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Vive polémique autour de la démolition de la tombe du Prophète et son déplacement vers un autre cimetière en Arabie saoudite

Les grands bâtisseurs saoudiens seraient-ils des fossoyeurs du patrimoine islamique qui ne disent pas leur nom, doublés d’artisans de la discorde qui s’ignorent ?

La question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’un document de 61 pages, produit par un universitaire de renom et distribué aux différents contremaîtres chargé de l’extension de la prestigieuse enceinte Al-Masjid Al-Nabawi, la mosquée du Prophète (saws), à Médine, corrobore un parti pris urbanistique très controversé que certains redoutaient ou se refusaient à croire : le tombeau du Prophète abrité sous le célèbre dôme vert, l’un des lieux saints les plus vénérés et visités de l’islam, serait voué à une destruction certaine et la dépouille du grand homme exhumée pour intégrer une tombe anonyme dans le cimetière al-Baqi, où reposent plusieurs membres de sa famille, dont son père.

Selon le Dr Ifran Al Alawi, directeur de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique, qui est vent debout contre cette destruction programmée et l’argument avancé pour la légitimer « empêcher toute idolâtrie », le corps du père du Prophète aurait été retiré du cimetière dans les années 1970. "Maintenant, ils veulent empêcher les pèlerins d'assister et de vénérer la tombe parce qu'ils croient que c'est shirq, en d’autres termes que cela relève de l'idolâtrie", tempête-t-il dans les colonnes du journal britannique The Independant, alors que la monarchie saoudienne, drapée dans sa souveraine indifférence, ne semble reculer devant aucune destruction sacrilège. Comble de l’impensable pour la Terre Sainte !

Non contentes d’avoir broyé, en l’espace de deux décennies, près de 95% du précieux legs historique et archéologique de La Mecque et de Médine (des monuments vieux de 1 000 ans) sous des bulldozers de la violation d’enceintes sacrées, au profit de gratte-ciels vertigineux, de palaces somptueux et de centres commerciaux gigantesques, comme l’a mis en lumière l’Institut du Golfe, basé à Washington, les autorités d’Arabie saoudite s’obstineraient à faire place nette en offensant grandement les millions de fidèles qui se pressent chaque année pour se recueillir devant le tombeau du Prophète, allant jusqu’à préconiser de détruire les chambres qui l'entourent, jadis utilisées par ses femmes et ses filles, et auxquelles les Chiites vouent un culte.

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Ce document explosif, qui a ravivé la polémique latente, bien que rien n'indique que ses propositions aient reçu l'assentiment royal, a été toutefois publié dans la revue de la présidence des deux mosquées saintes du royaume, à la consternation du Dr Irfan Al-Alawi pour qui c'est un signe… Ce dernier n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme au sujet d’un « Las Vegas wahhabite » en tout point dévastateur, craignant l’embrasement des esprits entre les deux branches de l’islam : "Je suis sûr que cela va provoquer un électrochoc dans le monde et susciter une immense indignation", a-t-il martelé.

De leur côté, les journalistes de The Independent se sont heurtés au refus éloquent de l’ambassadeur saoudien en poste à Londres de les rencontrer, exhumant, à leur tour, le communiqué de presse de l’an dernier en guise de droit de réponse offert aux autorités saoudiennes, doublement critiquées en tant que gardiens et marchands du temple : "Le développement de la sainte mosquée de La Mecque est un sujet extrêmement important, que le Royaume d'Arabie Saoudite, en sa qualité de gardien des deux mosquées saintes, aborde avec le plus grand sérieux. Ce rôle est au cœur des principes sur lesquels est fondée l'Arabie saoudite".

On jugera sur pièces du "sérieux" de la politique urbanistique des grands bâtisseurs de la démesure

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