Alors qu’en franchissant le seuil d’une église et en assassinant sauvagement un prêtre âgé, en plein office religieux, un nouveau palier dans la barbarie, revendiqué par Daesh et ses forces du mal, a été atteint ce matin à Saint-Etienne-du-Rouvray, une petite ville de 28 000 âmes, c’est l’effroi qui a saisi Mohammed Karabila, le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, à l’annonce de la fin atroce de « son ami » Jacques Hamel, ce vieil homme d’Eglise de 86 ans, d’une grande bonté, qui s’est toujours fait l’apôtre du dialogue interreligieux.
Le choc émotionnel est d’autant plus intense que Mohamed Karabila officie en sa qualité d’imam de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray, laquelle fut inaugurée en 2000 sur une parcelle de terrain offerte à la communauté musulmane par la paroisse catholique locale, marquée aujourd’hui par une terrible tragédie.
“Je ne comprends pas, toutes nos prières vont vers sa famille et la communauté catholique”, a déclaré l’imam, visiblement bouleversé. “C’est quelqu’un qui a donné sa vie aux autres. On est abasourdis à la mosquée”, a-t-il renchéri.
“Nous discutions de religion et de savoir-vivre ensemble”, a rappelé Mohamed Karabila avec émotion. “Nous faisons partie d’un comité interconfessionnel depuis 18 mois”, a-t-il précisé, avant de pousser un cri du cœur révulsé par cette spirale infernale de violences qui culmine, à chaque fois, dans l’horreur insoutenable : “Cela fait 18 mois qu’on s’attaque à des civils, maintenant ils visent des symboles religieux et prennent pour prétexte notre religion, ce n’est plus possible”, s’est-il exclamé, affligé, en pleurant la disparition du très regretté père Hamel.
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