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Marwan Barghouti exposé en trophée à la télévision israélienne

 

Alors qu’il recevait, pour la première fois en 21 mois d’emprisonnement, une première visite familiale, celle de ses deux jeunes fils, Arab et Sharaf (sa femme n’étant toujours pas autorisée à le voir), Marwan Barghouti, le député palestinien kidnappé à Ramallah, le 15 avril 2002 par les Israéliens, a non seulement été filmé ainsi que ses enfants lors de cette visite à la mi-décembre au sein de la prison de Beer Sheva, mais le film a été remis à une chaine de télévision israélienne qui a été autorisée à le diffuser !

« J’ai eu beau saisir la Cour Suprême en apprenant la programmation de ce film par la 2ème chaine de télévision israélienne, en faisant valoir qu’il était impensable de violer ainsi l’intimité de mes enfants et de mon mari, rien n’y a fait », me raconte Fadwa Barghouti, l’épouse du leader palestinien, lors d’un entretien à Ramallah.

« Pouvoir montrer deux enfants terrorisés, entourés de 6 soldats israéliens, agenouillés sur un banc, séparés de leur père par deux barrières et du fil de fer barbelé, était apparemment pour le gouvernement israélien une bonne affaire, une manière de dire : regardez ce que nous pouvons faire à un grand dirigeant palestinien ; voyez comme nous sommes les plus forts », analyse Fadwa.

« Cela s’est passé juste après la capture de Saddam Hussein et le show télévisé organisé par les Américains pour l’humilier et je mettrais ma main au feu que les Israéliens ont trouvé là une source d’inspiration », ajoute-t-elle.

Et quand Marwan Barghouti a protesté contre cette mise en scène scandaleuse, il s’est vu, pour toute réponse, confisquer l’ensemble de ses affaires personnelles (livres, vêtements…) par les autorités pénitentiaires.

Depuis son arrestation sans la moindre charge valable, tout est fait pour démoraliser celui qui est connu pour être le plus populaire des dirigeants palestiniens, et un homme qui a toujours milité en faveur d’une paix juste avec les Israéliens.

Torturé pendant les 108 premiers jours de sa détention, il a subi les interminables interrogatoires israéliens, mains attachés au dos d’une chaise, privé de sommeil pendant des jours. Depuis 11 mois il est reclus seul et sans le moindre contact dans une cellule humide de 3m2 (toilettes incluses), sans fenêtre, sans aération, sous lumière artificielle 24 H sur 24. Il est autorisé à sortir dans la cour de la prison une heure par jour, mais mains et pieds enchaînés, ce qui lui interdit la marche.

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Sa santé se détériore de manière inquiétante, souligne Fadwa Barghouti. En plus de problèmes de dos, il souffre désormais de pathologies respiratoires et oculaires. Mais le directeur de la prison refuse qu’il soit examiné par un médecin de l’extérieur ou admis à l’hopital, en violation des 3ème et 4ème convention de Genève.

Seul son avocat est autorisé à le rencontrer occasionnellement, mais toujours en présence de gardiens et d’une vidéo-caméra, qui enregistre les conversations.

Un autre coup vient de lui être porté avec l’arrestation, le 24 décembre dernier, de son fils Qasem, âgé de 19 ans, étudiant au Caire, arrêté sur le pont Allenby, alors qu’il rentrait passer des vacances avec sa famille, et désormais incarcéré à la prison d’Ofar.

« La justice israélienne se prévaut d’un témoin inconnu, originaire de Naplouse qui aurait affirmé voir Qasem remettre des grenades à quelqu’un en mars 2002 à Ramallah, et elle n’a même pas cherché à interroger Qasem. Le dossier d’accusation a été ficelé en 3 jours. C’est l’arbitraire le plus total et, de toute évidence, une manière de faire pression sur Marwan », dénonce Fadwa, elle-même avocate, qui rappelle que la Loi Tamir votée en 1982 permet à la justice israélienne de faire reposer des charges sur un seul témoignage.

Et pour illustrer ce mépris des règles internationales mais aussi la perversité du gouvernement israélien, elle raconte comment elle avait une fois réussi à obtenir un permis de visite et comment arrivée à la prison, les autorités pénitentiaires ont regardé son permis et lui ont déclaré : « C’est exact, Madame Barghouti, vous avez bien un droit de visite, mais ce n’est pas le cas de votre mari ; il ne pourra donc pas vous voir ».

Olivia Zémor à Jérusalem

Source : Pour une Paix Juste au Proche-Orient

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