A Rakka, les bombes françaises ne tuent pas. Ce n’est pas moi qui l’affirme et par les temps qui courent, et disant cela, j’aurai peur d’être fusillé pour « menées antinationales ». Celui qui publie le résultat des « frappes », au Mirage et Rafale, c’est le grand quotidien américain « The Washington Post ». Ce qui n’est pas une feuille de chou.
Le 18 novembre le phare du journalisme made in USA écrit, « Après une année de bombardements, les combattants de Daech ont appris à mettre leurs armes à l’abri, à sécuriser leurs outils de communication et à se cacher dans d’importants bunkers ce qui fait que le nombre de civils qui meurent ou sont blessés est élevé au point d’être intolérable » et Theodore Karasik, l’expert cité par le « Post », décrit le réseau sous terrain utilisé par Daech pour échapper aux bombes…
Selon des observateurs syriens les bombardements français auraient « quand même » tués 30 combattants, ce qui indique, en termes de bilan militaire, donc macabre, que la kalachnikov est plus meurtrière que les engins guidés au laser et autres missiles. Selon un activiste qui s’exprime, toujours dans « The Washington Post », les chefs de Deach « utilisent la technique des boucliers humains, c’est-à-dire qu’ils placent leurs postes de commandement en plein cœur de la population civile, ce qui rend les bombardements hasardeux »… En France, soldats et medias baptisent cela « bavures ».
Conséquences, les tragiques bombes de Rakka sont plus un outil de communication destiné à dire aux français qu’ils sont « vengés », qu’un outil de guerre qui atteigne son but. Parmi les énigmes de la conduite de la guerre contre les djihadistes, l’une concerne la longue mansuétude dont ont bénéficié les infrastructures de Daech. Quand on ne peut « écraser » les combattants ennemis, le mieux est de les couper du reste du monde, même un réformé sait cela depuis Clausewitz.
Pour ce faire, avec des Mirages, Rafales ou autres avions américains et russes, sans DCA au sol, c’est un simple travail d’entrainement que de détruire les ponts, les routes, les usines électriques, les puits de pétrole et la noria de camion citernes qui, aux yeux de tout le monde, acheminent depuis des mois le « brut » vers une Turquie complice. Dont acte, il semble que nos stratèges aient enfin ouvert leur manuel, l’ « Art de la guerre » et qu’ils commencent à couper Daech de son pactole… Ce qui va faire pleurer quelques financiers biens tranquilles dans leurs chauds bureaux d’Europe et des Etats-Unis.
J’ai en mémoire un épisode identique de notre histoire récente, en octobre 1983. Après la mort de 57 parachutistes tués dans un attentat à Beyrouth, dans l’immeuble Drakkar, François Mitterrand décidant une réplique a fait bombarder la Bekaa, siège du Hezbollah soupçonné d’être l’auteur de l’attaque. Bilan, un berger et son âne tués, là-haut dans la montagne.
Puis, histoire de balayer plus large dans le clan des coupables soupçonnés du coup contre le Drakkar, les services spéciaux français s’infiltrent à Damas pour y faire sauter le siège du parti Bass. Le commando est dirigé par un certain Mafart qu’on retrouvera bientôt à la manœuvre dans l’affaire Greenpeace. Manque de chance, perdus dans la capitale syrienne, nos barbouzes se trompent d’adresse et font sauter un immeuble qui n’a rien à voir avec le parti unique de Syrie.
Enfin pour finir ce tout d’horizon nos exterminators pensent aussi à punir l’Iran. Une jeep de l’armée française bourrée d’explosifs est lancée contre l’ambassade de Téhéran à Beyrouth… Damned, elle n’explose pas. En paraphrasant Clémenceau pourrait-on dire que « la vengeance est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires » ?
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