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L’Algérie à l’heure des grandes manœuvres

L’hospitalisation du président Bouteflika suite à un accident vasculaire n’a pas manqué de raviver les rumeurs sur son état de santé à l’heure où les différents clans, qui ont pris l’Algérie en otage, aiguisent leurs couteaux dans le cadre de ce qui s’apparente déjà à une guerre de succession en vue des présidentielles du printemps 2014.

Changements brusques à la tête des principaux partis politiques dans le cadre de « révolutions scientifiques » annonçant une nouvelle recomposition politique maison dans laquelle se mêlent arrivisme vorace de nouvelles élites opportunistes et activisme maladroit des officines qui tiennent lieu de laboratoires politiques, multiplication des mouvements sociaux plus ou moins spontanés mais au sein desquels nagent comme des poissons dans l’eau aussi bien les agents du pouvoir que ceux des ONG étrangères qui activent pour le compte de centres d’intérêts bien connus, scandales de corruption touchant la compagnie nationale d’hydrocarbures, la Sonatrach, fleuron de l’économie nationale et principal pourvoyeur du pays en devises, radicalisation du mouvement régionaliste en Kabylie dont les revendications et les slogans de certaines de ses composantes convergent curieusement avec les stratégies prédatrices, internes et externes, qui vont dans le sens de la dislocation de l’Etat-nation algérien et enfin mise en cause publique du frère du président de la république dans les scandales de corruption dans l’intention de fragiliser le président lui-même ou de l’empêcher de briguer un quatrième mandat, les signes de cette guerre de succession ne manquent pas et contribuent à aggraver des tensions sociales bien réelles.

A ces signes viennent s’ajouter les campagnes de désinformation soft visant à précipiter une crise politique en accréditant l’idée d’un grave conflit au sommet du pouvoir entre le président Bouteflika et les généraux du DRS. Une lettre confidentielle proche de la communauté du Renseignement français n’a pas hésité à monter en épingle une soi-disant guerre qui serait livrée par le chef de la Direction de la sécurité intérieur (DSI) le général-major Bachir Tartag contre le « clan Bouteflika » dans le cadre de la lutte contre la corruption. Il n’a pas fallu plus pour que les très courageux plumitifs du microcosme algérois se ruent sur les proches du président Bouteflika en croyant que leur heure est arrivée.

Quand on voit de quels journaux proviennent les coups bas, on se rend bien vite compte que les scandales financiers dont les proches de Bouteflika se seraient rendus coupables ne sont qu’un prétexte pour solder de vieux comptes politiques et économiques. Les courants politiques qui montent au créneau à cette occasion rappellent la parabole de la paille et de la poutre de Jésus. En effet, il suffit de suivre à la trace les «  dons politiques » que font les principaux barons de la mafia politico-financière pour faire le tour de la machine à laver l’argent des appels d’offres publics et des crédits bancaires jamais remboursés et pour se rendre compte que les dirigeants de la plupart des partis ont profité allègrement des largesses d’un système qui a fait de la corruption une arme politique.

Au-delà des gesticulations médiatiques d’un microcosme aux abois et des luttes de clans à couteaux tirés pour le partage de la rente qui ont fini par lasser la population et plongé la jeunesse dans une désaffection grave à l’égard de la chose publique, propice à toutes les manipulations, il convient de s’interroger sur les mobiles réels des forces en présence et sur les enjeux véritables de cette guerre de succession dont l’ouverture avant l’heure risque de chambouler bien des agendas.

Agitation politique

Sans doute, existe-t-il parmi les opposants actuels au président Bouteflika des gens déçus par ce qu’ils considèrent être une dérive personnelle du pouvoir qui a fini par aggraver le mal politique qui ronge profondément et depuis bien longtemps le système algérien, à savoir la marginalisation des institutions. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce que de nombreux journaleux qui squattent les colonnes d’une presse soi-disant « indépendante », mais qui sert en fait de caisse de résonnance à quelques barons d’un segment bien connu de la pègre politico-financière algéroise, vomissent chez Bouteflika, ce n’est pas tant ses errements caractériels et régionalistes que sa supposée collusion avec l’islamisme, à travers notamment sa politique de « réconciliation nationale » qui, quoiqu’on en dise et malgré toutes ses lacunes, a permis à l’Algérie de retrouver la paix civile, de séparer les noyaux durs du salafisme djihadiste du reste de la mouvance islamiste qui est en train de faire son difficile apprentissage démocratique ni plus ni moins que les autres mouvances politiques, de neutraliser les extrémismes des deux bords et de rompre enfin avec un isolement diplomatique des plus dangereux.

Sans doute que le charisme politique dont jouit Bouteflika auprès de larges secteurs de l’opinion populaire dérange-t-il au plus haut point les stratégies de certains états-majors politiques qui savent que le suffrage universel ne pourra que les disqualifier, une fois de plus. D’où leurs sorties pseudo-constitutionnelles récurrentes  tantôt « fédéraliste » tantôt « régionaliste » quand ce n’est pas carrément l’appel à mettre hors-la-loi les partis islamistes qui risquent de leur faire de l’ombre dans toute élection libre.

Quoi de mieux qu’une élection débarrassée de ses adversaires pour sortir à coup sûr vainqueur ? Il fallait tout simplement y penser ! Un journal qui passe pour être un des porte-voix attitrés de ces minorités culturelles et idéologiques qui n’ont toujours pas digéré cette « réconciliation nationale », n’a pas hésité, dans ce qui ressemble à un remake grotesque de l’appel à la suspension du processus électoral de janvier 1992, à appeler l’armée algérienne à intervenir directement en vue de reporter l’élection présidentielle de 2014 d’au moins deux ans, le temps de préparer les conditions politiques d’une république kémaliste dont on ne voit pas comment elle pourrait être instaurée sans l’imposition plus ou moins officielle d’un suffrage censitaire ! Enfin, un aveu de taille qui vient nous renseigner sur les véritables mobiles de la campagne hystérique visant le président Bouteflika.

Pourtant, à y regarder de plus près, le microcosme algérois s’agite pour rien. Tant que l’Algérie continue de satisfaire aux r
ègles du jeu décidées par les puissants de ce monde, n’importe quel bricolage constitutionnel pourrait faire l’affaire. Le président Bouteflika pourrait se présenter comme il pourrait ne pas se présenter. Le mandat présidentiel actuel pourrait être prolongé de deux ans comme il pourrait être écourté pour raisons de santé.  Mais en quoi cela va-t-il changer quelque chose au fond du problème,  c’est-à-dire au fait que c’est l’Etat qui est en voie d’être phagocyté par des pouvoirs réels plus ou moins occultes et plus ou moins liés à de colossales fortunes qui se sont constituées -au moins en partie- par l’accumulation de l’argent sale ?

En quoi le fait de remplacer Bouteflika par X ou Y va-t-il subitement donner au parlement un pouvoir constitutionnel qu’il n’a jamais eu ou à la Justice son  indépendance quand il s’agit de protéger les droits des personnes physiques et morales ? A cet égard,  il est fort à craindre que les sauveurs autoproclamés de la république ne soient pas seulement incapable d’imposer leur solution mais qu’ils fassent carrément partie du problème dans la mesure où ils doivent leurs positions acquises et leurs privilèges exorbitants aux différents « pouvoirs de fait » qui se sont succédés depuis 1992 à la faveur d’une crise politico-sécuritaire qu’ils ont provoquée, encouragée et perpétuée et qu’ils seraient capables de reproduire s’ils en avaient les moyens tant le sang des Algériens ne vaut rien à leurs yeux à côté des privilèges qu’ils risquent de perdre le jour où la souveraineté nationale se sera enfin réconciliée avec la souveraineté populaire.

Les médias qui s’agitent inutilement peuvent multiplier tous les ragots qu’ils veulent. Ils peuvent rêver à toutes sortes de « révolutions scientifiques ». Peu importe le cheval sur lequel ils parient. Ils peuvent continuer à s’intoxiquer jour et nuit. Les faits sont têtus. Ce n’est pas le FIS qui a amené Bouteflika à la présidence. Ce sont leurs Zorro qui ont jeté l’éponge et qui ont compris un peu tard que la politique d’éradication allait bientôt se retourner contre eux et qui ont supplié –oui supplié- Bouteflika de venir sauver la maison et les sauver par la même occasion. A ceux qui croient que tel ou tel général du DRS va les sauver, rappelons que c’est un général du DRS, l’ancien patron de la DSI, feu le général Smail Lamari, qui a été négocier en 1997 dans les maquis de Jijel avec le chef de l’AIS la « reddition » de cette dernière contre l’amnistie de ses membres et que Bouteflika n’a fait qu’officialiser cet accord deux plus tard dans le cadre du décret portant « concorde civile ». Tout cela pour dire qu’aucun général, fut-il le plus aventurier, ne pourra penser, même dans le rêve, à la reproduction du scénario du 11 janvier 1992.

Et si jamais, il se trouvait un général assez aventurier pour cela, la conjoncture régionale et internationale viendrait le rappeler à la dure réalité : le respect de la volonté populaire est un gage sérieux de la stabilité de l’Etat et de son adhésion réussie à la communauté internationale. Au demeurant, les aventures judiciaires du général Nezzar en France et en Suisse sont là pour calmer ceux qui seraient tentés par le diable.

Tout au plus, ce que les minorités culturelles et idéologiques pourraient espérer à l’avenir c’est que le souci d’équilibre politique et la crainte maladive du séparatisme qui animent les dirigeants du système algérien pourraient les pousser à continuer à fermer les yeux sur les privilèges politiques et économiques qui permettent aux différentes expressions de ces minorités de s’adjuger une part de gâteau plus grosse que leur ventre.

Et encore ce souci d’équilibre, s’il n’est pas bête en soi, est sans doute appelé à être révisé dans un futur proche tant les voix qui montent du sud algérien risquent bientôt d’être relayées par la multitude du nord qui en a assez de vivre sous le chantage d’une minorité culturelle, politique et idéologique, qui squatte les  administrations de l’Etat, bloque les projets de développement, cherche à torpiller toute coopération internationale, notamment avec les pays arabes, qui risque de sortir l’Algérie de la zone d’influence de l’ancienne puissance coloniale et qui fait tout pour reporter le jour où la souveraineté populaire doit s’exprimer librement en agitant à chaque fois l’épouvantail du « péril islamiste », un éventail qui ne fait plus recette quand on voit avec quel pragmatisme des puissances autrement plus laïques que nos minorités perdues gèrent ce phénomène sociopolitique qui relève du principe intangible de l’autodétermination des peuples.

Enjeux politiques et sociaux

Dans un système politique présidentiel comme l’est officiellement le système algérien, il est normal que la personne du président de la république cristallise autour d’elle toutes les contradictions du système. Tous les maux du système, mal-gouvernance, corruption, bureaucratie, restriction des libertés, sont imputés au président et à son entourage. Sans doute, la responsabilité du président est-elle engagée, surtout qu’il a dans ses prérogatives constitutionnelles le pouvoir de décider des orientations de la politique économique et sociale et de nommer aux plus hautes fonctions de l’Etat. Mais à y regarder de plus près le fonctionnement des institutions et de la société en Algérie, les choses apparaissent plus compliquées.

L’histoire n’a que faire de la vanité des hommes. Ce n’est pas parce qu’il est venu en affichant sa ferme intention d’exercer la plénitude de ses fonctions, lorsqu’il avait déclaré au début de son premier mandat qu’il n’accepterait pas d’être un trois quart de président, que Bouteflika va réussir à mettre hors-jeu les forces réelles qui ont pris en otage l’Etat et la société en Algérie. Il avait beau ironiser sur ses prédécesseurs auxquels il reprochait de diriger l’Etat comme la Reine d’Angleterre alors qu’ils avaient à leur disposition une Constitution digne de Franco. Certes, sur de nombreux dossiers, Bouteflika a sans doute fait mieux que la Reine d’Angleterre.

Mais ce n’était ni bien glorieux ni suffisant pour venir à bout des pouvoirs réels que des groupements d’intérêts civils et militaires ont accumulés tout au long de la déce
nnie sanglante durant laquelle l’Etat a été mis entre parenthèses. Et puis, on ne lutte pas contre la logique clanique en s’adossant soi-même à un clan ou en essayant simplement de modifier au gré de ses politiques changeantes les équilibres claniques au sein du pouvoir.

Tout compte fait, l’échec politique de Bouteflika, si l’histoire devait en juger ainsi, est moins l’échec d’un homme que le symptôme, plus grave, de l’incapacité du système algérien à sortir de la logique de pouvoir paradoxalement antiétatique, inaugurée sous Chadli et qui a continué dans d’autres circonstances particulières sous Zéroual. Au demeurant, cette logique puise dans un contexte historique et anthropologique autrement plus complexe et plus profond que la rengaine du clivage civil-militaire que des crypto-analystes paresseux ressortent quasi-rituellement dans un réflexe pavlovien.

Le travail de sape des clans plus ou moins occultes qui ont tissé des réseaux d’influence et de pression à tous les niveaux en vue de détourner les institutions officielles de leurs fonctions premières est une tendance sociologique lourde qu’il serait simpliste d’imputer à ce clivage ou à Bouteflika. Le déficit de communication et de confiance entre ces institutions et les populations, et notamment les jeunes, a atteint des proportions inquiétantes et c’est ce qui explique que le moindre mouvement social peut devenir une affaire d’Etat gérée au plus haut sommet du pouvoir grâce à l’actionnement du robinet de la rente pétrolière. 

Le  « printemps arabe » continue de roder dans la région. Des puissances malintentionnées sont à l’affût. La matière inflammable est là. La moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. La répression ne suffit plus surtout qu’elle risque de jeter de l’huile sur le feu. Alors, l’Etat paternaliste se rappelle qu’il a de l’argent dans ses coffres. Il distribue sans compter. Mais jusqu’à quand ? Surtout qu’en l’absence de réformes de structures profondes, la politique de redistribution qui est censée être un remède risque d’aggraver le mal puisque dans l’urgence, une partie de l’argent public distribuée se perd sur le chemin et contribue ainsi à nourrir la chaîne de la corruption et de la contestation…

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Certes, on est en droit d’attendre logiquement que le confortable matelas financier sur lequel est assis l’Etat algérien facilite les arbitrages et les négociations en vue d’une sortie progressive et pacifique du système rentier et bureaucratique. Mais les observateurs qui rappellent à juste titre ce paramètre de bon sens oublient généralement le facteur humain qui est le plus important dans les processus de changement sociaux et politiques. En effet, tant que la manne pétrolière continue à nourrir le serpent à deux têtes (le gendarme et le pompier), il est difficile d’envisager que le système algérien puisse connaître de l’intérieur une rupture avec la logique rentière et bureaucratique qui a présidé jusqu’ici à son fonctionnement et à sa reproduction. Peut-être même que la conjoncture géopolitique régionale instable ne se prête pas aujourd’hui entièrement à une telle rupture radicale, étant entendu qu’une véritable rupture, même pacifique, risque de secouer profondément de nombreux intérêts dont les détenteurs ne vont pas se laisser faire si facilement surtout quand on connaît leur capacité de nuisance et la facilité avec laquelle ils peuvent actionner la rue comme l’ont bien  illustré les émeutes de janvier 2011.

C’est dire que la personnification excessive de la prochaine échéance présidentielle n’est qu’une manœuvre de diversion visant à détourner l’attention des Algériens des véritables enjeux de la crise qui traverse le pays et du changement souhaité. Certes, la fonction présidentielle est avant tout une fonction  humaine et à ce titre, son exercice ne saurait faire abstraction de la biologie. L’âge et la maladie peuvent devenir un frein  à l’exercice de cette fonction.

Mais il n’est pas sûr que ceux qui se pressent aujourd’hui de sortir l’article 88 de la Constitution pour justifier l’empêchement du président le font dans l’intention de redonner à l’Etat algérien ses lettres de noblesse en vue de le réconcilier avec la société et le rendre assez fort pour négocier aux mieux des intérêts stratégiques nationaux son insertion dans une division régionale du travail aux contours encore flous mais dont on devine de loin qu’elle ne se présente guère sans risques graves sur la stabilité et la pérennité de l’Etat-nation algérien.

A la recherche d’un quart de président…

Même s’il est malhonnête de lui faire endosser à lui tout seul la responsabilité de tous les blocages et de toutes les espérances déçues durant les dix dernières années, le président Bouteflika ne peut que répondre devant l’histoire des manquements et des inconséquences qui ont marqué ses mandats successifs. Mais disons-le franchement. La haine viscérale qu’il inspire dans certains cercles du microcosme algérois est avant tout une haine dirigée contre celui qui entrera sans doute dans l’histoire comme le dernier représentant de la génération du 1er Novembre au pouvoir.

C’est pourquoi nous nous garderons de joindre notre voix à l’obscène vacarme médiatique suscité par sa maladie. Par devoir de réserve morale d’abord. Par réalisme politique ensuite. Parce que si nous connaissons bien celui qui est sur le départ avec ses qualités et ses défauts, en revanche, nous ne connaissons rien du prochain président qui sera adoubé par le système actuel, à part peut-être qu’il est fort à craindre qu’il ne soit finalement tout au plus qu’un quart de président …

La question de savoir où sont passés entre-temps les trois quart de pouvoir présidentiel ne nous intéresserait même pas si le Président de la république ne concentrait pas entre ses mains les attributs de la souveraineté nationale et si toute parcelle de pouvoir légal qui se perd dans l’opacité intérieure ne risquait pas d’être récupérée par des centres de pouvoir situés à l’étranger mais bien introduits en Algérie.

Mais si les Algériens libres veulent continuer à vivre comme une nation et non comme un ensemble de tribus dans une « Algérie unitaire et régionalisée », ils devraient commencer par chercher non seulement où sont passés les trois quarts du pouvoir présidentiel mais tous les pouvoirs constitutionnels, à tou
s les niveaux, et les arracher l’un après l’autre aux « indu-occupants » qui ont progressivement et illégalement privatisé des pans entiers de la chose publique au risque d’affaiblir l’Etat algérien dans les batailles serrées qui l’attendent en vue de renégocier au mieux son intégration diplomatique dans un jeu international qui est en train de changer brusquement et dramatiquement de règles et précipiter la régression infra-étatique d’une société condamnée à retourner à de vieux réflexes tribaux pour se protéger contre les déficits et les agressions quotidiennes.

Des réflexes d’autant plus dangereux qu’ils n’ont plus rien à voir avec le socle anthropologique auquel leurs tenants prétendent les rattacher pour devenir le plus souvent des reconstructions douteuses au service d’appétits politiciens voraces, encouragées discrètement par des officines étrangères qui trouvent dans les ethno-nationalismes et les confessionnalismes émergents à la périphérie autant d’ingrédients géopolitiques pour hâter la dislocation des Etats-nations qui résistent tant bien que mal au processus de globalisation impériale en cours.

Quel que soit le modèle constitutionnel choisi et quel que soit le charisme personnel de celui qui aura à assumer les plus hautes fonctions à la tête de l’Etat, dans un monde voué à la globalisation, il est aujourd’hui illusoire de penser qu’une petite nation puisse sauvegarder son indépendance et sa souveraineté indépendamment de son PIB par habitant, de son effort en matière de développement scientifique et technologique, de sa capacité à satisfaire les demandes sociales légitimes de sa population, de sa vigueur à protéger les droits fondamentaux de ses membres, de son rayonnement culturel et diplomatique sur la scène internationale et enfin de son potentiel de défense nationale. C’est une raison supplémentaire pour éviter de perdre son temps dans des batailles d’arrière-garde et pour se concentrer sur les seules batailles dont l’issue conditionne l’avenir d’une Algérie indépendante, libre, prospère et solidaire.

Cet avenir plus que jamais incertain, aucun laboratoire souterrain, aucune fuite en avant politique, aucune abdication devant les puissances incontestées du jour, ne pourrait le garantir si la volonté populaire n’est pas au rendez-vous. Même dans les périodes les plus sombres de son histoire, le peuple algérien a su trouver le juste équilibre entre les différentes forces qui l’habitent et qui le font espérer et lutter. Aujourd’hui, le génie algérien est appelé à trouver  dans l’urgence et la difficulté les modalités de l’équilibre nécessaire entre souveraineté nationale et souveraineté populaire, loin du suffrage censitaire des uns et du populisme ethnique ou religieux des autres…

    

 

 

 

 

 

 

 

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