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Le mépris d’Israël pour la vie de ses soldats et de sa jeunesse, et son double langage

Le gouvernement israélien préfère savoir ses jeunes soldats morts plutôt que vivants et en bonne santé. Les médias français aussi, apparamment. Israël se dit en guerre quand cela l’arrange, sans vouloir pour autant se plier aux conventions internationales en cas de guerre. Pourquoi Israel aurait-il le droit de faire des prisonniers dans cette “guerre” avec une seule armée —cette sale guerre, comme la “guerre d’Algérie” ou la “guerre du Vietnam”— et pas ses adversaires ?

On observe que les médias, reprenant à leur compte la propagande israélienne, ne s’offusquent aucunement, qu’il s’agisse des actions militaires menées par des Palestiniens dans la Bande de Gaza ou par le Hezbollah au Liban, des soldats israéliens tués, mais uniquement de ceux qui ont été faits prisonniers. Et ils utilisent à dessein le terme « enlevés » quand il s’agit de soldats israéliens, et le terme « prisonniers » quand il s’agit de résistants palestiniens.

Mais faut-il comprendre que les dirigeants israéliens qui se targuent d’accorder tant de valeur aux vies humaines, préfèrent savoir les jeunes Israéliens qu’ils envoient au casse-pipe morts plutôt que vivants, en bonne santé et prêts à être échangés contre des Palestiniens enlevés par l’armée israélienne ?

Merci à tous nos lecteurs de poser la question à l’ensemble des médias qui nous prennent décidément pour des imbéciles en nous servant sans complexe et en boucle ces infâmités.

Merci à Carole Sandrel pour sa traduction d’une tribune et témoignage salutaire sur ce sujet, écrite par Arik diamant, refuznik israélien, de l’association « Le Courage de Refuser », que vous trouverez ci-dessous.

Des centaines de « suspects » palestiniens ont été kidnappés chez eux et n’auront jamais de procès

par Arik Diamant*

C’est aux heures du petit jour, quand il fait encore noir dehors. Une force de guérilla sort de nulle part et kidnappe un soldat. Après des heures d’un mouvement calculé, la force atteint sa cible, et le piège se referme ! En quelques secondes le soldat se retrouve (le visage) au-dessus d’un canon de fusil.

Un coup en plein visage avec l’arrière du fusil et le soldat tombe par terre en saignant. Les kidnappeurs le ramassent, lui ligotent rapidement les mains, lui mettent un bandeau sur les yeux et disparaissent dans la nuit.

Ca pourrait être la fin du kidnapping, mais le cauchemar ne fait que commencer. La mère du soldat s’évanouit, son père prie. Ses commandants promettent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour le délivrer, ses camarades jurent de le venger. Toute une nation est dans la révolte, écrit sa douleur et son inquiétude.

Nul ne sait dans quelles conditions se trouve le soldat : est-il blessé ? Est-ce que ses ravisseurs lui accordent un minimum de dignité humaine ou le torturent-ils à mort, foulant aux pieds son honneur ? La pire sorte de souffrance c’est de ne pas savoir. Reviendra-t-il chez lui ? Et si oui, quand ? Et dans quelle condition ? Quelqu’un peut-il rester indifférent à la lumière d’un tel drame ?

Terreur israélienne

Toute cette description, vous allez être étonné de l’apprendre, n’a rien à voir avec le kidnapping de Gilad Shalit. C’est l’histoire d’une arrestation que j’ai opérée en tant que soldat israélien. Dans la casbah de Naplouse il y a dix ans à peu près. Ce « soldat » était un garçon de 17 ans et nous l’avions kidnappé parce qu’il connaissait « quelqu’un » qui avait fait « quelque chose ».

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Nous l’avons amené ligoté, la tête recouverte d’un sac de jute, au centre d’interrogatoire du Shin Bet surnommé « La colline aux Hurlements » (à l’époque nous trouvions ça drôle). Là, le prisonnier avait été battu, violemment secoué et privé de sommeil pendant des semaines ou des mois. Qui sait.

Personne n’a rien écrit là dessus dans le journal. Les diplomates européens n’ont pas été appelés à sa rescousse. Après tout, il n’y avait rien d’extraordinaire à kidnapper ce môme palestinien. En quarante ans d’occupation nous avons kidnappé des milliers de gens exactement comme Gilad Shalit a été kidnappé : sous la menace d’un fusil, battu impitoyablement, sans juge ni jury ; ni témoins, et sans qu’on ait fourni à la famille la moindre information sur le captif.

Quand les palestiniens font pareil, nous parlons de « terrorisme ». Quand c’est nous, “nous travaillons sans relâche pour répondre aux atrocités”.

Suspects ?

Certains diront : les Forces Israéliennes de Défense ne « font pas » que kidnapper. Ces gens sont « suspects ». Il n’y a pas mensonge plus pervers que ça. Au cours de toutes les années où j’ai servi, j’ai fini par parvenir à une simple conclusion : qu’est-ce qui fait un « suspect » ? Qui, exactement le suspecte et de quoi ?

Qui a le droit de condamner un individu de 17 ans à être kidnappé, torturé et à une mort possible ? Un interrogateur de 26 ans du Shin Bet ? Ou de 46 ans ? Est-ce que ces gens ont un savoir supérieur en dehors de leur capacité à “interroger” ? Quelles sont leurs considérations ? Si tous ces « suspects » sont coupables, pourquoi ne pas les poursuivre en justice ?

Tous ceux qui croient qu’en dépit de leur manque de transparence, les Forces Israéliennes de Défense et le Shin Bet font de leur mieux pour réduire les violations des Droits de l’homme, sont des naïfs, à moins qu’ils n’aient subi un lavage de cerveau. Il suffit seulement de lire le témoignage des soldats qui ont opéré des détentions administratives pour se convaincre de l’ampleur de l’immoralité de nos agissements dans les territoires.

A ce jour, il y a des centaines de prisonniers palestiniens qui pourrissent dans les prisons et les cachots du Shin Bet et qui n’ont pas eu et n’auront jamais de procès. Et les Israéliens se sont silencieusement résignés à ce phénomène.

*Arik Diamant est un réserviste des Forces Israéliennes de Défense et le responsable de l’association « Le courage de refuser ».

Traduit par Carole Sandrel pour CAPJPO-EuroPalestine

http://www.ynetnews.com/Ext/Comp/ArticleLayout/CdaArticlePrintPreview/1,2506,L-3271505,00.html

CAPJPO-EuroPalestine

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