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Etats-Unis : Ilhan Omar demande la clémence pour l’homme qui l’avait menacée de mort

Il n’aura fallu que quelques mois à Ilhan Omar, la représentante du Minnesota au Congrès et fervente porte-parole de ses concitoyens – défavorisés, déshumanisés ou discriminés – qui n’ont pas voix au chapitre dans le débat public, pour devenir la bête noire de l’ère Trump.

Un vrai titre de gloire dont cette ancienne réfugiée somalienne, entrée dans l’histoire du Capitole en tant que première femme musulmane et voilée, pourrait presque s’enorgueillir, s’il ne s’accompagnait d’une campagne de calomnie odieuse : elle est accusée de tous les maux, notamment de vouloir « imposer la loi de la charia » à Washington.

Cette campagne de diabolisation a atteint son paroxysme en juillet, lorsque Donald Trump en personne fulminait contre elle et trois autres de ses collègues démocrates : Rashida Tlaib, la représentante du Michigan d’origine palestinienne et deuxième femme parlementaire musulmane, Alexandria Ocasio-Cortez et Ayanna Pressley, élues respectivement à New York et dans le Massachusetts.

« Qu’elles retournent dans leur pays d’origine », avait-il tweeté nerveusement, avant d’essuyer une volée de bois vert de la part de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des Représentants, et de nombreux internautes scandalisés.

Luttant contre toutes les discriminations et farouchement pro-palestinienne dans un hémicycle qui est majoritairement inféodé à Israël, Ilhan Omar s’est rapidement attirée les foudres de l’incendiaire de Washington, signataire du très controversé décret anti-musulmans, ainsi que de ses partisans chauffés à blanc qui déversent leur haine sur les réseaux sociaux ou au téléphone.

Patrick Carlineo, 55 ans, fait partie de ces suprémacistes blancs, pleins de véhémence, que l’accession au pouvoir de Trump a fait sortir du bois et rendu plus fanatiques encore. En mars dernier, celui-ci se rendait coupable d’un coup de fil glaçant et hautement répréhensible, dans lequel, entre deux invectives ordurières, il menaçait de mort Ilhan Omar. « Travaillez-vous pour les Frères musulmans ? C’est une terroriste, on devrait lui mettre une balle dans la tête », vociférait-il à l’autre bout du fil, tandis que l’assistante de la parlementaire, qui avait pris l’appel, blêmissait à ces mots.

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Huit mois après son fait d’armes tombant sous le coup de la loi, Patrick Carlineo, qui se décrit lui-même comme un « grand patriote et admirateur inconditionnel de Trump », comparaissait lundi devant la Cour fédérale de Buffalo. Loin de faire profil bas, il n’a pas usé de périphrases pour dire à quel point il « détestait les musulmans, et particulièrement les musulmans radicaux de notre gouvernement et du Congrès », réitérant ainsi des propos qu’il avait tenus devant le FBI quelques semaines plus tôt.

Plaidant coupable pour « avoir menacé de mort Ilhan Omar » et reconnaissant détenir illégalement un véritable arsenal chez lui, cet ultra du nationalisme US, dont la rhétorique « trumpienne » a enflammé l’esprit et failli armer le bras, bénéficie de l’indulgence de celle qu’il avait dans sa ligne de mire.

En effet, Ilhan Omar, dans son infinie mansuétude, a demandé par écrit au juge « d’appliquer un système de compassion ». Dans sa missive publiée sur Twitter, la représentante du Minnesota a écrit ce qui suit : « Menacer de tuer un élu de la Nation est dangereux à la fois pour l’individu concerné et pour notre République. C’est un délit extrêmement grave, mais au sujet duquel il faut s’interroger sur les causes. Les discours de haine, attisant l’islamophobie, la xénophobie sont de plus en plus présents dans notre sphère publique. Nous ne les vaincrons pas avec la colère et l’exclusion. Nous les vaincrons par la compassion ».

Des paroles d’apaisement qui témoignent de la grande hauteur de vue de Ilhan Omar, mais dont on est fondé à se demander quelle résonance elles auront dans l’Amérique de Trump et si elles feront sens auprès de Patrick Carlineo. Ce dernier encourt 10 ans de prison. Il sera fixé sur son sort le 14 février prochain.

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