Alors que les élections cantonales pointent à l’horizon, annonçant un printemps politique dont on peut aisément présager qu’il n’aura ni la rime heureuse, ni la laïcité chaleureuse, le FN connaît sans surprise un bourgeonnement précoce qui a laissé éclore une prose anti-musulmans ordurière, à la vraie fausse stupeur de l’héritière du parti de papa, Marine Le Pen.
Bottant en touche avec une dextérité qui n’a d’égal que son cynisme (un atavisme familial…), la figure de proue de la Révolution Bleu Marine, qui a largement contribué à l’épanouissement de la cacophonie populiste et pas seulement lorsque la nature reverdit, n’a pas l’intention de désavouer Chantal Clamer, sa digne représentante dans l’Ariège, laquelle n’est pas avare de slogans abjects pour conquérir les suffrages locaux.
Cette candidate frontiste pur jus avait en effet anticipé l’éclosion printanière nauséeuse de 2015, en libérant une parole raciste passée inaperçue en janvier 2014, ou pire encore n’ayant choqué personne : «l’islam et les Mahométans sont la nouvelle peste bubonique du XXIe siècle, à combattre à éliminer sans hésitation par tous les moyens possibles», s’était-elle alors autorisée à écrire, avant de poster un autre message dans la même veine, évoquant de «sales gouines vraiment moches», dont seuls voudraient «les blacks et les rebe».
Mais à l’approche d’un 22 mars de tous les enjeux pour le FN, les écrits restent et les captures d’écrans reviennent en pleine face comme un boomerang, par le truchement des candidats de gauche et principaux rivaux de Chantal Clamer qui ont exhumé ses insultes ignominieuses fleurant l’incitation à la haine.
Droite dans ses bottes, Marine Le Pen, dont on entend d’ici les harangues nationalistes, xénophobes et islamophobes stridentes jusqu’à ce que les urnes aient parlé, se dédouane de toute responsabilité, relativisant les propos fielleux de sa petite protégée pour mieux les banaliser : ils étaient “extrêmement maladroits, imprudents” et elle a «commis une injustice en faisant un amalgame”. “On lui a fait comprendre qu’elle était allée trop loin, elle l’a reconnu”, a-t-elle simplement concédé, comme si elle administrait une légère tape sur les mains de son bon petit soldat en guise de seule punition…
De son côté, Chantal Clamer, désormais précédée et poursuivie par ses tweets indignes, s’enfonce dans une mauvaise foi que ne renierait pas sa présidente, ni le père de celle-ci, en estimant, sans aucun regret et encore moins de remords, qu’elle aurait dû ajouter «radical» derrière «islam». Nous voilà rassurés, c’est certain !!
A défaut de revivifier un débat démocratique qui en aurait pourtant cruellement besoin, le printemps politique qui se profile à grands pas risque fort d’être souillé par une éclosion tumultueuse, d’où ne fleuriront encore une fois, comme seul programme pour une France en panne d’idées et en pleine pénurie d’emplois, la calomnie et la diabolisation de l’islam.
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