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Gaza : Les charognards s’apprêtent à partager leur proie avant de l’avoir achevée

Une Palestinienne assise devant l’entrée endommagée de l’université Al-Aqsa à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 janvier 2024. (Atia Mohammed/Flash90)

La guerre d’extermination, livrée par l’armée d’occupation israélienne à Gaza, vient d’entrer dans son douzième mois. 50 000 tués et disparus, dont les deux tiers sont des femmes et des enfants, n’ont pas suffi à étancher la soif de vengeance archaïque qui anime les dirigeants de l’Etat que les médias mainstream présentent comme la seule forteresse « démocratique » dans un Moyen Orient barbare.

Les appels au cessez-le-feu pour permettre l’échange des prisonniers lancés par la communauté internationale sont restés sans réponse, tant l’impunité dont bénéficie l’Etat d’Israël apparaît comme un encouragement à continuer une guerre meurtrière, dont la plupart des analystes israéliens eux-mêmes, y compris d’anciens chefs du Mossad et du Shabak, doutent de la pertinence stratégique et politique à moyen terme.

L’Administration Biden, soucieuse de sauver la campagne de la candidate démocrate aux élections américaines de novembre prochain, Kamala Harris, a visiblement cherché à imposer un cessez-le-feu provisoire à des conditions très favorables à Israël. Mais elle semble avoir jeté l’éponge, et ne se fait plus aucune illusion sur la possibilité d’un arrêt de la guerre avant la tenue du scrutin américain. 

Pire, l’Administration Biden sait pertinemment que Netanyahu cherche à gagner du temps en espérant l’arrivée au pouvoir du candidat républicain Donald Trump, qui passe pour être plus favorable à la position des ultras israéliens qui ne cachent plus leur volonté d’expulser le maximum de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie pour donner corps au vieux rêve sioniste du « grand Israël ». Mais elle ne peut rien faire contre le gouvernement Netanyahu, qui ne peut à son tour décevoir ses ministres d’extrême-droite. 

Pour l’heure, les Américains ne cachent pas que leur seule préoccupation demeure d’éviter l’extension régionale de la guerre. Ils jettent tout leur poids pour éviter que la dégradation des relations entre Israël et ses voisins arabes (Egypte, Jordanie) ne conduise à l’effondrement des Accords de paix séparée.

En effet, l’apparition de signes avant-coureurs d’une expulsion massive des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie constitue un grave motif d’inquiétude pour les régimes égyptien et jordanien, qui craignent les conséquences déstabilisatrices d’une telle perspective.

Pour sauver leur dernier plan de cessez-le-feu présenté aux Israéliens et aux médiateurs égyptien et qatari, les Américains cherchent à rassurer les uns et les autres en tentant de surmonter l’écueil du corridor de Philadelphie qui sépare l’Egypte de Gaza et qui constitue aujourd’hui une pomme de discorde entre l’Egypte et Israël. Le corridor est actuellement occupé par l’armée israélienne, en violation des Accords de Camp David. Washington propose qu’il soit « géré » par une force internationale sous la direction des Emiratis. 

Ce plan coïncide avec la volonté américaine de remplacer le gouvernement Hamas à Gaza par une autorité palestinienne fantoche, composée de 3000 hommes dirigés par le sulfureux Mohamed Dahlane, qui vit actuellement à Dubaï et que le gouvernement israélien préfère à l’Autorité palestinienne de Ramalah, jugée moins sûre pour effectuer la sale besogne qui est attendue de la nouvelle autorité censée remplacer le gouvernement du Hamas à Gaza.

La force de maintien de la « paix » internationale, qui viendrait soutenir ce nouvel ordre à Gaza, sera composée de soldats en provenance de plusieurs pays arabes (ayant normalisé leurs relations avec Israël) et européens (le plus probablement des pays de l’Europe de l’est à la botte de l’Otan et d’Israël).

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Ce plan diabolique, qui constitue un prolongement politico-diplomatique de la guerre d’extermination en cours à Gaza, a été bousculé par une nouvelle donne à laquelle les Israéliens et leurs protecteurs américains ne s’attendaient pas et qui commence à les inquiéter sérieusement : il s’agit du réveil des Palestiniens de Cisjordanie.

Ce réveil fait redouter une nouvelle intifada qui constituerait de fait un nouveau front qui viendrait s’ajouter au front de Gaza, et qui mettrait ainsi en difficulté l’armée d’occupation israélienne qui doit par ailleurs compter également avec le front libanais. C’est ce qui explique l’intensité avec laquelle l’armée israélienne est en train de réprimer, depuis plus de deux semaines, les premiers signes d’une insurrection populaire armée en Cisjordanie.

Le rapport de forces militaire à Gaza et en Cisjordanie ne fait malheureusement aucun doute tant l’armée d’occupation israélienne peut compter sur le soutien inconditionnel de la première puissance militaire mondiale, et il ne faut rien attendre des autres puissances internationales et des Etats de la région, partagés entre traitrise et Realpolitik.

Il n’en reste pas moins que les contradictions que la politique de répression brutale et d’expulsion des Palestiniens par un Etat passé désormais sous l’influence de partis extrémistes et suprémacistes font naître, deviennent chaque jour plus explosives. Elles risquent désormais de transformer l’ordre régional, dont le peuple palestinien constitue la principale victime, en une véritable poudrière.

Aujourd’hui, le plus grand paradoxe de cette guerre effroyable qui se déroule avec la complicité tacite de l’ensemble de la communauté internationale ne peut être arrêtée que par les Israéliens eux-mêmes, et plus particulièrement par une société civile israélienne inquiète pour son avenir,  comme l’atteste la dernière manifestation en faveur d’un cessez-le-feu à laquelle ont participé près de 500 000 Israéliens.

Cette société réussira-t-elle là où les pressions « amicales » de l’Administration américaine n’avaient aucune chance d’aboutir ? L’espoir reste permis, quand on sait que cette société civile semble bénéficier du soutien actif d’une partie de l’état-major de l’armée, du Mossad, du Shabak et de la CIA.

Mais en tout état de cause, les Palestiniens ne peuvent compter que sur leur unité et leur détermination à rester sur leur terre, quoiqu’il en coûte. Les Palestiniens auront également besoin de mobiliser toutes leurs ressources politiques afin de déjouer les plans de l’après-guerre concoctés par les Américains, avec la complicité de leurs alliés israéliens et arabes, et qui ne sont, en réalité, que la continuation politique de la guerre actuelle.

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