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La « fatwa » hallucinante de l’UOIF

Dans un communiqué en date du 6 novembre, l’UOIF édicte une « fatwa » qui appelle les musulmans au calme (cf. le texte ci-dessous). L’appel au calme n’est pas ici discuté, tout à chacun condamne bien sûr avec la plus grande fermeté les violences de part et d’autre qui ont cours actuellement dans certains quartiers populaires et tout le monde souhaite un retour rapide à la sérénité.

Mais cette « fatwa », concoctée par l’UOIF, ne fait que communautariser et confessionnaliser les problèmes sociaux, accréditant ainsi l’idée selon laquelle les motivations des « casseurs » s’expliqueraient par leur islamité supposée : ils sont délinquants, parce qu’ils sont avant tout musulmans ou plutôt, selon les dires de l’UOIF, des « mauvais musulmans », car les « casseurs » ne se conformeraient pas aux versets du Coran.

Cette islamisation des problèmes sociaux ne manquera pas également de conforter la thèse culturaliste qui circule dans certains milieux politiques et médiatiques, lesquels évoquent une manipulation de ces « jeunes » par des organisations islamistes. Pire encore, la « fatwa » de l’UOIF rappelle une sinistre époque où les pouvoirs publics cherchaient à utiliser le clergé musulman officiel (cheikhs et imams inféodés aux autorités) pour mater les populations en révolte.

Une telle instrumentalisation n’a d’ailleurs pas complètement disparu aujourd’hui, puisqu’on la retrouve dans la quasi-totalité des pays arabo-musulmans, où les pouvoirs dictatoriaux recourent aux « cheiks inféodés » pour casser les mouvements d’humeur de leur peuple. Or, la France n’est ni la Tunisie de Ben Ali, ni l’Arabie Saoudite du Roi Abdallah. Elle est une République laïque et démocratique, dans laquelle les religions et les spiritualités agnostiques participent à la vie publique mais sans prétendre guider les consciences citoyennes de leurs fidèles.

En voulant s’ériger en police communautaire des consciences musulmanes de France, l’UOIF contribue à alimenter les préjugés les plus primaires sur l’islam et les musulmans, tournant le dos à toute tentative pour promouvoir une « citoyenneté libre », détachée de toute allégeance dogmatique.

On ne peut donc que regretter qu’une grande fédération musulmane comme l’UOIF se prête à ce jeu politicien, se transformant en auxiliaire sécuritaire du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, et jouant le rôle de « CRS de l’islam de France ». De telles initiatives ne peuvent que brouiller toute lisibilité des événements actuels et de facto toute possibilité de dialogue avec la jeunesse de notre pays.

La fatwa en question de l’UOIF :

Fatwa édictée le 6 novembre 2005 par « Dar el Fatwa » de l’UOIF.

Dans plusieurs versets du Saint Coran, Dieu blâme la destruction et le désordre et rejette ceux qui les accomplissent. Il dit au verset 64 de la Sourate 5 « Allah n’aime pas les semeurs de désordre » ; il dit au verset 60 de la Sourate 2 « Ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de désordre ». (Voir également 2/27 ; 2/205 ; 7/56 ; 28/77 etc.. ).

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D’autre part Dieu appelle les musulmans à un respect sans failles de la vie, de l’honneur et des biens d’autrui.

Il interdit au musulman la transgression et l’injustice « et ne transgressez point car Dieu n’aime pas les transgresseurs » 2/190. Ces enseignements abondent dans la sunna du Prophète Mohammad, bénédiction et salut sur lui. Ils sont considérés par toutes les écoles juridiques de l’islam comme des fondements intangibles.

La religion musulmane considère que le besoin des uns n’abolie pas les droits des autres. Ainsi le besoin d’exprimer sa détresse ou son malaise n’annule pas le droit des innocents qui ont vu leurs voitures et commerces brûler.

Avec la multiplication et la gravité des événements qui agitent plusieurs quartiers de la banlieue parisienne et qui semblent s’étendre à d’autres villes de province ; événements qui troublent la quiétude des gens, portent atteinte à leur sécurité et leurs biens et peuvent même attenter à leurs vies ; ‘Dar el Fatwa’ édicte la Fatwa suivante. Elle appelle les musulmans à s’y prescrire avec un grand scrupule :

« Il est formellement interdit à tout musulman recherchant la satisfaction et la grâce divines de participer à quelque action qui frappe de façon aveugle des biens privés ou publics ou qui peuvent attenter à la vie d’autrui. Contribuer à ces exactions est un acte illicite.

Tout musulman vivant en France, qu’il soit citoyen français ou hôte de la France est en droit de réclamer le respect scrupuleux de sa personne, de sa dignité et de ses convictions et d’agir pour plus d’égalité et de justice sociale.

Mais cette action qu’elle soit entreprise de façon concertée ou spontanée ne doit en aucun cas se faire en contradiction avec les enseignements rappelés et le droit qui gère la vie commune ».

Fatwa édictée le 6 novembre 2005 par « Dar el Fatwa » de l’UOIF.

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