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Réconcilier l’Islam et la Science Moderne

Nous publions en exclusivité un extrait du livre événement du scientifique Nidhal Guessoum « Réconcilier l’Islam et la Science Moderne. l’esprit d’Averroes » paru il y a une semaine aux éditions Presses de la Renaissance. Un livre incontournable qui aborde des thèmes d’une importance fondamentale comme : « L’Univers a-t-il été créé pour l’homme ? », « Y a-t-il de la science moderne dans le Coran ? », « Le Coran est-il compatible avec une vision évolutionniste de l’homme ? », Existe-t-il des « miracles scientifiques » dans le Coran ? ». Nous reviendrons ultérieurement sur toutes ces questions à travers plusieurs entretiens avec Nidhal Guessoum.

L’esprit d’Averroès

Extrait du Prologue de « Réconcilier l’Islam et la Science Moderne »

La façon dont une telle philosophie – simple, équilibrée et entièrement authentique – peut être adoptée et devenir un guide pour la science contemporaine et les discours religieux, devient désormais claire. Nous n’irons pas jusqu’à déclarer, comme Charles E. Butterworth le fait (1), qu’Averroès était un précurseur des Lumières. Nous nous contenterons de laisser l’esprit d’Ibn Ruchd (ses principes de philosophie, de religion et leurs relations mutuelles) nous guider dans l’exploration des questions soulevées à l’intersection de la science moderne, de la religion (en particulier l’Islam) et de la pensée moderne.

Ce qu’Averroès a réalisé est révolutionnaire, non seulement pour son époque mais également pour la nôtre : il a montré qu’il était possible de relier la raison aux préceptes essentiels de la foi islamique, et même de tout credo ou vision du monde théiste. Tout lecteur lisant les travaux d’Ibn Ruchd avec objectivité se rendra compte, quel que soit son point de vue initial, qu’une polarisation ou opposition simpliste entre la philosophie/science et la religion ne peut être maintenue.

Permettez-moi d’approfondir un peu cette idée par l’examen des premiers paragraphes du Discours décisif sur l’harmonie entre la Religion et la Philosophie. Après les coutumières louange de Dieu et prière sur le Prophète, Ibn Ruchd commence par définir l’objet de son traité comme devant « rechercher, dans la perspective de l’examen juridique, si l’étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la Loi révélée, ou bien condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu’obligation. » (2)

Puis, il expose clairement : « Nous disons donc : Si l’acte de philosopher ne consiste en rien d’autre que dans l’examen rationnel des étants, et dans le fait de réfléchir sur eux en tant qu’ils constituent la preuve de l’existence de l’Artisan, c’est-à-dire en tant qu’ils sont [analogues à] des artefacts – car de fait, c’est dans la seule mesure où l’on connaît la fabrique que les étants constituent une preuve de l’existence de l’Artisan ; et la connaissance de l’Artisan est d’autant plus parfaite qu’est parfaite la connaissance des étants dans leur fabrique ; et si la Révélation recommande bien aux hommes de réfléchir sur les étants et les y encourage, alors il est évident que l’activité désignée sous ce nom [de philosophie] est, en vertu de la Loi révélée, soit obligatoire, soit recommandée. » (3)

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Il poursuit ensuite sa réflexion en citant des versets coraniques qui sont reliés à cette idée. Averroès déclare que toute activité humaine, telle que la philosophie et la science, doit être au moins louable, sinon obligatoire, pour la simple raison qu’elles mènent à une plus grande connaissance et appréciation de Dieu (l’Artisan), à travers l’étude de Sa création.

Notes :

(1) Dans son article « Averroès, Precursor of the Enlightenment ? – Averroès, Précurseur des Lumières ? » (Alif, No. 16, 1996, p. 6-18), Charles Butterworth écrit : « Il est frappant de constater, bien que cela ne semble pas justifié de prime abord, que certains indices peuvent être décelés, à mêmes de soutenir l’affirmation selon laquelle une première version des fameuses Lumières européennes du XVIIIe siècle se trouverait dans la philosophie médiévale Islamique, en particulier dans les écrits du célèbre philosophe, physicien, et parfois consultant royal, Ahmed Ibn Muhammad Ibn Rushd ou Averroès. »

(2) “Averroès – Discours Décisif”, Marc Geoffroy (Traducteur), GF Flammarion (1996), p. 103.

(3) Ibid, pp. 103-5.

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