Le calme règne de nouveau à Buxerolles, dans la banlieue de Poitiers, aux abords du chantier de la mosquée locale, dont les responsables sont fortement commotionnés depuis l’assaut donné, samedi, par 70 jusqu’au-boutistes islamophobes qui l’ont crânement assiégé, sous l’oriflamme nationaliste « Génération identitaire ».
Alors que seuls trois de ces extrémistes, nazillons dans l’âme, ont été placés en garde à vue, leur passage à l’acte d’une grande violence, tant par sa nature répréhensible que par son noir dessein, a été unanimement condamné par la classe politique. Une enquête a été immédiatement diligentée pour "manifestation non autorisée, provocation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens en réunion". La qualification de "vol et dégradation en réunion" est également retenue, notamment pour une dizaine de tapis de prière déplacés de la mosquée sur le toit et irrémédiablement endommagés par la pluie.
Criant haro sur l’islam et sus à l’islamisation de la France, le premier haut fait d’arme de « Génération Identitaire » est frappé par l’anathème général, avec en tête le Premier ministre Jean-Marc Ayrault : "Je condamne fermement cette provocation qui révèle une haine religieuse inacceptable", a-t-il déclaré, ajoutant que cet envahissement était "une agression contre la République et ses valeurs"."Un tel acte est inacceptable car il bafoue les valeurs de notre République laïque, parmi lesquelles la liberté d'exercice des cultes".
A l’unisson du chef du gouvernement, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a dénoncé "la provocation haineuse et inadmissible" et "les amalgames douteux" du Bloc identitaire, ajoutant que "l'Etat fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d'intolérance qui déchirent le pacte social", précise son communiqué.
A l’instar du premier secrétaire du PS, Harlem Désir, et du PCF, des voix se sont élevées pour demander « la dissolution » du groupuscule d’extrême droite qui a enfanté cette « génération identitaire », semeuse de désordre, de division, et de l'intolérance religieuse la plus funeste. "Je demande la dissolution de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l'ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine", écrit dans un communiqué Harlem Désir, qui considère que ces militants d'extrême droite, "agressent non seulement les musulmans de France mais aussi la République qui garantit la liberté de culte et le principe de laïcité".
Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche (PG), a également haussé le ton pour exiger la dissolution des "groupes impliqués" dans cet assaut inadmissible. "Dorénavant, en plus de l'antisémitisme rampant ou ouvert qui l'a toujours infecté, elle (l'extrême droite) milite ouvertement pour la haine des musulmans. Adepte du 'choc des civilisations', elle voudrait diviser les Français selon leurs religions. Mme Le Pen, qui voulait interdire les kippas et les foulards dans la rue, a été entendue. Dans la même veine ses émules sont passées aux actes contre des bâtiments", a-t-il critiqué.
L’indignation est également montée au sein du Parti radical, par la voix de son président Jean-Louis Borloo, et de son secrétaire général Laurent Hénart, outrés par ce palier franchi dans la stigmatisation de l’islam : "Tous les appels à la haine d'une religion sont des poisons qui divisent notre société. Nous condamnons ces propos et ces actes qui sont des attaques ignobles contre notre République", ont commenté ces derniers.
Quand l’escalade de la haine n’a plus de limites, pas même celles que fixe la loi, et croit dur comme fer à sa légitimité pour bouter les « sarrasins » hors de France, cela donne une démonstration de force illégale, extrêmement inquiétante et choquante, qui ébranle les valeurs républicaines et fait craindre le pire pour la cohésion nationale. Après la nécessaire condamnation sans équivoque, il est grand temps d'agir avec la même unité, au-delà de tous les clivages politiques, contre cette hémorragie d'agressions anti-musulmans que plus personne ne peut nier, ni minorer.
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