Plus question d’interpréter les hadiths à sa guise, surtout pour leur conférer une portée plus rigoriste, sexiste ou violente qu’ils ne le sont réellement !
Marquée du sceau royal wahhabite, cette volonté de passer au crible les interprétations des enseignements du Prophète (saws) et de veiller à ce qu’elles ne soient pas faussées par le prisme de l’ultra-conservatisme religieux prend une résonance particulière, à l’heure où un vent de réforme souffle sur l’Arabie saoudite, sous l’impulsion du jeune prince héritier Mohammed bin Salman.
Désormais, il incombera à une Haute Autorité placée sous la présidence du cheikh Mohammed bin Hassan al-Cheikh, membre du Conseil des savants, et basée à Médine, d’examiner avec soin que les paroles, les actes ou les habitudes du Prophète soient restitués le plus fidèlement possible par les dignitaires religieux, prédicateurs et autres juristes saoudiens, sans en trahir l’authenticité et la noblesse des valeurs qui en émane.
Le décret promulgué par le roi Salman ordonne instamment l’instauration d’un aréopage de sages, composé de savants issus du monde entier, qui aura la lourde tâche de redoubler de vigilance contre les « textes faux et extrémistes », mais aussi contre « tous les textes qui contredisent les enseignements de l’islam et justifient que des crimes, des meurtres et des actes terroristes soient commis en son nom ».
De son côté, le ministère de la Culture et de l’Information a précisé que cette Haute Autorité se verra confier l’élaboration d’une « référence scientifique solide et indiscutable qui permettra de vérifier l’authenticité des hadiths », mais sans toutefois préciser la forme qu’elle prendra.
Alors que des milliers de religieux extrémistes saoudiens ont été démis de leur fonction le mois dernier, comme l’affirme Adel al-Jubeir, le ministre des Affaires étrangères, la monarchie saoudienne a fait part de sa décision de promouvoir un nouveau récit national ou « récit alternatif », maintenant le wahhabisme comme doctrine fondamentale et unitaire, mais, fait notable, en entrouvrant les portes du royaume à des thèmes laïques, tels que le nationalisme et le patrimoine culturel antérieurs à l’islam.