in ,

La confessionnalisation et la racialisation de la question sociale sur fond de guerre économique

Derrière l’affaire Oussekine, Rushdie et Iquioussen…

« La fabrique des Musulmans est consubstantielle à la recomposition de la France depuis plusieurs années tout comme l’affirmation politique de groupes sociaux issus de l’immigration maghrébine dans le contexte de décomposition du mouvement ouvrier et de ses conquêtes démocratiques ou sociales. Que ce processus d’intégration dans la séparation, foncièrement anticlassiste, soit accompagné par des Etats, les bourgeois, les religieux, cela n’est en rien surprenant. Mais que des révolutionnaires, des syndicalistes, des anticléricaux en comprennent pas, ne voient pas ou ne veulent pas voir qu’ils s’associent à une entreprise potentiellement dévastatrice pour les combats progressistes d’aujourd’hui et de demain, cela est beaucoup plus sordide. »

Nedjib Sidi Moussa, La fabrique du musulman, Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale, éd. Libertalia.

Comme à l’accoutumée de façon tautologique nous revient cette éternelle question : l’œuf ou la poule ? La poule ou l’œuf ?

Il est cocasse, je le concède, d’écrire un tel article sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale, ce que d’aucuns qualifient de séparatisme, sur le site Oumma.com qui est considéré comme un journal en ligne communautaire.

Je m’étais déjà défini comme islamo-anarchiste[1], par pure provocation ou bien pour amener à une réflexion plus subtile ? Je me demande toujours, vu l’obsession politico-médiatique, si nous sommes déterminés par notre citoyenneté, ce qui est le propre d’un état de droit et d’un régime démocratique, ou par notre prétendue origine ethnique ou par notre prétendue confession ou par notre pigmentation ?

Pourtant, nous avions tous été instruits formés et éduqués sur les bancs de l’école mixte et laïque de la République. Nous avions tous été perçus comme des enfants issus de l’immigration africaine et maghrébine, estampillés par des mains jaunes « Touche pas à mon pote ». Nous nous sommes tous posé ces questions sur la part de notre culture et de notre identité française et africaine et musulmane, à tel point de réaliser que nous avions une identité multiple, complexe, riche de plusieurs héritages historiques, culturels, sociaux et économiques. Nous avions tous œuvré pour l’indifférenciation et pour être considérés comme des citoyens français à part entière. Nous avions tous rêvé via les bancs de l’université à un avenir commun, à une société égalitaire et juste, et où la liberté primerait, tous à la recherche du bonheur. Héritiers de l’impertinencedes émissions de Michel Polac Droit de réponse sous des fumées de cigarettes et de cigares, et l’irrévérence de Cabu ex dessinateur de Charlie Hebdo que nous connaissions dans Récré A2 ou Le Club Dorothée, et l’humour satirique et sarcastique de Coluche, Le Luron, et la sensibilité et l’esprit de rébellion de Balavoine.Nous avions tous chanté Black Blanc Beur à la victoire de l’équipe de France en 1998.Nous sommes tous intégrés n’en déplaise aux racistes et autres fascistes de comptoirs, et travaillons à différents niveaux professionnels et de classes sociales. Nous avions tous participé à des manifestations, voire adhéré à un parti politique, ou avions participé à des listes électorales au niveau régional, ou alors simplement voté comme tous les autres citoyens.

Mais rien n’y fera. Le stigmate à travers une obsession politico-médiatiquesur l’arabe[2]puis sur l’immigré[3]puis sur l’islam[4] et les musulmans[5]depuis la guerre civile en Algérie et la première guerre du Golfe n’a jamais eu de cesse d’être instrumentalisé à des fins de « confessionnalision » et de « racialisation » réduisant les questions d’ordre social, économique et politique à leur part la plus « exotique[6] »,pour ne pas dire étrange, voire inquiétante[7],dans un monde moderne où le sacré n’est plus religieux[8]. Pourtant cela n’a pas empêché un glissement des représentations de l’autre, de la lutte des indépendances, des classes sociales[9] jusqu’à le réduire à sa dimension confessionnelle[10]. Sans nous rendre compte en sous-marin du soutien de nos dirigeants au panislamisme au détriment du panarabisme, via des ventes d’armes conclues avec les pétromonarchies entre autres[11]. Pourtant matrices de l’idéologie wahhabo-salafistes que nos tartuffes médiatiques dénoncent sans critiquer aussi nos dirigeants pompiers pyromanes. Oui avec les « accords d’Abraham », le panarabisme est bel et bien mort, et la question palestinienne complètement escamotée[12], et tous les mouvements de luttes des classes, de luttes sociales, de luttes féministes, de luttes pour la démocratisation trahis et rejetés par nos dirigeants et nos médias tels un clergés au service du monothéisme de marché ou néolibéralisme absolu, au ban d’un progressisme teinté d’utopies socialistes éculées. Les faits historiques quant à la fin tragique des figures nationalistes le prouvent[13].

Et cela nous l’avions vécu au quotidien que ce soit dans la réalité scolaire et le monde du travail et les milieux jouissants de capital symboliques ou de réseaux. Et de façon encore plus exacerbés depuis les terribles attentats perpétrés sur notre territoire national, faisant de la question du terrorisme non pas un problème qui toucherait tous les citoyens quelle que soit leur origine ou leur confession, mais le début d’une méfiance, d’une différenciation malgré le « pas d’amalgames », et d’autant plus alimentée par la peur de réseaux dormants, de « Territoires perdus de la République », etc. Réduisant le débat à un manichéisme et à une binarité dangereux, comme un remake de la ségrégation entre quartiers arabes et quartiers français sous la colonisation en Algérie, à l’instar du Je suis Charlie[14] qui aurait pu être l’occasion d’une union nationale s’il ne sous-entendait pas « les musulmans sont des terroristes » malgré les « pas d’amalgame », occultant le fait que 90% des victimes du terrorisme islamiste sont les musulmans eux-mêmes. On connaît tous le « On n’est pas juif on devient juif », et cela dans le regard de l’autre[15]. Il en est de même des Musulmans ou supposés Musulmans, début d’une balkanisation ou libanisation[16] en devenir ou instrumentalisation politique afin de détourner le vrai débat de fond, celui de la guerre économique ?Dès lors, quoi de mieux que de s’exprimer soi-même lorsque les espaces d’expressions sont limités, ou que les premiers concernés sont absents sur les plateaux, et que ces espaces médiatiques ou autres thinktankperpétuent ce que Bourdieu avait dénoncé dans Les héritiers, ou dans Langage et pouvoir symbolique, ce déterminisme structurel lié à des habitus à des réseaux, des connaissances, des copinages, à de l’entre soi, séparatisme de fait s’il en est[17]. Rappelons-nous du fameux « quand y en a un ça va » de Brice Hortefeux. Le monde idéal où tous les citoyens de n’importe quelle obédience philosophique ou politique ou religieuse pourraient parler ou débattre régulièrement en ayant des chroniques dans les mêmes médias ou journaux, et où la représentation nationale en terme de pourcentage de sa part « issue de la diversité » au parlement serait effective, n’existe pas encore. Suspectés et accusés, la part de l’identité musulmane de certains jeunes acculturés a pris le dessus pour s’exprimer dans un geste d’irrévérence et de provocation, « Je suis musulman et je vous emmerde ». En miroir à l’insulte à la langue de Voltaire que font nos médias en invitant l’imam Chalgoumi avec son accent de blédard, qui ne représente que lui-même.

Quant à la légitimité académique elle vient de la reconnaissance des pairs et de la reproduction des savoirs et d’une méthodologie scientifique. Certes. Mais il faut être naïf pour croire que tous les organes de presse ou médiatiques sont exemptes de toute forme idéologique, et ce jusque dans nos universités. Natalie Heinich dénonce « la confusion des arènes »ou de l’engagement politique[18]quant au militantisme face à la recherche universitaire[19], mais elle devrait critiquer de la même façon l’infiltration des courants et des idées d’extrême droite et leur banalisation jusqu’aux cercles parlementaires et au sommet de l’Etat et qui tendent à une hégémonie culturelle et à gagner le combat des idées au sein même de nos institutions, telle que les a analysé Juliette Lagrange[20]. Ivan Illich a bien raison de voir en l’école obligatoire, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes préparés par les « autorités » afin de nous formater pour obéir aux institutions. L’épisode de la COVID n’aura été qu’une illustration de plus de l’esprit moutonnier et un inquiétant indicateur de la propension à suivre sans réfléchir, et à hystériser le débat et à excommunier tout citoyen critique.

Cet article n’est pas une analyse littéraire et cinématographique en bonne et due forme de quelques séries et roman que j’ai lu et qui a mon sens parcourent et illustrent la situation politico-économico-sociale actuelle. Parce que n’en ayant pas les compétences quant à la forme[21]. J’essaierais toutefois d’en analyser le fond. Du moins d’en restituer quelques éléments historiques pour comprendre le contexteglobal de guerre économique en toile de fond qui nous intéresse ici, et qui interroge sur l’universalisme français[22].

Cela est une pérégrination et réflexion personnelle à partir de livres lus et de séries télévisées vues, et la fréquentation de cercles et salons littéraires où j’ai eu l’occasion de croiser quelques personnalités[23]. On notera l’inévitable résonance de la fiction avec l’actualité, ou pour le dire de façon Proustienne « le ballet mondain » ou de façon Balzacienne « la comédie humaine » qui n’a de cesse de broyer des vies en déformant le réel.

L’idée de cet article est venue après le visionnage de l’excellente série Oussekine sur Disney +, de la troublante série Les sauvagessur Canal +, et d’autres comme Subutex ou encore L’amie prodigieuse(Canal +), et de la fréquentation d’ateliers d’écriture, de conférence de presse de personnalités et de salon du livre en Avignon. Tout cela en résonance avec l’affaire Iquioussen et l’agression tragique de Salman Rushdie qui mettent encore une fois au cœur de l’actualité la confessionalisation et la racialisation de la question sociale, ou pour le dire simplement La fabrique du musulman.

En effet, quoi de commun entre la série Oussekine[24], L’amie prodigieuse[25], Subutex[26]ou encore Les sauvages ? Les classes laborieuses et précaires, l’espoir, l’envie de changement, de s’émanciper, de rompre le plafond de verre, se battre pour une société avec plus de justice sociale, d’égalité et de liberté. A l’instar de la littérature Houellebecquienne qui estl’expression de ce désarroi de l’Homme postmoderne individualiste(plutôt de classe moyenne et blanc) face à ce darwinisme économique et social qui produit de la souffrance via un égoïsme ou utilitarisme que ne renierait en rien Ayn Rand[27] et tous les partisans de l’implacable loi « de l’offre et de la demande », « de la destruction créatrice » ou du mythe « de l’équilibre[28] » ou« du marché autorégulé » ou « du ruissellement ». Et pour les plus cyniques il « suffit juste de traverser la rue » sinon vous êtes des « gens de rien ». En somme, la rupture avec le monde d’avant et le monde d’après que l’on nous a annoncé. Et l’état d’urgence et de guerre que n’ont eu de cesse de décréter nos élites ? Mais la guerre avec qui et contre qui au juste ? Les « patriotes » contre les « islamogauchistes » ou les « vaccinés » contre les « non-vaccinés » ou les « travailleurs » contre les « chômeurs » ou les « fainéants » ? Bruce Wayne sous son masque essayant de sauver Gotham pendant que le Joker se marre… mais qui est le Batman et qui est le Joker ? Le peuple ou la Finance ?

Derrière l’affaire Malik Oussekine

Mes souvenirs d’un jeune homme présenté au JT de 20 heures que l’on essayait de réanimer dans des circonstances floues, puis les manifestations, les mains jaunes « Touche pas à mon pote »et « justice pour Malik Oussekine », retentissent encore dans ma mémoire. Encore jeune élève du collège, loin de comprendre le bouleversement tectonique du néolibéralisme en marche[29] et les premières fissures du bloc soviétique[30], successionsd’illusions perdues, notamment suite à la rigueur sous l’impulsion de la nouvelle gauche rocardienne dès 1983. Le monde était en train de changer, même si Silvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger défiaient encore les méchants soviets en déclin, que ce soit sur le ring ou dans des opérations commando[31]. Mais nous ne le savions pas.

Des années plus tard, les mêmes scènes de violence policière lors des émeutes aux Etats-Unis et à travers le monde et les gilets jaunes en France.L’étouffement de Georges Floyd plaqué au sol par un policier aux Etats-Unis le 25 mai 2020 à Minneapolis qui aura fait le tour du monde.Et plus près de nous, Cédric Chouviat mort dans les mêmes circonstances, sans oublier l’affaire Adama Traoré parmi tant d’autres. La même image de la botte écrasant le cou d’un citoyen que Georges Orwell redoutait dans son fameux roman 1984, et le Ministère de la pensée et la novlangue. Au cœur du problème : La séparation de l’économie et du politique[32].Nous y sommes.

Dans la nuit du 5 au 6 décembre, les CRS évacuent les groupes d’étudiants qui dormaient à l’intérieur de la Sorbonne. Après leur dispersion, les voltigeurs motocyclistes font des rondes pour rechercher des prétendus « casseurs » au Quartier latin. Dans la rue Monsieur Le Prince, trois d’entre eux prennent en chasse Malik Oussekine, qui sort d’un club de jazz qu’il fréquentait régulièrement dans cette rue. Il croise Paul Bayzelon, 26 ans, fonctionnaire au ministère des Finances, qui rentre chez lui, au numéro 20, et lui ouvre la porte du hall. Tous deux viennent d’entrer quand un des policiers parvient à se glisser à l’intérieur lui aussi et ouvre à ses deux collègues. Selon le témoignage de Paul Bayzelon, les trois CRS rouent de coups de pieds et de matraques, dans le ventre et dans le dos, Malik Oussekine, tombé à terre, qui leur dit pourtant qu’il n’a rien fait.

Paul Bayzelon essaie de venir en aide au jeune mais il reçoit, lui, aussi des coups de matraque16. Malik Oussekine est ensuite transporté inconscient par le Samu à l’hôpital Cochin où il meurt de ses blessures.

Dans quel contexte s’inscrit l’affaire Oussekine ?

L’affaire Oussekine c’est le tabassage à mort d’un jeune étudiant en raison de ses origines maghrébines par des policiers acharnés, en marge des manifestations contre les réformes du gouvernement Mitterrand-Chirac. On le voit bien dans le téléfilm, le préfet qui essaie d’étouffer l’affaire en cherchant une excuse atténuante. Ils découvriront après que son frère soit venu quémander des nouvelles auprès de la Police sur Malik, que ce dernier souffrait d’insuffisance rénale. Les policiers et le gouvernement en place ayant trouvé une bible dans les affaires personnelles de la victime étaient à deux doigts de l’accuser de lien avec la mouvance du terroriste palestinien chrétien Georges Irahim Abdallah.

C’est aussi le contexte national de l’intermède de la « cohabitation » (1986-1988), où le gouvernement Chirac opérera une dévaluation du franc dans un souci de rétablissement des équilibres. Mais comme l’explique Jean-Charles Asselain[33]« le gouvernement, qui bénéficie de « l’aubaine » du contre-choc pétrolier de 1985, croit pouvoir y parvenir par un resserrement des dépenses publiques (5700 emplois budgétaires supprimés en 1987), associé à des réductions d’impôts (suppression de l’IGF, relèvement du seuil d’exonération d’impôt sur le revenu pour les ménages à faibles ressources, réduction du taux d’imposition du bénéfice des sociétés) visant à stimuler l’activité économique, selon la logique des politiques de « l’offre ». En même temps, le lancement du programme de privatisations – qui devait s’étendre aux nationalisations de 1945, jusqu’alors englobées dans un consensus tacite – apparait comme l’opposition la plus marquante avec les choix du gouvernement socialiste. Il s’agit à la fois de procurer à l’Etat un supplément de recettes financières (indolores) pour alléger le poids de la dette, de favoriser l’émergence d’un actionnariat populaire et surtout de donner un nouveau souffle au développement industriel, désormais affranchi de tout préjugé anticapitaliste et de plus en plus libéré de toute entrave à l’internationalisation. L’orientation libérale s’affirme aussi à travers toute une série de dispositions dont certaines ont valeur de symbole : disparition totale du contrôle des prix (abolition de l’ordonnance de 1945), et effacement de la planification, libéralisation des changes, libéralisation du crédit et des marchés de capitaux, suppression de l’autorisation administrative de licenciement (décembre 1986), durcissement de la politique salariale, notamment à l’égard de la fonction publique… » 

A relire ce passage de l’histoire économique de la France, on se croirait dans un le film Un jour sans fin.

Déjà « Le projet de loi Devaquet[34] était un projet de loi visant à réformer les universités françaises présenté à la fin de 1986 par Alain Devaquet, ministre délégué chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le 2e gouvernement Chirac. Le projet prévoyait notamment de sélectionner les étudiants à l’entrée des universités, et de mettre celles-ci en concurrence. Très contesté en novembre et décembre 1986 lors d’un mouvement étudiant et lycéen qui est notamment marqué par la mort de Malik Oussekine, le projet a été retiré le 8 décembre 1986, tandis que la sélection à l’entrée des études supérieures et la concurrence entre universités ont été mises en place ultérieurement et de manière progressive. Ce que Nicolas Sarkozy finalisera bien des années plus tard.

Déjà en avril et mai 1983, ont eu lieu les grèves et manifestations contre la « réforme Savary » des universités de 1983 du ministre socialiste de l’Éducation Alain Savary ; la presse parle alors d’un « Mai 68 à l’envers ». Comment ne pas penser aux gilets jaunes.

Le gouvernement de l’époque est bien décidé à revenir sur un certain nombre de décisions de la gauche et à libéraliser le système. L’enseignement supérieur ne fait pas exception. Le programme électoral de la plate-forme « UDF-RPR Pour gouverner ensemble » prévoyait d’abroger la loi Savary sur l’organisation des universités, et plus spécifiquement de donner davantage d’autonomie aux établissements d’enseignement supérieur.

L’université française est alors submergée par une population étudiante de plus en plus nombreuse tout en étant dédaignée par les meilleurs élèves qui choisissent les grandes écoles. La réforme a pour but, en instaurant une sélection minimale, de combattre son déclin.

De nos jours, les mêmes problématiques autour de Parcours Sup sont dénoncées et critiquées. De même que les réformes du Baccalauréat et des Universités. A final leurs craintes restent toujours d’actualité, celles que les bacheliers en difficultés d’intégration universitaire soient obligés de choisir entre deux mauvaises solutions : la sortie du système éducatif avec le seul baccalauréat, un emploi peu intéressant ou une voie de garage guère plus prometteuse du point de vue professionnel. Et craignaient que cette loi n’aboutisse à une université à deux vitesses. D’un côté, une poignée d’universités prestigieuses délivrerait des diplômes bien cotés sur le marché du travail et difficiles d’accès. D’un autre côté, la majorité des universités de petite taille, en province, risquerait de se retrouver avec des étudiants de niveau plus faible, accentuant le clivage par manque de mixité et perte des meilleurs pédagogues (ce qui renforcerait le premier effet). La conséquence logique de cette dynamique serait que les diplômes délivrés par ces universités seraient encore plus dévalorisés aux yeux des employeurs.

Nous y sommes.

(…)

Portée du mouvement

À la suite du mouvement, les syndicats étudiants et les indépendants qui ont fait l’expérience de la victoire dans l’unité vont décider d’organiser des États généraux. Ces derniers doivent permettre de maintenir l’unité du mouvement étudiant et d’avancer ensemble des propositions concrètes pour réformer l’enseignement supérieur en France. Cette volonté se concrétise finalement avec les États généraux de l’enseignement supérieur qui se tiennent en mars 1987 à Saint-Denis.

Ce mouvement est l’une des plus grandes réussites du mouvement étudiant en France, après celui de mai 1968, tant par son ampleur que par sa victoire en 1986. Par la suite, il va marquer plusieurs générations de militants étudiants qui y trouvent des raisons de tenter une mobilisation. Il va aussi profondément marquer les esprits du côté des gouvernements successifs qui y voient la force de la jeunesse française lorsqu’elle se mobilise. En outre, le pouvoir ainsi que les syndicats vont garder le souvenir de la mort de Malik Oussekine. Son souvenir est encore régulièrement ravivé par les syndicats étudiants. De son côté, la police va désormais faire preuve de plus de retenue dans la répression des débordements, souvent constatés en marge des manifestations, notamment lorsqu’elles sont étudiantes et lycéennes. Ce mouvement marque aussi le début de l’implication de ces derniers dans les mouvements de jeunesse[35]. »

Quid des manifestations des gilets jaunes et des revendications des universités sous le gouvernement Macron, loin d’être une totale réussite elles auront été très prometteuses. Stoppées par la pandémie mondiale de COVID-19. La lutte n’est pas terminée.

DerrièreSubutexde Despentesjusqu’à Soumission de Houllebecq et Un dernier été de Franz-Olivier Giesbert en passant par le Salon du Livre en Avignon

Subutex ou la nostalgie d’une France du vinyle et des cassettes audio

La série Subutex adaptée de la trilogie des romans Vernon Subutex de Virginie Despentes est révélatrice de ce monde qui a changé. La nostalgie des années 80 autour d’un disquaire à l’esprit libre et rebelle, qui ne survivra paséconomiquement aux avancées technologiques ou nouveaux supports musicaux pour se retrouver SDF. Il retrouvera son ami Alex Bleach chanteur connu des milieux underground qui se donnera la mort suite à une révélation testament qu’il filmera, où il divulguera le lourd secret de la disparition de son ex-petite amie Pamela Kant violée par une pointure de l’industrie de la musique (un certain Laurent Dopalet). Comment ne pas penser à l’affaire Weinstein et au mouvement #MeToo. L’argent et le pouvoir encore une fois au cœur de l’intrigue. D’ailleurs, depuis le passage au numérique et au streaming ou écoute en ligne gratuite,l’industrie de la musique en général en paie un lourd tribut. Tout comme l’ubérisation que Macron a permis sans au préalable en débattre avec les citoyens français. Nous sommes là au cœur de ce que Bernard Maris développe et analyse dans Houellebecq économiste[36]. La souffrance de l’homme postmoderne dans les eaux glacées du calcul égoïste, servitude, frustration, angoisse sous l’impitoyable « loi de l’offre et de la demande » ou celle de « la destruction créative ». Philosophie et de la guerre de tous contre tous, loi de la jungle que vivent les protagonistes dans la série Suits avocats sur mesure ou encore Mad Men sur Netflix.

Houellebecq et l’angle mort économique des damnés de la terre (musulmans)

Houellebecq grand romancier de la main de fer du marché et du capitalisme à l’agonie, révélateur de la crise existentielle contemporaine, présente pourtant l’islam et les musulmans sous un œil pour le moins catastrophiste et fidèle à la vision médiatique la plus simpliste. Sur la question économique ceux-ci n’existent pas. En somme ils représentent les résidus statistiques.Quid des citoyens de culture maghrébine qui ne voudraient pas être réduits à leur confessionnalité. Car qui est obsédé par l’islam et les musulmans à longueur de chroniques dans la presse et les médias en général, et dans nos hémicycles ?

D’aucuns avaient fait allusion à la conversion à l’islam de sa mère, peut-être cette fixation sur l’islam et les musulmans chez lui ne serait qu’un complexe d’Œdipe ? Sinon comment expliquer cette obsession ?

En effet, il est étonnant que Houellebecq ait toujours eu dans son angle mort la réalité qui frappait de plein fouet Les damnés de la terre ou ex-colonisés ou enfants de l’immigration africaine : les effets de la mondialisation ou de la guerre économique à l’échelle planétaire dont ils sont les premières victimes. Mais apparemment ils n’ont de grâce qu’auprès de Jean Ziegler[37], l’ancien rapporteur de l’ONU. Sans aller à une vision misérabiliste mais ô combien réelle, on pourrait montrer une classe moyenne qui réussit en regardant par l’autre bout de la lorgnette[38].

Ali Laïdichercheur à l’IRIS a peut-être cerné dans son essai Retour de flamme, comment la mondialisation a accouché du terrorisme[39], le fond du problème. Situant la mort de « l’ancien monde » à la suite de l’effondrement du mur de Berlin en 1989, avec l’émergence de l’hyperpuissance américaine, guerre économique menée par l’Occident sous l’euphémisme selon lui de mondialisation.

Déjà Eric Conan dans Marianne révélait les trois erreurs ou invraisemblances du roman Soumission de Houellebecq, dont nous restituons quelques extraits ici[40] qui illustrent bien l’obsession Houellebecquienne et celles de nos élites comme on l’a vu aux dernières élections. Résonance avec la théorie de l’islamisation et du Grand Remplacement, et le fantasme de la prise de pouvoir par les Frères Musulmans, dont Hassan Iquouissen tout comme Tariq Ramadan sont des représentants de cette mouvance.

« (…)La soumission… d’abord des élites Le thème principal de Soumission est la complicité des élites dont « l’aveuglement n’avait rien d’historiquement inédit : on aurait pu trouver les mêmes chez les intellectuels, politiciens et journalistes des années 1930, unanimement persuadés qu’Hitler “finirait par revenir à la raison”. » Le Parti socialiste, en fin de déliquescence après avoir mené à son terme son programme — « la disparition de la France » — n’est plus de poids à négocier. Mohammed Ben Abbes lui laisse les ministères économiques (ne voyant « aucune divergence » dans ce domaine) pour revendiquer l’Education dont il fait un enjeu principal : « Celui qui contrôle les enfants contrôle le futur ». Tous les professeurs doivent être musulmans et l’enseignement devient non mixte, seules certaines filières étant ouvertes aux femmes au-delà du primaire. Comme « le milieu enseignant est le seul qui n’ait jamais abandonné le Parti socialiste », celui-ci manifeste quelques derniers soubresauts avant de céder : « Sa mouvance antiraciste a réussi en interne à l’emporter sur sa mouvance laïque ». « Je condense une évolution à mon avis vraisemblable », « Je capte une situation, c’est tout », vient d’attiser Houellebecq, dont la force du roman joue sur le fil de la plausibilité en fourmillant d’échos amplifiés ou déformés de la réalité d’aujourd’hui. La soumission d’universitaires de la Sorbonne face à l’argent prodigué à flots par l’Arabie saoudite (moyennant quelques entorses aux règles universitaires) extrapole les accommodements de la Sorbonne délocalisée d’Abou Dabi lâchant des enseignants rétifs à la censure islamique. Ben Abbes n’est pas très éloigné d’Erdogan que nombre d’intellectuels et d’éditorialistes ramollis par les invitations à Istanbul nous présentaient il y a peu comme l’équivalent musulman d’un séduisant démocrate-chrétien…Pour les bigleux qui n’ont pas voulu lire tout cela, Houellebecq en a donc rajouté :« Aujourd’hui, la laïcité est morte, la République est morte », « Il me paraît difficile de nier un puissant retour du religieux », excitant « ceux qui gagnent leur vie en polémiquant » en précisant que lui s’adresse au « public » auquel il ne présente que« la variante la plus douce de l’islam ».

(…)

Ces condamnations buzzantes qu’attendait Houellebecq ne sont pas moins embarrassées que celles, chantournées, qui les précédaient. Car son roman de politique-fiction les coince : au fait, dramatise-t-il ou dédramatise-t-il en mettant en scène la victoire d’un président musulman sur Marine Le Pen ? Comme si ses critiques ne savaient plus quoi dire de l’invraisemblance de cette fable. Ces autres erreurs révélatrices Car la deuxième erreur — de fond — de Houellebecq, consiste à projeter l’attitude des personnages qu’il décrit sur la majorité des Français. C’est le vice de forme nécessaire à son récit : dénoncer la coupure abyssale entre l’élite et le peuple, assurer faire « davantage confiance à l’intelligence de la masse qu’à celle des élites », mais fonder le scénario de son roman sur la validation électorale par le peuple de la soumission prônée par l’élite : plutôt l’islamisation que Marine Le Pen présentée comme la dernière représentante de la tradition « républicaine » et « anti-cléricale » : « Dépassant la référence banale à Jules Ferry, elle remontait jusqu’à Condorcet, dont elle citait le mémorable discours de 1792 devant l’assemblé législative, où il évoque ces Egyptiens, ces Indiens “chez qui l’esprit humain fit tant de progrès, et qui retombèrent dans l’abrutissement de la plus honteuse ignorance, au moment que la puissance religieuse s’empara du droit d’instruire les hommes” ». Enfin, Houellebecq commet une troisième erreur, une invraisemblance encore plus invraisemblable : penser que les femmes se laisseraient enfermer, bâcher et « polygamiser » dès 15 ans aussi facilement qu’il le décrit dans son roman qui évoque leur soumission sans incident ou opposition : « Celles qui étaient suffisamment jolies pour éveiller le désir d’un époux riche avaient au fond la possibilité de rester des enfants pratiquement toute leur vie. Peu après être sorties de l’enfance elles devenaient elles-mêmes mères, et replongeaient dans l’univers enfantin. Leurs enfants grandissaient, puis elles devenaient grands-mères, et leur vie se passait ainsi ». Il est significatif que cette énormité d’une soumission féminine automatique soit la moins relevée par tous ces critiques mâles si vigilants. Peut-être parce qu’ils partagent cette misogynie de beauf très houellebecquienne (« une épouse de quarante ans pour la cuisine, une de quinze ans pour d’autres choses… ») qui leur permet de gober ce scénario que n’accepteraient pas les femmes. Ni de nombreux hommes. »

Derrière Dernier été de Franz-Olivier Giesbert et le salon du livre en Avignon

Dernier été de Franz-Olivier Giesbert n’est qu’un mauvais remake de Soumission de Houellebecq, avec le talent en moins. Connu pour avoir animé une émission FOG, et directeur du Figaro connu pour ses positions à droite, pour ne pas dire proche de l’extrême droite. Le seul mérite qu’aura eu son roman c’est d’avoir décrit un été caniculaire et quelques coups de gel hydro-alcoolique suite à la pandémie de la COVID-19. Et l’histoire d’un vieillard sénile, sûrement autobiographique, à la recherche de l’amour. Ne parlons pas du chapitre sans intérêt pour nous expliquer la théorie de Bat Ye’or sur l’Eurabia et la dhimmitude, une façon d’aller dans le sens du Grand Remplacement d’Eric Zemmour.

Franz-Olivier Giesbert était invité dans le cadre d’une conférence de presse[41]par une association présidée par une certaine Nathalia B. qui fût la maîtresse d’Eric Zemmour. Comme quoi le monde est petit. FOG lors de cette soirée n’a eu de cesse de fustiger ce qu’il qualifiait de « tyrannie de la vertu » ou pour le comprendre de dénoncer « le politiquement correct » de certaines élites et tirant à boulets rouges sur EdwyPlenel directeur de Médiapart. Là déjà toutes les problématiques sur les débats ou plutôt les griefs autour du Wokisme, de la Cancel Culture, la critique du multiculturalisme et l’actualité de l’abjecte agression qu’avait subi Mila[42] (de la même façon qu’à l’encontre de Salman Rushdie)étaient énoncés sans que l’auteur de Dernier été ait les compétences scientifiques et académiques pour de tels sujets. Parlant comme au bistrot du coin en surfant sur la fibre émotionnelle.

Ce qui nous importe ici c’est la droitisation du champ littéraire et intellectuel. Que dire du salon du livre d’Avignon du 1er au 3 Avril 2022 auquel j’ai assisté avec la participation de Jean-François Khan invité d’honneur rappelant l’importance de la culture comme enjeu civilisationnel, et Francis Huster se perdant dans un discours contre la guerre en Ukraine aux relents nationalistes, en tant que président d’honneur. Et s’excitant en conférence de presse à tout contradicteur qui ne serait pas en extase devant sa personne, lui le comédien, lui le détenteur de la Légion d’Honneur[43]. Et Eric Naulleau proche d’Eric Zemmour, invité en tant que parrain de l’évènement ! Hégémonie culturelle gramscienne ou banalisation des idées de l’extrême droite dans une mairie plutôt de gauche à la veille des élections présidentielles. Voilà le climat de ce dernier Festival. Nauséabond.

En réalité l’obsession Houellebecquienne de la fin de notre civilisation et d’une islamisation rampante est la trame de l’actualité et des débats pathétiques que nous donnent nos élites à défaut de parler du vrai sujet, la critique du système néolibéral. Occultant la partie immergée de l’Iceberg[44].

Derrière la série Les Sauvages, dystopie ou miroir inconscient de nos représentations ?

En regardant L’amie prodigieuse d’Helena Ferrante, du moins l’adaptation en série sur Canal +, nous retrouvons les mêmes problématiques, les mêmes désirs d’ascension sociale, de lutte des classes dans un climat de tension et de violences entre les communistes et les fascistes d’extrême droite.

Mais il est intéressant dans ce contexte de relire Les écrits corsaires de Pasolini[45], et sa mise en garde contre le capitalisme et notamment la société de consommation comme nouvelle forme d’uniformisation, voire de fascisme. Déjà Michel Clouscard[46], qui n’avait pas été pris au sérieux sur les plateaux télés, et qu’on moquait en le prenant pour un farfelu qui était à contre-courant, et qui voyait dans la consommation de masse et la fabrication du consensus, au lendemain de Mai 68 qui se voulait comme « émancipation transgressive » ou combat d’avant-garde contre le néo-capitalisme, tous les ferments de la neutralisation pour ne pas dire la dissolution des mouvements de la lutte des classes. Distinction que fera Pasolini entre « Développement » planifié par les industriels et par la bourgeoisie et « Progrès » impulsé par les mouvements d’émancipation et de lutte sociale.

En effet, la Dolce Vita s’est transformée en retour des populismes et des nationalismes[47]. Marco Morisini[48] nous dévoile ce qui pourrait préfigurer l’avenir, à l’ère du numérique, le « techno-populisme ». Nous l’avions vu avec les Tweet de Trump, les accusations d’espionnages russes, et plus près de nous tout le battage médiatique et numérique pour la candidature d’EraicZemmour pour droitiser le débat.

Marco Morsini nous explique, « Depuis juin 2018, soit neuf ans après sa fondation, le Mouvement 5 étoiles, ou M5S, gouverne le pays aux côtés de la Ligue, un parti d’extrême droite, xénophobe et anti-européen. Le Mouvement 5 étoiles est l’œuvre de GianrobertoCasaleggio (1953-2016), patron de l’entreprise milanaise CasaleggioAssociati, spécialisée en web-marketing. Sans le numérique, ce parti n’existerait pas. Sa machinerie interne et sa communication sont entièrement basées sur des outils numériques. Seules peuvent adhérer au parti et voter en ligne les personnes compétentes dans l’utilisation des ordinateurs et de l’Internet. Les stratégies et les décisions sont formulées par un petit cercle de managers non élus, dont le chef était d’abord G. Casaleggio, puis son fils Davide. « Le Mouvement n’a ni bureaux, ni argent, ni leader », dit l’acteur comique Beppe Grillo, qui fut sa figure de proue jusqu’au début de l’année 2016, quand il a abandonné son rôle de porte-parole charismatique. Inutile de chercher sur la toile l’adresse d’un véritable quartier général. »

Cela fait froid dans le dos. Quid de la France et de la banalisation des idées de l’extrême droite par nos dirigeants qui instrumentalisent le débat public et démocratique. Pour ce qu’il en reste.

Revenons maintenant à la série Les sauvages ? Le sentiment au premier abord en regardant la série Les sauvages,adaptation des romans et de la saga éponyme du même auteur SabriLouatah, adapté par la cinéaste Rebecca Zlotowski, est un trouble qui peut prêter à quiproquos, voire même susciter l’énervement, si ce n’est l’indignation, tant les clichés les plus éculés y sont repris. Mais à bien y réfléchir, celle-ci est riche d’enseignements et nous expose un panel des différentes figures du maghrébin ou miroir inconscient de nos représentations de l’arabe ou du musulman qui ne datent pas d’aujourd’hui[49]. Plus complexe que la vision Houellebecquienne très manichéenne et essentialiste sur l’islam et les musulmans, mais tout aussi éclairante.

Comme le rappel un article de Martine De La Haye[50] dans le journal le Monde : « Toujours en filigrane la question de l’identité française, du point de vue des jeunes générations issues de l’immigration : cette jeunesse française lestée du trauma, tapi dans le silence, de la guerre d’Algérie. Comme y invite Idder Chaouch, candidat à la présidentielle, français d’origine kabyle dans Les Sauvages, il est plus que temps de regarder en face « le fait colonial et ses non-dits qui nous empoisonnent, ces vérités, qui, à force d’être tues, sont devenues mortelles ».

Pour autant, Les Sauvages n’a rien d’une série à thèse. Les prémices relèvent de la politique-fiction, puisque Idder Chaouch (RoschdyZem), revenu en France après avoir enseigné huit ans l’économie à Harvard, aux Etats-Unis, a gagné la primaire de la gauche et vient, au nom des grandes réformes qu’il a promises, d’être élu président de la République par 53 % des Français. Sa campagne a été dirigée tambour battant par sa fille normalienne, Jasmine (SouheilaYacoub), tandis que sa femme, Daria (AmiraCasar), chef d’orchestre de renom, reste dans l’ombre, craignant le rejet et les violences auxquels cette élection expose leur famille et la société.

De fait, le pays s’enflamme le jour même de l’élection : un jeune Français d’origine maghrébine, le petit frère de la famille Nerouche (proche du président) tire sur le président, qui sera plongé dans un coma artificiel. La République se trouve en suspens, des émeutes éclatent, et la famille élargie du jeune tireur, qui vit dans une cité de la périphérie de Saint-Etienne, se voit soumise à une enquête des services secrets. Souvenirs des émeutes de 2005, et de l’état d’urgence et du couvre-feu instauré. Quand la fiction rejoint la réalité. Dès lors, après avoir vu cette série, toutes les questions sur l’universalisme[51] français et qu’est-ce qu’être français ressurgissent sans que nous ayons l’once d’une réponse. »

Très bonne analyse, mais en toile de fond comment ignorer le bassin industriel du Creusot-Loire ? Ce qui est au cœur de toute la problématique sur la question de la Fabrique du musulman ou de la confessionnalisation et de la racialisation des questions sociales en France.

Comme le dit Nedjib Sidi Moussa dans La Fabrique du musulman[52] : « (…) Le vrai ‘’Grand Remplacement’’ concerne celui de la figure de l’Arabe par celle du ’’Musulman’’, de l’ancien ouvrier immigré par le délinquant radicalisé, du ’’beur’’ engagé par le binational déchu. »

Retour aux sources. A ma terre natale, le bassin industriel de la Loire, Saint-Etienne. Symbole d’une époque révolue où l’industrialisation rimait avec l’Etat-Providence. Pas un hasard si le film fait des allers retours entre Paris et Saint-Etienne. Il y a là tout le poids inconscient de la désindustrialisation de la France. Les mines de charbons restent le souvenir de Germinal ou des luttes ouvrières et la puissance des syndicats. Cette France qui n’est plus. Cette France où l’ouvrier était avant tout un ouvrier quelle que soient ses origines ou sa confession. Etrange de regarder cela après la lutte des gilets jaunes, et la banalisation des idées d’Eric Zemmour lors des élections présidentielles et législatives.

Ici le président Ider Chaouch dans la série Les sauvages, est aux antipodes du personnage de Houellebecq Mohamed Ibn Abbès dans Soumission. Il est d’origine maghrébine kabyle et très bien intégré, ayant tous les codes et fidèle aux valeurs de la République. Le seul hic, au sein de sa propre famille il y aura des tensions, comme au sein de la communauté musulmane dont les médias n’auront de cesse de ne porter les projecteurs que sur les plus radicaux ou les plus ridicules (le clown Chalgoumi).

Un des protagonistes, connu sous le pseudonyme de Fianso (le fameux rappeur Sofiane Zermani) jouera ce frère radicalisé NazirNerrouche aux antipodes de son frère beau-gosseFouad Nerrouche qui aura réussi dans le petit écran et petit ami de la fille du président. Fouad Nerrouche qui voit la pratique religieuse de sa mère comme quelque chose d’insurmontable, voire de dramatique. Comme si la pratique religieuse musulmane était le corolaire inévitable de la violence et de la radicalisation. Deux visions simplistes d’une France déchirée entre les vainqueurs de la mondialisation et les perdants.

Quant à NazirNerrouche, il incarnera tous les clichés du ressentiment, de la haine, de la violence, du regard malicieux et pervers, jusqu’à participer à des attentats contre le président et contre sa propre communauté en s’alliant avec l’extrême droite (ici le SN, pas loin du FN ou du RN). Cela nous rappelle le mensonge de l’affaire du RER D[53] ou sur un temps historique l’alliance contre-nature de certaines personnalités de la gauche avec l’extrême droite[54]. Comme le fait aujourd’hui le gouvernement Macron avec le RN, et Darmanin expliquant à Marine Le Pen qu’elle avait fait preuve de mollesse sur la question des musulmans et de l’islam.

On peut dire que la France est malade de son passé colonial. Qu’elle n’en est pas sortie, et n’en sortira qu’après une très longue et importante thérapie. Mais ses démons nationalistes et populistes la laisseront-ils en paix ? Surtout lorsque ceux-ci sont instrumentalisés par la classe bourgeoise et les très riches, qui ont racheté la plupart des médias et participent à la Fabrique médiatique du musulman.

Derrière l’affaire Salman Rushdie à l’affaire Iquioussen

Quid de l’affaire Salman Rushdie qui s’inscrit dans ce que Huntington avait qualifié de choc des civilisations. Mais je ne peux pour ma part ne pas évoquer un témoignage personnel sur l’état de confusionnisme ou de confusion mentale dans laquelle se trouvent nos représentants institutionnels.

Lors de ma formation pour le CAPES, nous avions eu un séminaire sur la radicalisation. Et l’intervenant, un professeur de philosophie de l’université, était là pour nous faire part du problème et des solutions à apporter. C’était en plein débat sur les signes de radicalisation, marques sur le front, tenues islamiques, suite à l’attentat de Samuel Paty. L’intervenant n’avait eu de cesse d’utiliser la formule « choc des civilisations » durant toute la durée de son exposée. A la fin il nous demanda si nous avions des questions. Pour ma part je n’ai pas pu m’empêcher de révéler l’utilisation du concept du « choc des civilisations » élaboré par Samuel Huntington et Bernard Lewis, néoconservateurs américains notoires, rhétorique reprise par Renaud Camus et Eric Zemmour sous le vocable de « Grand Remplacement ». Je lui ai dit que ce concept venant d’Eric Zemmour ne m’aurait pas choqué mais venant d’un professeur de philosophie de l’université qui ne l’a à aucun moment critiquer était pour le moins problématique[55]. Et d’ajouter que nous étions de futurs enseignants et que nous n’étions pas en guerre contre la jeunesse de France quand bien même issue de la diversité ou de zones prioritaires. Et que les valeurs que nous devions leur inculqué étaient celles affichées sur tous les frontons de nos établissements, Liberté, Egalité, Fraternité.

La tragédie de l’agression de Salman Rushdie et l’affaire de l’imam Hassan Iquioussensur fond d’accusation d’antisémitisme de la NUPES ne permettent pas d’apaiser le débat sur la question des français de confession musulmane ou non, et la banalisation de leur présence sur le territoire français. Pourquoi la médiatisation de l’imam Iquioussen au premier plan, si dans la tête de nos élites et l’inconscient des électeurs, la confessionalisation et la racialisation de la question sociale n’étaient pas perçues comme une évidence ? Comment des propos d’un simple prédicateur peuvent-ils ressurgirent de cette façon à l’assemblée nationale, surtout venant de la part d’un ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin, accusé de viol ? Quid de la polémique d’un prétendu antisémitisme de La France Insoumise sur un amendement condamnant l’Apartheid israélien que subiraient les Palestiniens. Est-ce une façon pour occulter le fond du débat politique, à savoir ce que Philippe Labarde et Bernard Maris dénonçaient dans Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie[56] !Sauf que cette guerre économique est occultée pour nous faire croire que c’est une guerre identitaire, une guerre des civilisations, une guerre des valeurs. Comme si nous n’avions pas de valeurs communes.Comme si le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin voulait nous envoyer un message clair : si vous êtes musulman et vous exprimez d’une façon qui ne nous plaît pas ou ne correspond pas à nos valeurs, vous dégagez du territoire français. Quid des prêtres et curés qui ont fustigé l’avortement, le mariage pour tous, ou encore comparent la laïcité à un mouvement sataniste ?

Tout ce discours hystérique sur l’immigré omettent la triste réalité de milliers d’hommes et de femmes et d’enfants. Comme si le chaos au Moyen-Orient et au Sahel lié à des intérêts géostratégiques et géo-énergétiques enthousiasmaient le réfugié politique ou réfugié climatique échoué sous nos ponts ou à chaque intersections ou feux quémandant quelques pièces de monnaies. Comme si nos aïeux qui n’ont eu de cesse de reconstruire la France étaient de façon symbolique reconduits à la frontière, ou à leurs origines, à leur altérité que porteront leurs enfants tel un stigmate, les reléguant à ce qu’Hannah Arendt avait appelé la figure du paria[57], ayant comme une épée de Damoclès la menace d’une destitution de la nationalité ou l’expulsion du territoire français.

Conclusion

En croisant quelques productions littéraires[58] et quelques séries cinématographiques[59], le climat social et l’actualité politique jusqu’à ces dernières élections présidentielles, il ressort un seul et même lien : la peur du lendemain incarnée par la crise économique systémique, le réchauffement climatique, et la peur irrationnelle de l’arabe ou de l’africain dont on ne peut pas faire confiance. Zones grises, Territoires Perdus de la République, ou Interlopes grouillants de barbares romanisés, pour ne pas dire américanisés, voire islamisés. Du moins, l’instrumentalisation politique[60] de cette peur, guettant tous les signes de la chute de l’Empire.

Il y aussi dans l’imaginaire collectif cette idée que nous ne sommes pas prêts de voir un arabe ou un africain au pouvoir, du moins en tant que premier ministre ou président. Cette prétendue peur, ce prétendu Grand Remplacement n’est qu’un écran de fumée pour nous faire oublier l’essentiel et ce qui devrait être au centre du débat politique : le choix politique du chômage par nos dirigeants au cœur de la violence économique[61], et le maintien à bout de bras d’un système financier fondé sur la spéculation, la délocalisation, la privatisation à outrance et une concurrence acharnée[62]. Pour ne pas dire guerre économique[63]. Nos dirigeants œuvrant pour des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général[64].

En réalité, en toile de fond ces productions littéraires nous évoquent sans le dire toute la violence économique et sociale à laquelle nous sommes confrontés depuis des décennies. Et mettent en exergue l’inconscient colonial pour ne pas dire totalitaire[65] nourris par des représentations[66] toujours effectives via les médias, mais que les thuriféraires de l’ordre financier préfèrent détourner derrière des crispations ou des revendications nationalistes ou identitaires plutôt que d’affronter la critique fondamentale de l’ordre néolibéral, ou pour l’exprimer de façon plus désuète, l’ordre bourgeois.

A ces tensions sociales, risques d’émeutes souhaitées par les plus radicaux, d’aucuns y apportent des explications alarmistes[67] via une littérature racialistes pour ne pas dire raciste ou ethniciste[68]. Et voudraient apporter des solutions musclées[69]. D’autres, des arguments sociologisants tels que les laissés pour compte de la mondialisation ou marxisants telle que la désindustrialisation, la lutte des classes. Mais il faut bien reconnaître que la France est en crise, une crise systémique depuis l’abandon d’une politique économique keynésienne fondée sur un Etat-Providence arbitre et régulateur de l’économie. Lorsque l’économie n’était pas considérée comme un dogme au-delà de la réalité sociale et du débat politique, et que l’intérêt commun était la préoccupation non pas de professionnels de la politique au service des banques et de la Finance, mais au service de la Nation et du Peuple. Lorsque l’immigré était bien apprécié et que nos dirigeants remplissaient des valises pleines de rétro-commissions et d’argents biens mal acquis[70] de la Françafrique, et que nos bassins d’emplois étaient des régions industrielles compétitives.

Jacques Julliard voyait trois glaciations successives : la glaciation soviéto-marxiste, dans l’après-guerre ; la glaciation maoïste, dans les années 70 ; et la glaciation actuelle, qu’il résume par le terme d’islamogauchiste ». D’aucuns ont même vu un basculement en 1989 lors de la chute du mur de Berlin et la révolution islamique iranienne. D’autres positionnent le changement de paradigme lors de l’effondrement de l’URSS en 1991 et la fin de la guerre froide. Nous récusons cette dernière et même l’avant dernière glaciation qu’avance Jacques Julliard, car elle ne présente les événements que d’un point de vue néolibéral. Pourquoi ne pas voir le basculement depuis le premier choc pétrolier de 1973[71], et le renversement du régime démocratique chilien par un coup d’Etat orchestré par le général Pinochet et le soutien de la CIA afin de renverser le président Allende élu démocratiquement, ce fameux 11 septembre 1973[72] à coups de chars d’assauts encerclant et bombardant le parlement. Afin de mettre en place un régime appliquant la privatisation à outrance et l’ouverture des marchés et la mise en pratique des théories de l’école de Chicago. Quid de l’élection de Ronald Reagan, et la politique d’austérité et de réformes néolibérales de Margaret Thatcher, et enfin le traité de Maastricht et de Lisbonne… Dans ce que d’aucuns appellent mondialisation par euphémisme pour ne pas dire guerre économique[73]. En somme, la Fabrique du musulman n’est que la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale[74]. Critiquer cette réalité c’est critiquer l’interventionnisme militaire en Afrique et au Moyen-Orient, c’est critiquer la gestion des quartiers sensibles depuis les émeutes de 2005, le couvre-feu et l’état d’urgence qui rappellent de sombre pages de l’Histoire. C’est critiquer en somme la perpétuation sournoise de pratiques néocoloniales et néo-impériales.

Publicité
Publicité
Publicité

Amine Ajar

[1] Amine Ajar, Un regard islamo anarchiste, Critique de la double impasse du dogmatisme néolibéral et néoreligieux, in Oumma.com, 07/06/2021.

Un regard « islamo-anarchiste », critique de la double impasse du dogmatisme néolibéral et néo-religieux…

[2] Todd Shepard, Mâle Décolonisation, L’ »homme arabe » et la France, de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne, éd. Bibliothèque Historique Payot.

[3] Abdelmalek Sayad, La double absence, éd. Seuil.

[4] Gabriel Martinez-Gros & Lucette Valensi, L’Islam, l’islamisme et l’Occident, Genèse d’un affrontement, éd. Points, Histoire.

[5]SadekSellam, La France et ses musulmans, Un siècle de politique musulmane, 1895-2005, éd. Fayard.

[6] Depuis l’orientalisme la figure de l’arabe ou du musulman ou de l’indigène a toujours été empreinte d’exotisme.

[7] Il suffit de voir les reportages faits en banlieue sur l’insécurité ou le trafic de drogue. Et amalgamant cette peur à la pratique de l’islam.

[8] Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, éd. Champs Flammarion.

[9] Jacques Rancière, Les trente inglorieuses, Scènes politiques, éd. La Fabrique.

[10]Protégée par la liberté de conscience dans la déclaration des droits de l’Homme. Nul besoin de revenir sur les guerres de religions en Europe.

[11] Richard Labévière, Terrorisme, la face cachée de la mondialisation, éd. Pierre-Guillaume de Roux. Lire aussi Georges Corm, La question religieuse au XXIème siècle, et lire La nouvelle question d’Orient, éd. La Découverte.

[12] Alain Dieckhoff, Réalignements stratégiques au Proche-Orient, Alternatives Economiques, Quel monde en 2021 ?, Hors-série, Janvier 2021, N°122.

[13] Saddam Hussein, Yasser Arafat, Kadhafi, etc., et dernièrement la volonté de renverser Bachar El-Asad.

[14] Emmanuel Todd, Sociologie d’une crise religieuse, Qui est Charlie ?, éd. Points, Essai.

[15] Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juives, éd. Folio.

[16] Georges Corm, L’Europe et l’Orient, De la balkanisation à la libanisation, une modernité inaccomplie, éd. La Découverte.

[17]Lire GerardDarvet& Fabrice Lhomme, Le traitre et le néant, Macron, l’enquête, éd. Fayard, coll. Pluriel. Lire Bertrand Badie& Dominique Vidal, Qui dirige le monde ?, éd. La Fabrique. Lire eric Neveu, Sociologie du journalisme, éd. La découverte.

[18]Benoït Denis, Littérature et engagement, De Pascal à Sartre, éd. Points, Essais.

[19] Natalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche, éd. Gallimard, Tracts, N°29.

[20] Juliette Lagrange, Les néoconservateurs, éd. AGORA.

[21] La forme quant à la critique littéraire : le sujet traité, la construction du texte, les effets de styles… ; ou la critique cinématographique : cadrage, champ hors champ, la rythmique des couleurs, etc.

[22] Jean-Louis Tin, Les impostures de l’universalisme, éd. Textuel.

[23] Franz-Olivier Giesbert, Alexandre Lacroix, Jean-François Khan et Francis Huster.

[24]Oussekine est une minisérie française réalisée par Antoine Chevrollier et diffusée le 11mai2022 sur la plateforme Disney+. La série revient sur l’Affaire Malik Oussekine.

[25] Excellente série adaptée des romans en plusieurs tomes d’Helena Ferrante, L’amie prodigieuse, éd. Livre de Poche. Saga qui revient sur le destin de deux amies issues du même quartier populaire à Naples, et dont on suit les évolutions personnelles, professionnelles, avec en toile de fond une Italie en pleine mutation, nous rappelant la Dolce Vita de Visconti. Mais ô combien plus réaliste et profond quant aux analyses psychologiques et sociologiques.

[26] Série adaptée des romans en plusieurs tomes de Virginie Despentes, Vernon Subutex, éd. Livre de Poche. Minisérie revenant sur l’effervescence et la nostalgie des années 80 autour d’un célèbre disquaire dans le milieu Under-Ground voire Punk, jeté à la rue par des huissiers et qui finit SDF. Détenteur de cassettes testament que fera un chanteur Alex Bleach avant son suicide autour d’une sordide affaire de viol de sa compagne et amie Pamela Kant par un producteur de cinéma Laurent Dopalet. Résonance à l’affaire Weinstein et bien d’autres, et critique de la violence de notre système économique.

[27] Stéphane Legrand, Ayn Rand, femme capital, éd. Nova.

[28] Lire l’excellent livre de Bernard Maris, Keynes ou l’économiste citoyen, éd. Sciences Po, Les Presses.

[29] L’élection de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher, architectes des réformes néolibérales que connaîtra l’Europe des décennies plus tard, notamment depuis le Traité de Maastricht jusqu’à nos jours.

[30] Jean-Louis Van Regemorter, La Russie et l’ex-URSS au XXème siècle, éd. Armand Colin.

[31] Sous la dir. Christian Delporte, Médias, culture et pouvoirs depuis 1945, éd. Chronos. Lire aussi Jean-François Sirinelli, Génération sans pareille, Les baby-boomers de 1945 à nos jours, Texto.

[32] Bernard Maris, Keynes ou l’économiste citoyen, éd. Sciences Po, Les Presses. Lire aussi Georges Corm, Pour une lecture profane des conflits, Sur « le retour du religieux » dans les conflits contemporains du Moyen-Orient, éd. La Découverte.

[33] Jean-Charles Asselain, Histoire économique de la France, du XVIIIème siècle à nos jours, éd. Points, coll. Histoire.

[34] Source Wikipedia.

[35] Ibid.

[36] Bernard Maris, Houellebecq économiste, éd. Champs Flammarion.

[37] Jean Ziegler, Destruction massive, Géopolitique de la faim, éd. Fayard.

[38] Bertrand Badie, Quand le sud réinvente le monde, Essai sur la puissance de la faiblesse, éd. La Découverte.

[39] Ali LAïdi, Retour de flamme, Comment la mondialisation a accouché du terrorisme, éd. Calmann-Levy.

[40] Eric Conan, « Soumission », Les trois erreurs de Houellebcq, in Marianne, 07/01/2015.

[41] L’écho du mardi, Franz-Olivier Giesbert présente son nouveau livre « Dernier été », 8 octobre 2020.

[42]https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwitprXi-sb5AhX-VPEDHXedAQoQFnoECA8QAQ&url=https%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FAffaire_Mila&usg=AOvVaw3TprR7VmW3VIovpmxF3qQU

[43] Légion d’honneur qu’ont remis nos dirigeants à des princes saoudiens ou à des dictateurs africains.

[44] Bernard Stiegler, Bifurquer, Il n’y a pas d’alternative, éd. Les Liens qui Libèrent.

[45] Pier Paulo Pasolini, Ecrits corsaires, éd. Champs Flammarion.

[46] Michel Clouscard, Néo-fascisme et idéologie du désir, et lire Le capitalisme de la séduction, critique de la sociale démocratie libertaire, éd. Delga.

[47] Bertrand Badie& Dominique Vidal, Le retour des populismes, éd. La Découverte.

[48] Marco Morisini, Le techno-populisme au pouvoir, in Revue Projet 2019/1, N°368, in CAIRN.info

[49] Olivier Le Cour Grandmaison, « Ennemis mortels », Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France à l’époque coloniale, éd. La Découverte.

[50] Martine Delahaye, « Les sauvages », Une fresque familiale politique et familiale haletante, in Le Monde, 23/09/19.

[51] Julien Saudeau&MameFatouNiang, Universalisme, éd. Anamosa. Lire aussi Louis-Georges Tin, Les impostures de l’universalisme, éd. Textuel. Lire enfin, Nathalie Heinich, Oser l’universalisme, contre le communautarisme, éd. Le Bord de L’eau.

[52]Nedjib Sidi Moussa, La Fabrique du Musulman, éd. Libertalia.

[53] Emballement politico-médiatique exceptionnel suite aux propos d’une femme de 23 ans qui avait menti en ayant dit qu’elle avait subi une agression antisémite au RER D, que des maghrébins lui avaient tailladé le corps au couteau.

[54] Philippe Burrin, La dérive fasciste, Doriot, Déat, Bergery, 1933-1945, éd. Points, Histoire.

[55]Ne sachant quoi répondre, notre formateur en fin de séminaire m’avait dit qu’en effet Emmanuel Todd et Youssef Courbage avait démonté la théorie Huntingtonienne avec statistiques démographiques et indices de développement dans Le rendez-vous des civilisations, éd. Seuil.

[56] Philippe Labarde& Bernard Maris, Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie !, éd, Albin Michel.

[57] Eleni Varikas, La figure du Paria : Une exception qui éclaire la règle, in Tumultes 2003/2-1-2004 (n°21-22), in CAIRN.INFO.

[58]Notamment Soumission de Houellebecq ou le médiocre remake Un dernier été de Franz-Olivier Giesbert.

[59]Telle que l’excellente série Malik Oussekine sur Disney +, et la non moins intéressante et révélatrice Les sauvages sur Canal Plus.

[60]Et dans l’actualité, la NUPES de Mélenchon accusée d’antisémitisme et d’islamo-gauchisme, et en même temps l’imam Chalgoumi massacrant la langue de Voltaire (Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites…) en défenseur d’Hassan Iquioussen accusé d’antisémitisme et de misogynie par un ministre lui-même accusé de viol !

[61] Benoît Collombat et Damien Culliver, Le choix du chômage, De Pompidou à Macron, enquête sur les racines d’une violence économique, éd. Futuropolis. Préface de Ken Loach.

[62] Ali Laïdi, Le droit, Nouvelle arme de guerre économique, Comment les Etats-Unis déstabilisent les entreprises européennes, éd. Babel.

[63] Ali Laïdi, Histoire mondiale de la guerre économique, éd. Perrin, coll. Tempus.

[64] Michel Pinton, L’identitarisme contre le bien commun, Autopsie d’une société sans objet, éd. FYP. Lire aussi, Christopher lasch, La révolte des élites et la trahison de la démocratie, éd. Flammarion, Champs essais.

[65] Lire Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, et lire Orwell, 1984, et son fameux ministère de la pensée qui ne peut que nous rappeler au-delà de la Stasie, toutes les métadonnées utilisées dans le contrôle des populations et à des fins d’espionnage industriel et économique.

[66] Olivier Le Cour Grandmaison, « Ennemis mortels, Représentations de l’islam et politiques musulmanes en France et à l’époque coloniale, éd. La Découverte.

[67] Exemple, Laurent Obertone, La France Orange mécanique, nul n’est censé ignoré la réalité, éd. Magnus.Edition définitive (on espère bien qu’elle soit définitive, du même acabit que CNEWS, BFMTV ou reportages à faire peur la ménagère et à ne voir la réalité que par un bout de la lorgnette).

[68]Quid de l’affaire Tariq Ramadan ou de TahaBouhafs accusés de viol, ou encore Yacine Bellatar qui avait été accusé de violence organisée ? Sans parler de l’affaire de Benalla et les récriminations que font régulièrement Eric Zemmour, Jean Messiha, Jordan Bardalla, et toute la fachosphère sur les arabes et les noirs voleurs remplissant les prisons. Et responsables de la violence urbaine, de la délinquance et de l’insécurité qui ne serait pas d’ordre systémique et liée à des phénomènes de périurbanisation que l’on peut rencontrer dans les Favela et les bidonvilles autour des grandes agglomérations, et qui n’ont pas comme facteur explicatif les origines ethniques ou l’appartenance culturelle ou religieuse. Mais bien des raisons socio-économiques.

[69]Laurent Obertone, La France Orange Mécanique, nul n’est censé ignoré la réalité, ed. Magnus.

[70] Xavier Harel& Julien Solé, L’argent fou de la Françafrique, L’affaire des biens mal acquis, éd. Glénat.

[71] Timothy Mitchell, CarbonDemocracy

[72] 11 septembre 1973 que Jean François Khan appelle pudiquement Septembre 1973 dans son livre Jean-François Khan, Mémoires d’outre-vies, tome 1, Je me retourne sidéré…, éd. de L’Observatoire.

[73] Ali Laïdi, Histoire mondiale de la guerre économique, éd. Perrin, coll. Tempus.

[74] Ibid. Nedjib Sidi Moussa, La fabrique du musulman, essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale, éd. Libertalia.

Publicité
Publicité
Publicité

Des parents refusent l’inscription en crèche d’une enfant non juive. Que pense Gérald Darmanin de ce « séparatisme » ?

Un jeune palestinien abattu chez lui, devant sa famille. Les Nations Unies exigent une « enquête immédiate et indépendante »