éristique d’une mutation sociétale mal négociée, vous faites partie de ceux qui, en France, ont quelque difficulté à traiter le mal par la racine et à en examiner les causes profondes par un ergotage stérile sur des questions essentielles.

Cet effort de réflexion et d’investigation sociale, si vous ne vous y exercez, conduira inéluctablement à une explosion sociale plus grande encore dans les années prochaines, que celle à laquelle nous assistons, faute pour vous de sortir d’une prison intellectuelle à la fois sociale et culturelle qui vous confine dans des artefacts de connaissance et des ad hominem dont les plus insignifiants étudiants en sciences sociales en comprendraient les fondements subjectivistes.

Je me permets de vous faire savoir que l’exclusion, visiblement, vous ne l’avez jamais connue, ce qui me permet d’indiquer à votre encontre le mutisme le plus subtil et non l’assignation en justice qui s’impose, au vu de la lecture discriminante et sclérosante que vous faites d’une population déjà victime de l’ostracisme ambiant, et que par vos propos diffamants, vous contribuez à alimenter.

J’ose donc croire que vous aurez la bonne idée de vous abstenir à la réplication la prochaine fois que votre inculture se manifestera par le biais détourné d’une sphère dont la lumière échappe à la saisie de votre pertinence. Et pour meilleure illustration de mes positions, vous avez toute latitude de lire mon ouvrage : « Terre d’asile etc… » chez « amazon.fr », « manuscrit.com » afin de vous imprégner de la réalité immigrée afférente aux idéaux d’égalité et de fraternité qui, d’évidence, vous sont étrangers.

Note :

(1) Flammarion, 1978, 314 p.

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