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Soldats de plomb

Les vitres de ma chambre volent en éclats. Les tirs de la hargne sioniste résonnent, sans doute de la même manière, aux oreilles de mes amis, terrés eux aussi. Les créatures glauques, venues de l’autre côté des frontières, glissent dans nos rues sur des chenilles de fer. Les souffles de vies embrassent le silence et la poussière, sous la croisée des snipers aux rêves expansionnistes. Je pense aux autres enfants qui mangent du Gervais à dix heures où rêvent d’être Harry Potter, j’aimerais qu’ils n’oublient pas mon quotidien. Sur le rond-point de mon école, un monsieur se trouve bizarrement figé. Il est couché, là, depuis trois jours déjà. Il fait beau dehors, c’est déjà ça. Ma mère en sanglots, au bord de l’hystérie, m’implore de cesser d’espionner le chaos par la fenêtre. Pauvre maman, ses yeux ne rient plus, depuis qu’un char est rentré chez mes grand-parents sans frapper. Mon père m’assure qu’il m’aimera toujours, très fort, même si un jour… Pourquoi ma famille se regarde-t-elle comme si c’était l’ultime fois ? Pourquoi les paroles de papa semblent-elles toujours les dernières ? Pourquoi tout le monde s’en va ?

Les cartables, chargés de cahiers quasiment vierges, sont entassés dans le hall d’entrée…pêle-mêle. Celui du fils de la voisine est paraît-il couvert d’encre rouge d’une âme de huit ans. Il fut pris pour cible alors que la cloche de l’école annonçait encore les récréations. Je n’ai jamais eu de Gameboy, mais nos parties de cache-cache se jouent à dum-dum réelles, comme pour de vrai. On recompose des équipes dès lors que nos amis sont retrouvés par des balles égarées, continuellement. Les courses chez l’épicier sont annulées, jusqu’à ce que la gueule de fer, là-bas, cessera de cracher ses obus, trois heures durant. Elle était belle la ville des miens. Les rafales de plombs ne finissent pas de ricocher contre ma maison.

Arraché par les géants au cœur de pierres, Omar, de deux ans mon aîné, colla ses lèvres une dernière fois contre le front de ma mère. Il lui promettait qu’il était entre les mains de Dieu et non entre celles de ces primo-arrivants…Un coup de crosse violent ! Je mouillai mon pantalon. Maman cette fois ne me le reprocha pas, elle me rapprocha d’elle, clamant à tue tête les mains levées vers le ciel : « Il n’y a de force ni de capacité qu’en toi Seigneur », je pleurai… Ma sœur, qui s’effondre là sous les coups des Ogres kakis, essayait, en vain, de ralentir la disparition d’un des miens. On savait qu’ils le frapperaient dès lors qu’il siègera sur la banquette arrière de leur véhicule. Qu’ils déchireront son sommeil dans la cellule, toutes les heures. Qu’ils l’insulteront très fort et qu’ils plongeront sa tête dans la cuve des toilettes. Qu’ils lui feront d’autres choses encore… Tu ne pourra recevoir la visite de personne Omar, mais on est tous avec toi, car nous sommes unanimement coupables d’être innocents ! La Jeep démarre en furie, sous les brimades des charognards, mon frère me posta un dernier clin d’œil en plein cœur … ils lui bandèrent les yeux.

Les innombrables rapports des Droits de l’Enfant proclament que ma petite poitrine, ne peut contenir tant de tensions. Toutefois personne n’est venu s’interposer pour Omar, enterrer ma grand-mère qui gît encore sous les décombres, m’aider à retrouver le sommeil et les rêves. Sous les méthodes des tortures légalisées et avec la surenchère de l’impunité, vos belles théories sont condamnées à rester des lignes sur papier. Alors, en attendant, je ferme les yeux pour faire disparaître cet instant de ma tête. Les haut parleurs sionistes invitent les terroristes (sic), enfants et grands, à se rendre pour la paix de la région ! Tsahal charge toujours dans nos jardins d’enfants avec les blindés de la damnation. Je suis triste, car je devine que notre institutrice demeurera absente, encore pour longtemps. Chaque matin, je regarde par delà le grillage de ma porte espérant voir les tabliers blancs de mes amis se diriger vers l’école, en vain. Il n’y a que l’homme couché sur le rond-point.

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La Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant fut ratifiée par Israël pour que cette dernière la viole en pratique. L’ordre sioniste militaire n°132 décréta qu’un enfant de douze ans est passible de poursuites, de mise aux arrêts et de condamnations par la juridiction militaire israélienne. L’Europe hagarde voit les rossignols de Gaza et de Cisjordanie pris pour cible au quotidien. Au nom de la Liberté de l’Abattage, tous les Droits de l’Humain sont bafoués par le pays des sans concessions. Les gosses de Palestine sont privés de l’innocence dont nos enfants jouissent en Europe, en Belgique et en France. Les p’tit poucet des Terres saintes garderont les séquelles de la torture, des violences journalières, des bastonnades militaires et des détentions illégales. Tels sont les symboles de fierté du militairement correct israélien. L’armée lancée contre des gamins, se charge de graver dans leurs mémoires et dans leurs corps les marques du passage, pour longtemps.

Pour nous, ici, Il est plus que temps de cesser d’êtres frustrés derrière ces images à l’écran. Il est temps pour nous, citoyen d’Europe, de redoubler d’énergies en vue d’informer les populations sur le Génocide perpétré par les sbires de Sharon. Il est plus que temps de multiplier nos interpellations à l’égard des politiques en pleine campagne et de mener campagne contre les langues de bois qui assistent à un nouveau Sabra et Chatila. Il est plus que temps d’enrayer les options du terrorisme israélien qui tente d’asphyxier un peuple de pains et de soins. Aux élans des jets de pierres doivent répondre les militants pour l’avenir palestinien, d’ici, pierre par pierre : Pétitions, manifestations, sitting, mobilisations financières, formations contre la désinformation et assistances humanitaires,… Par tous nos moyens, aidons ce peuple, accusé d’être trop fier. N’oublions jamais que dans les invocations, au creux de la nuit et dans la vague de la communauté le vendredi, réside l’espoir d’une assistance divine pour toutes nos entreprises.

« Les jets de pierres sifflant la liberté ou la liberté enchaînée à la pierre, le choix n’est plus à faire. Car à l’insu des bookmakers, les mères de Palestine ont enfantées des êtres légendaires, qui ne vont se taire, que lorsqu’ils auront tout comme le calife de Médine et le sultan du Caire, pénétrés triomphant, vivant libres sur leurs terres. Le regard dirigé vers l’esplanade des mosquées, lieu de convergences de tous les prophètes, je cesse les pleurs, j’arme mon cœur et prie. »

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